Selon le narratif anti-glyphosate, les Monsanto Papers auraient démontré que Monsanto avait bien connaissance du risque de cancer que porterait le glyphosate. Notez que cela présume d’admettre que le glyphosate serait bien cancérigène, ce qui n’est actuellement reconnu par aucune autorité sanitaire (ou plus précisément, elles se sont toutes prononcées en niant cette dangerosité).

En France, ce narratif s’appuit essentiellement sur la présentation que Stéphane Foucart et Stéphane Horel ont fait des Monsanto Papers. Ces derniers ont relevé plusieurs éléments, que nous présenterons par ordre chronologique:

  • L’affaire Parry, en 1999
  • L’expression d’une « sérieuse inquiétude » par Mark Martens en 2001
  • La reconnaissance d’un dommage causé par un surfaçant par Donna Farmer en 2002
  • L’interruption d’études en 2002
  • La reconnaissance de l’absence de tests démontrant la non-cancérogénicité du roundup en 2003

Plus largement, il y a d’autres citations demandant moins de développement, en 2001, 2012, 2014 et 2015.

Nous verrons que loin de l’image terrible qui est véhiculée, la connaissance d’un risque n’apparait en fait pas. Ce qui est assez logique du reste, ce risque n’étant toujours pas reconnu par les autorités compétentes …

1999: L’affaire parry

Le rapport de James Parry

Monsanto a demandé au professeur James M. Parry d’évaluer 4 articles. Il a rendu un rapport de 13 pages

« The overall data provided by the four publications provide evidence to support a model that Glyphosate is capable of producing genotoxicity both in vivo and in vitro by a mechanism based upon oxidative damage. If confirmed, such a mechanism of genetic damage would be produced at high concentrations of the herbicide and would be relevant only when the anti-oxidant protective mechanism of the cell are overwhelmed. Thus, I would conclude that if the mechanism of action can be proved to be based upon oxidative damage then hazard and risk assessment could be based upon a non-linear model with a threshold of activity at low doses.

Questions raised by the studies:

1) Role of components of the mixture which leads to high levels of activity of Roundup ?

2) Is the genotoxic activity observed due to oxidative damage?

3) Can the genotoxic activity be reduced by anti-oxidants?

MONGLY01312103

On observe plusieurs points:

  • Le corpus ne fait que 4 études.
  • La conclusion est loin d’être très marquée: l’effet génotoxique qu’il semble admettre « serait produit à de hautes concentrations d’herbicide ET seulement lorsque les mécanismes protecteurs antioxydants des cellules sont dépassés« .
  • Il n’est clairement pas certain du mécanisme (« s’il est confirmé » + « est-ce que l’activité génotoxique est due à un stress oxydatif ? »)
  • L’auteur reconnait que « chacune de ces articles ont des « faiblesses« . (MONGLY01312103, p.3)

On a donc un avis précautionneux portant sur 4 études trouvant une caractéristique de n’ont pas observée les agences sanitaires avec 20 ans de recherches en plus sur des évaluations de risque comprenant des centaines d’études.

Qu’en dire ? Rien en fait, c’est un non-événement. Pourtant …

Le drama

William Heydens a écrit le 16 septembre 1999, à propos de ce rapport:

I have read the report and agree with the comments – there are various things that can be done to improve the report.

However, let’s step back and look at what we are really trying to achieve here. We want to find/develop someone who is comfortable with the genetox profile of glyphosate/Roundup and who can be influential with regulators and Scientific Outreach operations when genetox. issues arise. My read is that Parry is not currently such a person, and it would take quite some time and $$$/studies to get him there. We simply aren’t going to do the studies Parry suggests. Mark [Martens], do you think Parry can become a strong advocate without doing this work […] ? If not, we should seriously start looking for one or more other individuals to work with. Even if we think we can eventually bring Parry around closer to where we need him, we should be currently looking for a second/back-up genetox. supporter. We have not made much progress and are currently very vulnerable in this area. We have time to fix that, but only if we make this a high priority now.

