Les Monsanto Papers ont révélé plusieurs cas de ghostwriting, une pratique consistant pour un auteur à ne pas apparaître sur un article, ce qui est malhonnête dans certains secteurs. Toutefois, la portée qu’ils donnent à ces manques d’intégrité est colossale comparé à leur ampleur réelle.

Cet article s’inscrit dans notre dossier sur le glyphosate et, plus précisemment, la partie sur les Monsanto Papers.


Qu’est-ce que le ghostwriting ?

Le ghostwriting est une pratique consistant à écrire un document et à ne pas en apparaître comme l’auteur. L’opposé, apparaître comme auteur d’un document qu’on a pas participé à écrire, s’appelle le “guest authorship ». C’est une pratique répandue dans le monde la culture. Par exemple, dans le monde du Hip Hop. Dans la littérature, c’est même une sorte de métier de rédacteur (on parle de « nègre littéraire ») très normal.

En matière de recherche, c’est plus problématique. En effet, si le ghostwriter est lié avec un lobby, on sera plus méfiant en le lisant. Si un industriel écrit un article laisse d’autres en être les auteurs, Cet article résume bien le problème et son ampleur : Le “ghostwriting” ou l’écriture en sous-main des articles médicaux.

Il faut toutefois relativiser l’infraction.

Une infraction terrible ?

Tout d’abord, j’ai du mal à voir le ghostwriting comme une pratique terrible, surtout quand on compare avec certaines pratiques, comme la désinformation que nous dénonçons sur ce site.

En effet, il n’y a pas de falsification de données ou d’analyse. Si un chercheur veut endosser une analyse, y préter son nom, pourquoi ne le pourrait-il pas ? Si elle est mauvaise, il passera pour une andouille, voire, si l’imposture et remarquée, pour quelqu’un de malhonnête. C’est un manque de transparence qui est évidemment condamnable, mais pas grand chose de plus. L’inverse est d’ailleurs courant dans la recherche: lorsqu’un supérieur hiérarchique appose son nom sur un papier qu’il n’a pas réellement participé à écrire.

La relativisation s’impose d’autant plus quand on creuse le thème. En effet, l’intérêt personnel des chercheurs à travers le militantisme est une menace beaucoup plus grande pour la recherche, comme l’ont démontré l’affaire Séralini, ou bien même l’étude de Hallman et al. (2017) sur le déclin des insectes. Ils ont produit des études souffrant de biais tels qu’elles n’apportent strictement rien à la recherche, mais leur ont apporté énormément de rétributions morales (nombreuses citations, image mondiale pour Hallman et al.) ou matérielles (livre, film pour Séralini). Là il ne s’agit même plus de transparence sur des revues de littérature, mais de données primaires instrumentalisées pour faire le buzz.

(rq: données primaires = celles issues d’expérimentation, quand le ghostwriting concerne surtout des revues de littératures)

En outre, le militantisme peut rendre la démarche nécessaire pour éviter un shitstorm automatique. La démarche peut s’analyser davantage comme une volonté d’éviter l’inévitable shitstorm de la sphère militante (qui accusera automatiquement l’étude d’être biaisée, indépendamment du fait que ce soit crédible ou non) que dans la volonté d’endormir la méfiance des lecteurs (qui sont, rappelons-le, en principe des chercheurs, pas des citoyens lambda).

Le ghostwriting et les Monsanto Papers

Les cas de ghostwriting

On évoque souvent le ghostwriting dénoncé par les Monsanto Papers. Voici les affaires, cités comme étant du ghostwriting dans la presse française classées en fonction du degré de preuve:

  • Ghostwriting probable.
    • Henry Miller (2015)
    • (Saltmiras) Kier et Kirkland (2013)
    • (Donna Farmer), Williams et al. (2012)
  • Ghostwriting discutable.
    • Williams, Kroes et Munro 2000
  • Absence de preuve de ghostwriting
    • James Parry et Mark Martens (1999). Monsanto avait financé des recherches de James Parry, mais elles n’aboutissaient pas à la conclusion qu’ils souhaitaient. Cette affaire montre au contraire que des scientifiques ne sont pas corruptibles.
    • Greim et Saltmiras (2015)
    • Acquavella et al. (2004) et Donna Farmer
  • Incertain
    • Williams et al. 2015 : W. Heydens avait révisé le texte, mais je ne sais pas si c’est une contribution suffisante pour être qualifiable d’auteur.

