Antibassines, Melle, Le Guet et paddle [19/07/2024]
Les militants antibassine avaient annoncé, à l’occasion de leur manifestation en mai, d’autres manifestations dans la Vienne début juillet. Sans doute retardées par la dissolution, elles ont finalement eu lieu cette semaine.
Les évènements semble avoir mobilisé Bassine Non Merci, Attac et les Soulèvements de la Terre.
Premier épisode : l’installation à Melle
Le maire EELV de la petite commune de Melle, Sylvain Griffault, a « mis à disposition des organisateurs une dizaine d’hectares de terrains communaux, pour établir ce camp de base », qui incluait « plusieurs dizaines de chapiteaux. « C’est presque comme un festival désormais, avec des groupes de musique le soir. On est passé à un niveau supérieur par rapport aux dernières fois » (1)
On voit deux choses importantes :
- D’une part, on voit la force de l’entrisme, qui permet à la pseudo-écologie d’obtenir des ressources, ici un terrain. L’économie interne est ce qui encadre réellement ce qui est, en réalité, un échange : les militants vont apporter quelque chose aux politiciens, qui renvoient l’ascenseur en leur donnant des ressources et de la visibilité.
- Ensuite on voit, encore, la dimension festive de l’évènement. C’est un élément récurrent qui permet de créer du lien entre les participants, de les récompenser et d’euphémiser les violences commises.
Le campement aurait rassemblé dès mardi plus de 2000 personnes. La proximité avec la « cause propalestinienne » est explicitée par un drapeau de la Palestine à l’entrée du village et, parmi les conférences organisées, une « Apartheid de l’eau et watertech au service de la colonisation : résistances palestiniennes et solidarités internationales ». (1) On voit ici l’influence de l’antisémitisme islamiste dans la pseudo-écologie.
Le nom d’autres ateliers illustre l’importance du partage d’information et le rôle que ce genre d’évènements ont pour la formation et la diffusion des « bonnes pratique » militantes : « Préparation aux journées d’action », « Se préparer aux contrôles policiers et à la garde à vue », « Armes de la police & réduction des risques physiques en action » ou bien encore « Antirep : s’outiller face à la répression ». Plus de détails dans l’article du Point cité. (1)
Second épisode : la manifestation
La manifestation du vendredi 19 semble s’être joué en deux moments.
Un désarmement avec des lentilles d’eau ?
D’après le communiqué des Soulèvements de la Terre, des cyclistes auraient réussi à atteindre une retenue d’eau, planter 3 épouvantails et faire tomber des lentilles d’eau dans une bassine à l’aide d’un cerf-volant : « Ces lentilles se développent ensuite dans l’eau stagnante de la bassine et en bouchent les pompes et tuyaux ».
Une offensive infructueuse
Ensuite, ~2500 manifestants (10 000 pour les soulèvements de la Terre …) ont tenté d’atteindre « Cérience, une filiale de la méga-coopérative Terrena » en passant à travers champs à Migné-Auxances (commune juste au dessus de Poitiers dont la mairesse, Florence Jardin, est, surprise, EELV).
Ils ont néanmoins été stoppés lorsqu’un feu se déclara, probablement à cause d’une grenade fumigène lancée par la maréchaussée. Il fut rapidement circonscrit (2) et d’une gravité limitée vu que le blé avait déjà été récolté.
Victimisation décomplexée
Plusieurs acteurs politiques et militants ont bien sûr joué la victimisation.