MONGLY03734971

Ici, on a deux choses :

  • W. Heydens explique précisément que l’objectif n’est pas de faire des recherches, mais d’influencer les agences sanitaires sur la génotoxicité
  • Ils savent que la génotoxicité est un sujet qui arrivera
  • Il pourrait amener Parry à avoir leur avoir avec suffisamment de « $$$/studies »
  • Il admet qu’ils sont « très vulnérable dans cet zone ».

Reprenons ces points dans l’ordre:

  • Cette démarche est effectivement moralement condamnable. Mais cela reste très en deça d’une « faute ». Du reste, chaque espace réglementaire a ce genre de « jeu » entre les institutions réglementaires et les acteurs économiques, qui tentent d’optimiser. Cela ne semble pas choquant.
  • Ce qui est absolument normal vu qu’il y a eu des études dessus, dont certaines trouvaient effectivement des effets génotoxiques. On a beaucoup l’image, dans le grand public, que chaque étude porte une sorte de vérité absolue. En réalité, une étude qui n’a pas été répliquée vaut rarement grand chose. Les moyens des scientifiques ne sont pas infinis, le hasard et les variables non contrôlées jouent souvent un rôle. La science est toujours un arbitrage entre des incertitudes.
  • On pourrait interpréter ce passage au sens où il serait possible « d’acheter » Parry. Néanmoins, une autre interprétation est possible: les études coutent cher et demandent du temps et des ressources humaines, on peut donc comprendre « $$$/studies » comme deux conditions cumulatives (de l’argent et des études) et non alternatives (« de l’argent ou des études »). Cette interprétation demande de supposer moins de choses et rien n’étaye sa rivale, elle doit donc être privilégiée.
  • Il évoque un simple risque communicationnel. Beaucoup de monde étant anti-Monsanto et la moindre excuse étant suffisante pour les éclater », il est raisonnable qu’ils soient alarmistes à la moindre donnée discordante. Rappelons encore que les agences sanitaires considèrent toujours que le glyphosate n’est pas génotoxique.

1999: Donna Farmer et le « genotox hole »

Dans un mail interne, Donna Farmer a écrit :

One option.. I agree we need someone else to interface with Perry… right now the only person I think that can dig us out of this « genotox hole » is the Good Dr. [Larry] Kier…. […]

other option …. I am concerned about leaving Perry out there with this as the final project/his final
impressions ………………if you remember his first report …lie was looking for work for a graduate student (I wonder if this evaluation was his or someone else’s?)

Maybe you, Bill, Larry, Steve and I can get together to figure out where and how we go from here… Steve’s opinion of the report was pretty clear…. he also suggested as an option to drop Perry.

2 septembre 1999, MONGLY00878595

Le problème ici serait l’évocation d’un « genotox hole ».

Bon on va faire vite: c’est une réflexion qui, encore une fois, porte sur la communication/ présentation, pas sur la croyance quelconque en un effet génotoxique. Notez que le mail précédent, écrit par Stephen J. Wratten, est assez instructif. Il commence notamment par :.

I was somewhat disappointed in the Parry report, not particularly from his conclusions but just the way they’re presented. The style and rather casual lack of completeness and preciseness would make it hard to circulate this around to anyone as supporting information . Has he ever worked with industry before on this sort of
project?

MONGLY00878595

Avant de présenter plusieurs critiques précises et factuelles du rapport en question. Il conclue:

Overall , I guess we have his recommendation of studies that could be used to strengthen the database on p.4, but that is about it . I do not see that he has stuck his neck out on anything at all controversial, and therefore, there is little value in the write-up as written that could be useful . Hope it didn ‘t cost much. Perhaps this is too harsh, and I don’t know what your proposal to him was, but I guess I would expect more than this of a Professor.

MONGLY00878595

2001: une sérieuse inquiétude

« En février 2001, un toxicologue maison écrit : « Si quelqu’un venait me dire qu’il veut tester le Roundup, je sais comment je réagirais : avec une sérieuse inquiétude. » » (G60) (G44)

Un toxicologue de Monsanto, Mark Martens, a écrit en février 2001:

I don’t know for sure how suppliers would react – but if somebody came to me and said they wanted to test Roundup I know how I would react – with serious concern.