Il y a donc, parmi les cas présentés comme du ghostwriting, des cas qui n’en sont pas … C’est une première malhonnêteté, qui repose sur le fait que les lecteurs n’aillent pas lire les sources primaires et/ou se laissent influencer par le storytelling qui leur est présenté. Néanmoins c’est quand on creuse la gravité des manquements reprochés que l’imposture apparait évidente.

Des faits insignifiants

Les seuls cas où les allégations sont fondées sont donc le cas Miller, avec des tribunes dans une presse grand public (Forbes), non scientifique, et une revue de littérature … Ce dernier cas consiste également les allégations de ghostwriting non démontrées.

Tout d’abord, rappelons que l’EFSA ne prend en compte, comme éléments de réflexion, que les données primaires pour rendre ses avis. D’où la réponse de l’EFSA:

« [Il n’y a aucune information contenu dans les « Monsanto Papers » ou dont l’EFSA a connaissance par d’autres moyens qui indiquent que les industriels ont tenté de falsifier ou manipuler les résultats et données brutes des études réglementaires utilisées dans l’évaluation du glyphosate.] »

EFSA statement addressing stakeholder concerns related to the EU assessment of glyphosate and the “Monsanto papers”

Ensuite, il y a des centaines ou des milliers d’études sur le glyphosate et l’EFSA est rodée à gérer l’influence des industriels. Ainsi:

  • Aucun ghostwriting présenté ne porte sur des données primaires
  • Même si c’était le cas, il y a des centaines+ d’études sur le glyphosate
  • Même s’il y en avait assez, l’EFSA est composée de professionnels compétents dont le métier est justement de ne pas se faire avoir par les manoeuvres des industriels.

Au final, les éléments relevés sont donc insignifiants. Loin de traduire une influence forte, le peu d’éléments relevés par les Monsanto Papers laisse supposer que cette pratique est marginale.

Le vrai scandale des Monsanto Papers, c’est surtout leur traitement médiatique.

Annexe

James Parry et Mark Martens (1999)

Des cadres de Monsanto en 1999 auraient cherché à « faire appel aux services d’une autorité scientifique incontestable pour plaider la cause du glyphosate auprès des régulateurs européens » pour convaincre que le produit n’était pas génotoxique (G30).

Ils auraient choisi James Parry. Or, ce dernier fit valoir « de sérieuses inquiétudes » :« je conclus que le glyphosate est un clastogène potentiel in vitro ». Il ajoute que ce potentiel « pourrait se produire in vivo dans les cellules » et que le glyphosate pourrait y induire un « stress oxydatif ». C’ « est précisément ce processus qui sera identifié par le Centre international de recherche sur le cancer, dans sa monographie de mars 2015 ». Il suggère de conduire d’autres études. (G30) m(G31) (G60)

La réponse de Monsanto est négative :

« En septembre 1999, l’un des toxicologues de Monsanto écrit à ses collègues que « Parry n’est pas la personne qu’il nous faut et cela prendrait pas mal de temps, de dollars et d’études pour l’amener à l’être ». « Nous n’allons simplement pas conduire les études qu’il suggère, ajoute-t-il à l’adresse de Mark Martens, le cornac de James Parry. Mark, penses-tu que Parry peut devenir un avocat solide sans mener ces travaux ? Sinon, nous devrions commencer sérieusement à chercher une ou plusieurs autres personnalités avec qui travailler. » L’intéressé ajoute, à propos de la génotoxicité possible du glyphosate : « Nous sommes actuellement très vulnérables. » » (G30) (G60)

Il n’y a pas eu de ghostwriting ici. Il n’y a même pas eu de tentative: l’industriel a simplement pensé que le scientifique supporterait sa position. Rien de choquant.

