Bassines, La Rochelle et exactions [20/07/2024]

Après les évènements du 19/07/2024, racontés ci-contre, s’étant produit un peu au nord de Poitiers, les antibassines (Bassines Non Merci, Attac, Extinction Rebellion et Soulèvements de la Terre) sont allés à La Rochelle.

Dans cet article, nous allons retracer les événements.

Vous pouvez également consulter l’article du Point qui donne plusieurs autres détails : « Manifestation des « antibassines » : à La Rochelle, entre bouée licorne et boules de pétanque« 

Un réveil agité

La manifestation était annoncée pour 10h à La Rochelle, manifestation qu’avait interdite la préfecture.

Au petit matin, à 6h, les militants, rejoints par des faucheurs d’OGM, ont bloqué des silos (qualifiés de « géants ») à l’entrée du port, de l’entreprise Soufflet.

Ils qualifient leur blocage de « paysan » et prétendent être « Les paysan.nes ». Comme nous le savons, il s’agit d’un élément rhétorique important.

Bassine Non Merci justifie cette cible par le fait que « Ces négociants en céréales appuient la construction des méga-bassines pour rentabiliser leurs investissements dans l’aggrandissement du port ». Ceci sera repris par le porte-parole des Soulèvements de la Terre. Sébastien Graff, DRH d’In Vivo Group dément.

La diabolisation de l’entreprise est brutale dans un autre tweet : « Soufflet comme d’autres spécule sur les cultures intensives des céréales au détriment des terres, de l’eau et des populations, et détruit les revenus des paysanꞏes pour faire grossir les leurs. » On retrouve l’accusation ancienne de spéculer sur la nourriture et, encore, l’évocation des « paysans ». Enfin notez comment ils se vantent sur le ton de l’enfant facétieux. Cela participe à l’euphémisation des violences. Une partie des militants partira d’elle-même et l’autre devra être expulsée manu militari.

Un parcours « agité »

A priori, le cortège s’est scindé en deux. Géraldine Woessner, suit des manifestants et vers 12h30 des manfestants masqués « viennent de détruire une poubelle de tri pour récupérer du verre et fabriquer des armes. Les non-masqués applaudissent. » Ils détruisent un abribus et du mobilier urbain.

Vers 12h45, le préfet alerte sur la présence des black blocs et les risques correspondants.

A 12h46, le groupe que suit Mme Woessner croise un Super U. On apprend après que la supérette, ouverte il y a seulement un mois. La gérante témoigne :

« une quarantaine de casseurs sont entrés, ils ont pété la vitrine, pris de l’alcool, piqué ce qu’il y avait dans les caisses. On a essayé de les dissuader, ils nous ont dit de quitter les lieux pour ne pas avoir à nous faire du mal. » (2)

Les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme présents ne réagissent pas, illustration du fait qu’ils ne servent que les intérêts des manifestants.

D’autres commerces ont été touchés et des manifestants se sont même réfugiés dans un EHPAD. Récit par BFMTV.

À 14 heures, le premier bilan était d’un gendarme blessé par brûlure, cinq manifestants blessés légèrement et pris en charge par ambulance, et six gardés à vue selon le procureur rochelais. (2) Un reportage BFMTV montre de nombreuses dégradation à cette heure.

Un syndicat de policiers publie des scènes de bataille rangée à 14h20.

La journaliste du Point, montre des cagoulés jetant des boules de pétanque dans la vitre de la Banque Populaire et précise: « ces actions n’ont pas eu lieu « en marge » de la manifestation, mais en son coeur, les « éléments radicaux » s’étant changés au vu de leurs amis dès le point de raliement. // C’est là qu’ont été formés deux cortèges : un pour les familles, l’autre pour les « pas content et très pas content », dont l’objectif violent était clairement assumé. ». (3)

Escapade en paddle et baignade

Entretemps le cortège pacifique défile avec des banderoles et de la musique : « l’ambiance était encore joyeuse et festive : des parapluies en forme de méduses ondulent au-dessus des 4 000 manifestants » ; « Si l’on en croit leurs danses endiablées, ils ne semblent pas fatigués des événements de la veille » ; « Autre ambiance du côté du deuxième cortège qui longe la plage, mené par une «brigade de clowns» qui s’amusent à faire des blagues aux passants. «On se croirait en techno parade», glisse un militant : la sono crache du son à fond et le camion buvette arrose les activistes qui dansent sous un soleil de plomb. » (4)

Andreas Malm, déjà présent dans le champ, est présent ici aussi. (4)

Ce cortège semble avoir rejoint la plage. Quelques uns tentent de rejoindre le port industriel à l’aide de paddle, mais sont stoppés par les forces de l’ordre.

Vers 14h tout ce monde va à la baignade.

Des manifestants (~50-100 ?) finissent par aller se baigner autour de leur drapeau. On note la prédominance du drapeau palestinien, montrant la place centrale du mouvement propalestinien. Ils scandent notamment « Nous sommes tous des ecoterroristes » (4)

Cette acclamation met en évidence la réussite du plan des pseudo-écologistes, consistant à euphémiser la violence : même les pacifistes se revendiquent « écoterroristes ». C’est, au fond, leur aspiration leur souhait. Ils n’ont simplement pas le courage d’aller jusqu’au bout.

On note aussi la dimension tribale de l’évènement, avec ce groupe de personnes qui crie en rythme, avec une chorégraphie coordonnée autour d’un totem.

On voit encore une fois illustrée la dimension festive du regroupement.