MONGL Y00923065

Cela a évidemment été mobilisé comme preuve de l’inquiétude déjà présente chez Monsanto. Néanmoins, en étudiant mieux la question, l’alerte se dégonfle comme une baudruche. Le contexte est une discussion autour d’un document. Je mets en gras les points importants(Rq: il semble s’agir des essais préconisés par J. Parry, mais je ne suis pas sûr) :

In vitro micronucleus assay with and without antioxidants – why not use the MON 35050 study here as well. I still see no need to do these assays ….. but if testing surfactant solutions get discussed then – let’s include talk about laundry detergents, hand soap, dishwashing detergents, shampoos as well and not limit it to those used only in AG.
People have significantly more exposure surfactant solutins used in those products then they would AG products. I don’t know for sure how suppliers would react – but if somebody came to me and said they wanted to test Roundup I know how I would react – with serious concern. We have to really think about doing formulations even if they are not on the market….glyphosate is still in there and could get caught up in some false positive finding .
We can first ague that glyphosate is not genotoxic and that it is highly unlikely that it causes oxidative stress (is not metabolised with consumption of GSH for example), we can then refer to the negative micronucleus tests on glyphosate formulations and the negative in vitro CA test on glyphosate (NOTOX study). As a fall back position we can agree with some testing on either surfactant solutions (would suppliers agree with this?) or with glyphosate formulations which don’t exist anymore on the market (e.g. MON 35050).

12/02/2001, MONGL Y00923065

On voit clairement qu’il ne parle pas de ses doutes sur la toxicité réelle du Roundup (« false positive finding »), mais bien de risques communicationnels. C’est limpide dans le dernier paragraphe.

Il semble, en outre, parler de formulations n’étant pas sur le marché (« We have to really think about doing formulations even if they are not on the market » peut s’interpréter au sens de « nous devons faire attention à produire des formulations, même si nous ne les commercialisons pas [en raison d’un risque d’image, en cas de test] »). Rappelons en effet que « Roundup » n’est qu’une marque, il y a de nombreuses formulations (si c’est comme aujourd’hui).

La réponse de la destinataire, Donna Farmer, est sans ambiguité:

Mark – I have looked at the re-worked mutagenicity responses. They look fine but I do think it is worthwhile to make the point – that in widely accepted studies for evaluating mutagenicity conducted under GLP conditions and according to international regulatory guidelines that glyphosate, it’s formulations and surfactants used in those formulations are all negative.

These are robust studies and provide a greater degree of certainty in the results. The numerous other studies were not conducted according to standard guidelines and not under GLP – and that in itself created many of the items of confusion/concern pointed out in the responses. In addition emphasize that several of these studies do not directly evaluate mutagenicity, not widely accepted etc.

Conclusion – the weight of evidence is – no evidence of mutagenicity!

13/02/2001, MONGLY00923065

2002: « le surfaçant fait le dommage »

Le 25 avril 2002, le chef de la sûreté des produits réglementés explique : « Le glyphosate est OK, mais c’est le produit formulé (et donc le surfactant) qui produit les dommages. » Des « dommages » qui concernent les humains puisque le sujet de la discussion est alors la possibilité que le glyphosate soit un « perturbateur endocrinien » – une substance capable d’interférer avec le système hormonal… » (G44)

Dans un mail à Donna Farmer, William Heydens écrit:

« Your last coment hits exactly where I am coming from. We discussed the situation with Holson and DeSesso and concluded, not suprisingly, that we are in pretty good shape with glyphosate but vulnerable with surfactant. What I’ve been hearing from you is that this continues to be the case with these studies – glyphosate is ok but the formulated product (and thus the surfactant) does the damage. »