Williams, Kroes et Munro 2000

Le ghostwriting de l’étude Williams, Kroes et Munro en 2000 (Williams GM, Kroes R, Munro IC. Safety evaluation and risk assessment of the herbicide Roundup and its active ingredient, glyphosate, for humans. Regul Toxicol Pharmacol. 2000 Apr;31(2 Pt 1):117-65. doi: 10.1006/rtph.1999.1371. PMID: 10854122) semble admis par Williams Heydens dans un mail de 2015:

“An option would be to add Greim and Kier or Kirkland to have their names on the publication, but we would be keeping the cost down by us doing the writing and they would just edit & sign their names so to speak. Recall that is how we handled Williams Kroes & Munro, 2000.”

Tout d’abord, cela ne correspond pas à du ghostwriting, mais à du guest author. En outre, le terme « so to speak » (pour ainsi dire) rend le passage assez ambigu. Cela voudrait dire qu’il y aurait tout de même un travail. Enfin, il était noté ceci en fin d’article :

« The authors acknowledge the assistance of individuals who participated in the preparation of this document. First, we are grateful to those who gathered and made available the large amount of information used to write the manuscript for this document. Second, we thank the toxicologists and other scientists at Monsanto who made significant contributions to the development of exposure assessments and through many other discussions. The authors were given complete access to toxicological information contained in the great number of laboratory studies and archival material at Monsanto in St. Louis, Missouri, and elsewhere. Key personnel at Monsanto who provided scientific support were William F. Heydens, Donna R. Farmer, Marian S. Bleeke, Stephen J. Wratten, and Katherine H. Carr. We also acknowledge the participation and assistance of Douglass W. Bryant and Cantox Health Sciences International for scientific and logistical support in the preparation of the final manuscript. »

Il reste évidemment possible que les chercheurs de l’entreprise aient participé à un point plus important (l’implication dans le processus ressort de certaines pièces, comme MONGLY01869261), mais je n’ai pas vu de preuve claire de cela.

Quoi qu’il en soit, même s’il y avait ghostwriting, il serait sans effet significatif: on voit bien qu’il y a un lien avec Monsanto et il s’agit d’une revue de littérature, elle ne fait donc pas partie des éléments de preuve utilisés par les agences sanitaires.

Acquavella et al. 2004

Un draft daté du 11 juin 2002 de l’article « Glyphosate Stewardship, Epidemiology, and the Farm Family Exposure Study » est crédité:  »

Team Members:

John Acquavella
Marian Bleeke
Donna Farmer
Daniel Goldstein
Christophe Gustin

MONGLY00888455

Un article similaire est paru en 2004: « Glyphosate Biomonitoring for Farmers and Their Families: Results from the Farm Family Exposure Study », dont sont les auteurs trois de ces employés de Monsanto (Acquavella, Bleeke et Gustin) et 4 autres personnes. Est-ce du ghostwriting ? Tout d’abord, on note qu’il y avait déjà 3 employés de Monsanto, précisés comme tels, comme auteurs de l’article publié.

En réalité, quand on regarde les deux articles, la version finale n’a pas grand chose à voir avec le document interne. Ce dernier ressemble plus à une sorte de « brief » discutant les enjeux de ce papier pour Monsanto. Par exemple:

The general public is selectively risk averse, especially about (perceived) risks to children’s health. Individuals will assume known risks (e.g. cigarettes), yet object to infinitesimal (potential) risks from pesticide residues on foods or foreign DNA in genetically modified (GM) crops. Anti-pesticide activists orient their allegations accordingly. Glyphosate is a prime target of anti-pesticide and anti-GM activists due to its widespread use and key role with glyphosate tolerant crops.

Au contraire, l’article publié est une étude on ne peut plus ordinaire. Le document interne était donc probablement un simple document de travail préparant cet article.

Williams et al. 2012

Dans un document, Donna Farmer à envoyé un draft de « Developmental and Reproductive Outcomes in Humans and Animals after Glyphosate Exposure: A Critical Analysis », dans lequel elle a fait plusieurs commentaire, dont le fait de rayer son nom de la liste d’auteurs (Williams A. L., Watson R.E. et DeSesso J.M.). (MONGLY00919381) L’article a été effectivement publié par ces trois auteurs:

Williams AL, Watson RE, DeSesso JM. Developmental and reproductive outcomes in humans and animals after glyphosate exposure: a critical analysis. J Toxicol Environ Health B Crit Rev. 2012;15(1):39-96. doi: 10.1080/10937404.2012.632361. PMID: 22202229.