Bilan

La manifestation aura rassemblé autour de 5000 personnes, dont 500 blacks blocks selon le procureur de La Rochelle. (6)

L’importance de la violence dans la construction du collectif a d’ailleurs été relevée par l’article du Point sur la journée :

 » […] le mouvement sait que la violence lui aliène une partie de l’opinion, mais il sait aussi qu’il ne peut pas l’abandonner, au risque de voir ses troupes s’étioler.

L’action directe est la promesse implicite qui persuade des militants de toute la France, voire de Grande-Bretagne, d’Italie ou d’Allemagne, de venir aux manifestations organisées par Les Soulèvements de la Terre. « J’ai fait cinq heures de route pour ça ? » s’agaçait un jeune au visage dissimulé sous un foulard, la veille, après la manifestation sans affrontement. « On ne peut pas partir comme ça, c’est presque comme une défaite… » (7)

Toute l’hypocrisie de ce mouvement ressort d’une anecdote amusante, racontée par Géraldine Woessner :

« Fun fact : dans ce silo de Soufflet qu’on voit sur toutes les chaînes, il y a… de l’orge brassicole, envoyé vers le nord de l’Europe pour fabriquer de la bière à haut degré d’alcool. On ne citera pas de marques’, mais l’une était très populaire au village de l’eau » (https://x.com/GeWoessner/status/1814684221065077155)

En somme, ils manifestaient pour lutter contre la production de la bière qu’ils consommaient …

Les commentaires déresponsabilisant

Évidemment, comme à chacun de ces événements, les politiciens et les représentants vont tenter de déresponsabiliser le mouvement des exactions et les présenter comme des victimes d’une infâme répression.

Emma Fourreau, députée écologiste, dénonce un « déchainement de violences qui s’abat sans raison sur des manifestants pacifiques. » en montrant des images … sans violence, à part une gamine agressive qui se fait mollement pousser sur le côté.

Sandrine rousseau a, évidemment, soutenu le mouvement :

Léna Lazare, prétend à 17h45 sur BFMTV n’avoir pas été témoin de violence et attend « le rapport de la Ligue des Droits de l’Homme« . On voit ici l’importance d’avoir des entités qui vont feindre la neutralité (la LDH participe activement à la désinformation anticapitaliste) et, surtout, qui ont une histoire dont ils peuvent se prévaloir.

Elle qualifie les forces de l’ordre d’agressive au motif qu’ils se seraient fait gazer « alors qu’on tenait un point syndical devant un site industriel de la palice. » Elle fait référence au blocage dans la matinée …

Elle se plaint aussi de l’incendie déclenché la veille. Confrontée à la présence d’arme dans les bagages des manifestants, la militante commence par se plaindre de milliers de contrôles et laisse entendre que c’est normal de trouver ce type d’équipements quand on prend un échantillon aussi grand, puis elle accuse les forces de l’ordre de la violence dans les manifestations.

On est en plein dans la victimisation et on voit dans ses propos sur les armes à quel point elle est cynique : elle sait qu’elle ment. On a affaire à une communicante qui sait ce qu’elle fait.

D’autres représentants reprennent le mantra :

« La porte-parole d’Attac Alice Picard s’enfonce dans le déni : « Les dégradations matérielles, c’est pas des violences ! » En clair : puisqu’il est légitime de détruire les biens, toute personne tentant de s’interposer sera elle-même responsable des violences physiques qui en découleraient. « Pas de police, pas de violence », résume Julien Le Guet. » (7)

Une participante réussit à mettre les violences sur le dos des policiers, qui auraient laissé faire pour décrédibiliser le mouvement :

« Pour Sylvie, qui était dans un autre cortège, plus apaisé, ces images ne reflètent pas son combat. « Ils sont combien de flics ? Pourquoi ils n’arrêtent pas les 150 personnes alors qu’il y a 10 000 personnes ? », s’interroge la manifestante. « Ça les arrange de laisser ça pour qu’il ne reste que ça dans la presse, qu’on dise ‘c’est violent’. Alors que c’est un combat écologique, juste. » » (1)

Un autre prétend : « On ne nous a même pas laissé une chance de manifester, même pacifiquement », dénonce-t-il. Pour Camille, la violence est du côté de « ceux qui nous fichent, nous traque, et nous tapent depuis trop longtemps ». » (1)

Ces dénégations sont d’autant plus difficilement audibles qu’il semble que la présence des blacks blocks n’était pas un hasard, Le Point affirmant que : « Julien Le Guet a fait un tour d’Europe, allant lui-même recruter les black blocs présents aux manifestations, avec l’aide de plusieurs cadres des Soulèvements de la Terre ». (7)

Une secte ?

Il semblerait que les organisateurs utilisent des masques. La Nouvelle République évoque ainsi « un des organisateurs, caché d’un masque de mésange ». Ceci, combiné à la dimension festive et très « totale » (chapiteau, village où tout le monde se rejoint) de l’expérience laisse de plus en plus penser à un fonctionnement sectaire.


Références

  • (1) Reportage « On ne nous a pas laissé la chance de manifester pacifiquement » : à La Rochelle, les anti-bassines entre colère et frustration, FranceTvInfo
  • (2) « On a tout perdu » : à La Rochelle, le désarroi d’une commerçante vandalisée par des manifestants anti-bassines, Le Parisien
  • (3) https://x.com/GeWoessner/status/1814732459289796815
  • (4) Libération, «Un véritable guet-apens» :à La Rochelle, la situation se tend entre opposants aux mégabassines et forces de l’ordre, 21/07/2024
  • (5) La Nouvelle République, Une deuxième journée pleine d’inconnues, 20/07/2024
  • (6) Centre Presse Aveyron, À La Rochelle, manifestation sous tension contre les méga-bassines
  • (7) Le Point, « Manifestation des « antibassines » : à La Rochelle, entre bouée licorne et boules de pétanque«