MONGLY00885521

Encore une fois, on voit clairement qu’il s’agit de communication et non de discussion sur le risque lorsqu’on va lire l’échange. Par contre, je vous laisse aller le consulter: il est très dur à suivre et je ne suis pas sûr que le retranscrire apporte grand chose (et c’est assez dur à lire vu que beaucoup de noms ont été gommés). En bref:

  • La discussion commence avec une annonce du 24 avril 2002: « Please note that X have nominated Glyphosate in their list of 114 compounds for further review but that ECPA recommands we do nothing. » Un rapport serait publié sur le site de la commission européenne au second semestre 2002. Cela concerne la perturbation endocrinienne. « I will show which substances under debate are present in specific consumer products and give advise on consumer reactions. » Cet email, forwardait un email du 19 avril (qu’il synthétise si j’interprète bien) et mettant en copie Donna Farmer et William Heydens.
  • Williams Heydens répond à Donna Farmer un peu blasé: « Here we go again. This, coupled with X and the 3 or 4 new literature studies over the las couple weeks indicates it’s time to take a deeper look at all this. Let’s you and I sit down with all the new « free studies » tomorrow. I want to understand what they all say and see if there is anything more we should be doing besides the usual « pay no attention to the man behind the curtain ». […] Even though no testing requirements have been implemented fo several years now, this damns endocrine crap just doesn’t go away, does it. »
  • Donna farmer répond plus largement par un long mail.
    • Elle évoque notamment une étude : « One study – the sea urchin claims cell cycle changes and discusses theses with cancer and oh by the way we found it with Roundup. […] The interest point is glyphosate all basically had no effect the formulated product did – does this point us to the coformulants – surfactants ? The repeat X work with the addition of examining how common household and personal care products behave in that in vitro essay could be exported to these other in vitro essays. »
    • Elle écrit « In my mind the message are – exhaustive regulatory testing using rigorous time served protocols to international standards have failed to reveal any untoward health effects predictive of cancer for man. We can work this same message for the other free studies. And that these ad ho non-standard unvalidated models using unrealisting dose levels have no currency with regulatory or serious scientists. And single-stand alone in vitro findings are not supportive of predictions for adverse effects on humain health.
  • C’est donc bien de ces études, dont les protocoles sont décrits très négativement par nos protagonistes, dont Heydens parle. Il faut donc comprendre « dans ces études, c’est le surfaçant qui fait le dommage ». Ce qui est simplement un commentaire sur le contenu des études non réglementaires objet de la discussion.

Conclusion: RAS.

2002: l’interruption d’études

« Les études menées sur les substances mélangées au glyphosate se font avec grande prudence. En mars 2002, l’un des cadres explique à ce sujet : « Nous devons faire attention à ne pas générer de données qui pourraient compromettre les autorisations européennes. » (G60)(G44)

Il s’agissait d’un email de Christophe Gustin du 2 mars 2002:

I talked with Chuck about the dermal in vitro protocol for the inerts and we decided to go ahead with TNO (The Netherlands). About the reference compound we want to use: MON 59117, I’m sure you know that this is an important surfactant in Europe (in MON 78294 and MON 78362). I forgot the rational behind the selection of MON 59117 as reference inert but we need to be careful not to generate data that could compromise European submissions (I’m pretty comfortable that we are not but we need to
understand what we are doing … ).

MONGLY06409927

Immédiatement, on voit qu’il s’agissait (ENCORE) d’un risque communicationnel. S’agissant du contexte, ils discutaient de quel surfaçant utiliser pour faire des tests réglementaires.

Le sujet réapparait un peu plus tard:

« Un mois plus tard, début avril 2002, l’un des responsables du dossier à Monsanto écrit : « Bien que nous ayons accepté [comme demandé par les autorités néerlandaises] de répéter une étude in vitro de pénétration dermique sur de la peau de rat, nous sommes parvenus à la conclusion que la pénétration du glyphosate aurait été probablement supérieure aux 3 % requis par les autorités allemandes. Nous avons donc décidé d’ARRÊTER l’étude (effectif ce matin). » » (G44)

L’échange clarifie la raison de cet arrêt.