Il pourrait effectivement y avoir eu ghostwriting ici. Néanmoins, la chercheuse a donné une autre explication au juge:

Q. Ma’am, your name originally appeared on the Williams article as an author, the Amy Williams article, and then it was struck out before it was published. Are you aware of that?
A. Yes, I was. I told him that I didn’t do anything on it and my name shouldn’t be on it. I had made some edits, but it was not at a level where I was — not to be an author.

Case Clip(s) Detailed Report, Monday, July 23, 2018, 10:47:19 PM; Farmer, Donna (Vol. 01) – 01/11/2017

Saltmiras, Kier et Kirkland (2013)

L’étude « Review of Genotoxicity of glyphosate and glyphosate based formulations » aurait en réalité été écrite par David Saltmiras, un toxicologue de Monsanto, et Larry Kier, un consultant. En témoigne un document du 29 février 2017 envisageant la soumission du manuscrit à la revue « Reg. Toxicol. Pharmacol. » (Doc case 3:16-md-02741-VC document 649-3) Cette étude a finalement été publiée en 2013 dans la revue Critical Reviews in Toxicology,  » avec comme auteurs Larry D. Kier et David Kirkland. La démarche de ghostwriting semble assez explicite dans l’échange de mails du 25-28 janvier 2013 (MONGLY04086537). Toutefois l’image que nous présente cet échange n’est pas du tout aligné avec l’idée qu’on se fait de cette pratique:

  • La discussion est entre auteurs, l’opinion du management de Monsanto ne semble pas déterminante.
  • Au contraire, c’est la pression du management de Monsanto sur Saltmiras qui l’encourage à demander d’être auteur.
  • Le fait être co-auteur est présenté comme une récompense
  • Ils semblent incertain quant au fait que la contribution de Saltmiras, l’écriture d’un premier document de travail, soit suffisant pour le qualifier d’auteur (« I think … », « may be », « I think … »).
  • En même temps, certains passages semblent sans ambiguité (« The basis for removing me as an author last year was the inclusion of other GTF member company study reports »; « dissociating Larry and myself from industry during the responses to the referees comments »).

Je mets en gras les points importants:

Larry Kier: I would like to suggest adding David Saltmiras as an author to the review publication. I think he is very deserving of this recognition and he was a co-author on the original literature review manuscript which was a predecessor to this publication.
I am checking on whether this is logistically possible but also want to get your concurrence before proceeding.

David Kirkland: As much as I agree with recognising the effort David S has put in, I do not think you can start adding an author at this stage. Apart from anything else, it means the authors would no longer be « independent ». As a journal editor myself, I would not accept this. Sorry, but I don’t think it, is appropriate from the journal acceptability point, of view.

David Saltmiras: I do appreciate the candid discussion. I in no way want to rock the boat: and be the source of contention. The basis for removing me as an author last year was the inclusion of other GTF member company study reports, which required third party expert: review and the need to engage a second independent expert. In looking back over the paper with the critical inclusion of literature review and human exposure assessment, I think my contributions on this now 2-year project may be considered deserving of recognition in co-authorship. I was prepared to let this slide, but in another candid discussion with Senior I Monsanto management (several tiers higher than me), I was « strongly encouraged » to author some peer reviewed publications, since this is the fifth such Glyphosate related manuscript I have been involved with over the past few years without co–authorship. However, if either you disagree or Roger I McClellan is not open to the idea, I will gladly stand by your decision.

Larry Kier: Roger McLellan admittedly wasn ‘ t too happy but I definitely think he would consider this and even coached me on how
to approach him with a communication.
I acknowledge that this should have been done earlier and I believe that David K’s concerns definitely have merit. However, even at this late date I do support David S. being added as a co-author, David S. was a co–author on the unpublished literature review manuscript which was the first phase of this project which I think qualifies him as a valid contributor to the manuscript. I believe that a request to Roger McLellan should only be made if supported by both authors. After that it would be up to Roger McLellan to decide if that would be permissible.