Julien Le Guet, porte-parole de « Bassines Non Merci », dont nous avions déjà dénoncé les mensonges l’année dernière, a réitéré ses outrances et ses manipulations :
« … en dehors des périmètres d’interdiction. Et qu’est-ce qu’on nous reçoit, après avoir vécu Sainte-Soline, qu’est-ce qu’on reçoit comme traitement ? Le risque de nous faire cramer comme des lapins en balançant des lacrymos. Aujourd’hui, il est urgent que M. Darmanin démissionne, parce qu’il aura donné ces commandements, parce qu’il n’a plus rien à faire à cet endroit-là, parce qu’il nous fait prendre des grands dangers pour nos vies humaines, parce que il entrave encore une fois, ou n’a pas prévu l’arrivée des pompiers. »
« Nous on avait passé un mot d’ordre très clair : on avait dit à nos camarades, c’est pas le 14 juillet. La situation est déjà suffisamment inflammable, on veut un moratoire, on veut gagner cette bataille de l’eau, on veut éteindre l’incendie. Et que fait Darmanin, il fait le contraire, il nous envoie des bombes en temps de sécheresse dans des champs qui viennent d’être labourés. C’est criminel. On a déjà prévu une plainte contre M Darmanin suite à tous les mensonges qu’il avait proférés devant l’Assemblée Nationale, devant la Commission parlementaire, devant les médias, très régulièrement. Et bien aujourd’hui, c’est un nouvel acte de M. Darmanin et franchement, qu’il soit député rapidement et on va s’occuper de lui mais très sérieusement, on le poursuivra, jusqu’à ce qu’il rende justice. DARMANIN ASSASSIN, DARMANIN ASSASSIN … » »
On retrouve l’inversion victimaire de Sainte-Soline, déjà soulignée : ils se présentent comme les victimes alors qu’ils ont commis des violences graves et reprend le mensonge sur l’accès des secours, qui avaient été empêchés par … les militants. On retrouve aussi la diabolisation de Darmanin, qui va jusqu’à une haine viscérale contre l’individu lui-même.
On voit aussi avec une clarté cristalline sa stratégie du double discours : alors que de nombreuses armes ont été récupérées dans des contrôles, qu’ils étaient équipés pour l’affrontement, qu’ils allaient à l’affrontement, ils prétendent qu’ils étaient pacifiques. On est en plein dans la méthode russe.
« Je suis venue pour casser, pas pour me baigner dans une rivière », râle Klara, 21 ans, venue d’Allemagne avec sa panoplie de black bloc, en rangeant rageusement ses lunettes de protection dans son sac. » (2)
Plus largement, on note aussi que le militant bafouille et dit notamment que Darmanin aurait empêché les secours, puis se reprend et dit qu’il ne les a pas prévus. Il parle également d’un champ labouré, alors qu’il est moissonné, ou encore d’un temps de sécheresse, alors qu’il s’agit d’un temps sec (il y a eu beaucoup de précipitations dans les derniers mois).
On croit en les écoutant qu’il est facile de parler comme Jean-Luc Mélenchon ou Vandana Shiva, en débitant des âneries intersidérales à grandes vitesse sur un ton pontifiant, de manière grandiloquente. C’est, en réalité, extrêmement difficile, c’est un métier. Julien Le Guet, qui avait plutôt bien réussi l’exercice dans son interview avec Blast que nous avions commenté, montre ici qu’il a encore beaucoup de chemin à faire.
Victimisation décomplexée 2
Libération a publié, comme souvent, un article de propagande (difficile d’utiliser un autre terme) reprenant pour argent comptant les propos des militants accusant les forces de l’ordre d’avoir délibéremment incendié le champ.
C’est même dans le titre de l’article : « Manif contre les mégabassines interrompue par l’incendie d’un champ : «Ils veulent nous enfumer au péril de nos vies» ». L’article va également reprendre la victimisation vis-à-vis de Sainte-Soline : « le traumatisme de Sainte-Soline, où de nombreux manifestants ont été gravement blessés en mars 2023, est dans tous les esprits«
On est en plein dans l’élaboration d’un complexe diabolisation-victimisation. En présentant l’action
On voit aussi le rôle de la malhonnêteté de Libération pour cet écosystème. En effet, le journaliste ne ment pas, il ne fait que citer en présentant le sujet d’une certaine façon.
Une photo qui interroge
Sur l’origine du feu, une photo posait question. Néanmoins, Géraldine Woessner, qui était sur place, est affirmative : « La police a tiré 3 lacrymo, qui ont enflammé la paille. »
Références
- (1) Réunis, des milliers d’opposants aux « mégabassines » se préparent à passer à l’action ; https://www.lepoint.fr/societe/megabassines-des-milliers-d-opposants-reunis-dans-un-village-de-l-eau-17-07-2024-2565861_23.php
- (2) Bassines : la journée d’action des opposants fait « pschit » ; https://www.lepoint.fr/societe/bassines-la-journee-d-action-des-opposants-fait-pschit-20-07-2024-2566034_23.php
Pour aller plus loin
- Le syndrome Sainte-Soline ou la maladie démocratique française, https://www.lopinion.fr/economie/le-syndrome-sainte-soline-ou-la-maladie-democratique-francaise