We dropped the programme for glyphosate because a further study was not likely to help us meet the project objective:

> we initiated the studies from a regulatory angle to help meet the requirements for operator exposure, given that the Annex I end point for dermal absorption for glyphosate was set at 3%, which we believed was a high value based on a weight of evidence approach.

> the results of the rat skin studies show levels of absorption for glyphosate of a similar order to the Annex I end point; also confirm our expectation that surfactant concentration affects the dermal absorption

>therefore, from the regulatory angle, there is no point in pursuing the studies further (even though it would be interesting to show that the unusual results on a few skin samples were an artifact of the experimental work)

>given that we need to do additional studies on trial late it seems a sensible use of budget and of TNO’s time to replace the glyphosate studies with additional work on triallate regards richard

MONGL Y03737015

Approfondissement nécessaire

2003: « Vous ne pouvez pas écrire que le Roundup n’est pas cancérogène, car nous n’avons pas fait les tests nécessaires pour le dire. »

« On comprend pourquoi, quelques mois plus tard, l’une des scientifiques de Monsanto explique par courriel à un de ses collègues communicants : « Vous ne pouvez pas écrire que le Roundup n’est pas cancérogène, car nous n’avons pas fait les tests nécessaires pour le dire. » » (G60)

On pourrait penser que cela sous-entends qu’ils savent qu’ils sont vulnérables sur la question. Encore une fois, quand on va lire le document original, le sens est évidemment différent:

Your Q & A was forward to Kathy Carr and me for review (see attached). I am the toxicologist responsible for glyphosate
and glyphosate-based products worldwide and Kathy provides ecotoxicology suppport for glyphosate globally as well as
manages the information resources for glyphosate.

As explanation for some of our edits – in many parts of the world there is no such formulation being sold called « Roundup ». In addition, in the US we have some lawn and garden products with the Roundup name on them but they contain other active ingredients in addition to glyphosate and they may have different properties from glyphosate. That is why we were using the phrase Roundup herbicides or Roundup agricultural herbicides. When possible it is preferable to use the name of the product that is actually being used and the data that supports that particular formulation.

The terms glyphosate and Roundup cannot be used interchangeably nor can you use « Roundup » for all glyphosate-based herbicides any more. For example you cannot say that Roundup is not a carcinogen … we have not done the necessary testing on the formulation to make that statement. The testing on the formulations are not anywhere near the level of the active ingredient. We can make that statement about glyphosate and can infer that there is no reason to believe that Roundup would cause cancer.

We cannot support the statement about « no adverse effects whatsoever on flora, or fauna or on the human body ». Adverse effects are seen on flora (glyphosate is meant to kill vegetation), adverse effects on fauna – in studies with laboratory animals – even death is seen (LDS0 studies for example) and in humans – mild reversible eye and skin irritation are seen with normal use and death can occur in suicide attempts. Therefore we advise using the phrase …. « When Roundup herbicides are used according to label directions, no unreasonable adverse effects to people, wildlife, and the environment are expected. »

Donna Farmer le 22 novembre 2003, MONGLY00922458

Monsanto n’aurait donc pas fait des tests qu’il n’était pas nécessaire de faire … Soit. Et ? Il n’y a absolument aucun secret, aucune révélation dans ce que dit Donna Farmer. Notez également qu’elle ne dit pas qu’ils n’ont fait aucun test, mais qu’ils n’en ont pas fait suffisamment pour affirmer publiquement que le Roundup n’est pas carcinogène.

S’agissant du glyphosate, on voit clairement qu’il n’y avait pas de doute (« We can make that statement about glyphosate ») et qu’ils estiment qu’il y a « aucune raison de croire que le Roundup causerait le cancer ».