Larry Kier: I have given you my opinion. It is up to you and the editor now. If Roger will accept it, then fine. Given what he said about: dissociating Larry and myself from industry during the responses to the referees comments, I would be surprised if he agreed to add an industry name to the authors.

David Saltmiras: Then no need to bother the editor. The paper is Kier and Kirkland.

25-28 janvier 2013, MONGLY04086537

Un autre problème est qu’il n’y a pas vraiment de secret quant aux liens avec Monsanto et l’intervention de D. Saltmiras (même si elle semble minorée, vu qu’il n’a pas fait que pourvoir des études et réviser le manuscrit):

Larry Kier and David Kirkland were paid consultants of the Glyphosate Task Force for the preparation of this review. The Glyphosate Task Force is a consortium of 25 European glyphosate registrants, listed on http://www.glyphosatetaskforce.org/. Larry Kier is also a past employee of Monsanto Company. Monsanto Company was the original producer and marketer of glyphosate formulations. The authors had sole responsibility for the writing and content of the paper and the interpretations and opinions expressed in the paper are those of the authors and may not necessarily be those of the member companies of the Glyphosate Task Force. […]

« The authors would like to thank the following individuals for their contributions to this work by providing regulatory studies and their thoughtful review of the manuscript: David Saltmiras (Monsanto Company), Christian Strupp (Feinchemie Schwebda GmbH), Terri Spanogle (Cheminova A/S), Jürgen Wenzel (HELM AG), Andrew Bond (Nufarm Limited), Sylvain Gautier (Arysta LifeScience Corporation), Simon Hill (Syngenta AG), Ganesh Shetgaonkar and B.M. Ravikumar (Excel Crop Care Ltd.). We would also like to acknowledge David Saltmiras for his invaluable service in providing coordination with individual companies and the Glyphosate Task Force. »

Si on peut admettre le ghostwriting ici, il semble difficile de le voir comme un cas significativement grave, d’autant plus que, encore une fois, il s’agit d’une revue de littérature. C’est vraiment du micro-bidouillage.

Il semble que c’est de cette étude dont il était question dans les mails du 12-18 juillet 2012 (Case 3:16-md-02741-VC Document 187-10). Des membres de la GTF discutent de payer David Kirkland 14K£ pour 10 jours de travail pour « coauthor the genotoxicity review paper with Larry Kier ». (MONGLY02145917)

Intertek et Williams et al. 2015

Peu avant l’avis du CIRC, le 19 février 2015, William Heydens, un cadre de Monsanto, écrivait:

« If we went full-bore, involving experts from all major areas (Epi, Tox, Genetox, MOA, Exposure – not sure who we’d get), we could be pushing $250K or maybe even more. A less expensive/more palatable approach might be to involve experts only for the areas of contention, epidemiology and possibly MOA (depending on what comes out of the IARC meeting), and we ghost-write the Exposure and Tox & Genetox sections. An option would be to add Greim and Kier or Kirkland to have their names on the publication, but we would be keeping the cost down by us doing the writing and they would just edit & sign their names so to speak. Recall this is how we handled Williams Kroes & Munro, 2000 »

MONGLY00977264

Puis, le 11 mai 2015:

Publication on Animal Data Cited by IARC

• It was noted that this is only other idea that could be done prior to IARC Monograph publication
• Manuscript to be initiated by MON as ghost writers.
• It was noted this would be more powerful if authored by non .. Monsanto scientists (e.g., Kirkland, l<ier,
Williams, Greim and maybe Keith Solomon}
• Decide within 1-2 weeks if we will recommend going forward with this

MONGL Y01023968

Ces emails montrent que le ghostwriting n’était pas vu comme quelque chose de particulièrement honteux pour Monsanto et laissent une suspicion forte planer sur les travaux ultérieurs.