Encore une fois, aucun élément étayant la croyance de Monsanto dans un caractère cancérigène du glyphosate. C’est même le contraire …

Autres petites citations

2001: la peur des études indépendantes

« « Les données générées par les universitaires ont toujours été une source d’inquiétude majeure chez nous pour défendre nos produits », se plaignait le big boss de la toxicologie pour la firme dans un courriel de 2001. » (G50)

Cela n’étaye en aucune façon la connaissance d’un quelconque risque. Le sous-entendu que le journaliste essaye ici de faire passer est que Monsanto appréhenderait ces données, parce que l’entreprise aurait connaissance d’effets négatifs que les études industrielles ne verraient pas. En réalité, quand on voit le contexte, le message apparait clairement ne porter que sur l’angle communicationnel. Nous avons du reste vu, avec l’affaire Séralini et l’avis du CIRC, qu’ils avaient bien raison.

2012: préparation

« Le 18 juillet 2012, l’un des toxicologues de Monsanto rappelle à ses collègues que leur projet initial consistait à rédiger une revue d’ensemble des données sur la génotoxicité du glyphosate pur et des produits commerciaux à base de glyphosate. Mais il y a un hic : « En essayant de combiner deux synthèses [sur le glyphosate et sur les produits commerciaux], le manuscrit est devenu un si gros bazar d’études rapportant des effets génotoxiques que l’histoire, telle qu’elle apparaissait, ne devenait plus crédible pour les publics les moins avertis », écrit-il.

En clair, l’absence de génotoxicité devenait, dans cette forme, moins facile à plaider auprès des régulateurs. « Même si nous sommes toujours confiants dans le fait que le glyphosate n’est pas génotoxique », poursuit l’employé de Monsanto à l’adresse de ses homologues des autres sociétés agrochimiques commercialisant du glyphosate, « c’est devenu une histoire très difficile à raconter, vu l’existence de tout ce “bruit” complexe ». Face à cette difficulté, plusieurs toxicologues de Monsanto décident de « redéfinir l’approche » et de scinder le manuscrit en deux textes distincts. L’un semble être destiné à une publication dans la littérature scientifique, l’autre non. » (G31)

Je n’ai pas retrouvé le papier exact. Toutefois, la reprise est claire: encore une fois le journaliste monte en épingle le fait que Monsanto ait une démarche communicationnelle (ce que tout le monde a face aux évaluations).

2014: l’appréhension de l’évaluation

L’entreprise s’attendait visiblement au verdict du CIRC :

« En témoigne ce courriel d’une scientifique de l’agrochimiste qui écrit à l’un de ses collègues, en septembre 2014 : « Ce que nous redoutions depuis longtemps s’est produit. Le glyphosate doit être évalué par le CIRC en mars 2015. » » (G60)

C’est effectivement ce qu’écrit Donna Farmer à John Acquavella le 18 septembre 2014:

Just wanted to let you that what we have long been concerned about has happened. Glyphosate is on for an IARC review in March of 2015.

MONGLY01208470

Encore une fois, cela ne dit rien de leur connaissance d’un risque quelconque. Il est logique, vu le bashing ciblant le glyphosate, qu’ils se soient attendu à ce genre de choses et qu’il l’aient appréhendé (cf ce que nous écrivons sur l’avis du CIRC).

2015: l’appréhension du classement

« Le 23 février 2015, un mois avant que cette agence des Nations unies ne déclare l’herbicide « cancérigène probable », Monsanto élaborait déjà le rétroplanning de sa contre-attaque. « Nous devrions nous attendre et nous préparer à une conclusion pour un classement 2B [cancérigène possible pour l’homme] ; un classement 2A [cancérigène probable pour l’homme] est possible mais moins plausible », est-il consigné dans un mémo. » (G48)

On voit tout de suite qu’il s’agit simplement d’une bonne pratique de communication: vous vous préparez au pire. Le fait que cela ne traduit vraiment pas une connaissance d’un risque réel quelconque est évident lorsqu’on lit le passage en entier :

IARC has a history of questionable and politically charged rulings on the carcinogenic properties of products such
as cell phones, coffee and caffeine. We should assume and prepare for the outcome of a 2B rating (possible human
carcinogen); a 2A rating (probable human carcinogen) is possible but less likely.

MONGLY02913526