Par la suite, Monsanto a diligenté Intertek, un cabinet de consultants missionné par Monsanto pour rassembler des chercheurs extérieurs pour rédiger des articles scientifiques. On parle du « panel Intertek ». Heydens apparait néanmoins avoir participé à l’écriture d’une des études ainsi produite (« Glyphosate: Carcinogenic potential – the conclusions of IARC (2015)-A Critical review by an Expert Panel » (Williams et al. 2015)) (MONGLY01000679). Je ne sais pas si ces contributions sont suffisantes pour être inclus parmi les auteurs. En effet, selon les recommendations de l’International Committee ofMedical Journal Editors (ICJME), cela suppose 4 conditions cumulatives:

  • Substantial contributions to the conception or design of the work; or the acquisition, analysis, or interpretation of data for the work; AND
  • Drafting the work or revising it critically for important intellectual content; AND
  • Final approval of the version to be published; AND
  • Agreement to be accountable for all aspects of the work in ensuring that questions related to the accuracy or integrity of any part of the work are appropriately investigated and resolved. […] All those designated as authors should meet all four criteria for authorship, and all who meet the four criteria should be identified as authors.«  (Recommendations for the Conduct, Reporting, Editing and Publication of Scholarly Work in Medical Journals)

De plus, des éléments contredisent cette hypothèse. Ainsi, lorsque Heydens demanda à John Acquavella, un des membres du panel et ancien employé de Monsanto, de ne pas apparaitre comme auteur, celui-ci contesta: “I didn’t realize that Bill. Also, I don’t think that will be okay with my panelists. We call that ghost writing and it is unethical. […] I can’t be part of deceptive authorship on a presentation or publication. Please note the ICJME guidelines that everybody goes by to determine what is honest/ethical authorship”. (MONGLY01030787) Il obtint finalement gain de cause. Il y a aussi d’autres traces de négociations:

I’ve had some initial correspondence from the panelists about the summary article and the consensus is that they will not be authors on an article that has inflammatory comments about IARC. Assuming those inflammatory comments were carried over from the animal carcinogenicity and genotoxicity articles, I’m sure the epi panelists would not want to be associated with those articles either.

John Acquavella, MONGLY01000677

Ainsi, on voit émerger une situation possible où Heydens a tenté d’influencer significativement les papiers, mais a au final vu son influence largement limitée.

Greim et Saltmiras (2015)

Selon S. Foucart, Helmut Greim, qui aurait été considéré par Heydens comme option d’ajout de nom dans un mail de février 2015, avait déjà été payé 3 000 € pour une synthèse publiée début 2015 dans Critical Reviews in Toxicology. Il aurait fait partie du « panel Intertek » et affirme avoir été payé « un peu plus » que cette dernière somme. (G42)

Les journalistes évoquent aussi que « un toxicologue de la firme consigne pourtant avoir été « l’auteur-fantôme de la synthèse de 2015 de Greim » ». (G42) Il s’agit sans doute de David Salmitras, qui aurait écrit :

« IARC prep: AHS Sorahan reanalysis for multiple myeloma presented at EUROTOX 2012, Kier & Kirkland (2013), ghost wrote cancer review paper Greim et al. (2015), coord Kier (2015) update to K&K, pushed for Sorahan (2015). »

MONGLY01723742

Or, l’étude en question semble être Greim et al. (2015) dont les auteurs comptent … David Saltmitras.

Henry Miller

Henry Miller a été l’auteur de tribunes, publiées par Forbes, critiques contre l’avis du CIRC. La compromission de Henry Miller est crédible:

Eric Sachs 12/03/2015: « Are you interested in writing more on the topic of the IARC panel, its process and controversial decision? I have background and can provide information if needed. The outcome is embargoed but will be communicated as early as next week. »

Henry Miller 12/03/2015: « I would be if I could start from a high-quality draft. I’m absolutely inundated with projects right now. » […]

Eric Sachs à Henry Miller 17/03/2015: « Here is our draft…still quite rough … but a good start for your magic. »

Eric Sachs 17/03/2015 : « Please fill in the missing information then I will send back to Henry. When should he post? Do you want him to break the embargo? If so, we need to ask him. »

Echange entre Eric Sachs et Henry Miller, MONGLY02063613

Les tribunes de Henry Miller ont été supprimées par Forbes, l’absence de mention du lien contredisant sa politique de publication.