La querelle des OGM, de Jean-Paul Oury (2006)

Jean-Paul Oury a publié en 2006 un livre très intéressant et très nuancé présentant en détail les discussions scientifiques et le polémiques autour des OGM: La querelle des OGM, aux éditions PUF. Il nous permet de nous plonger dans une autre actualité et de comprendre un débat, maintenant très loin de nous, et en même temps très proche.

Synthèse

Dans ce livre, Jean-Paul Oury traite du débat des OGM qu’il qualifie de querelle : « un quasi-état de guerre entre les partisans et les opposants des modifications du vivant ». Il distingue tout au long du livre la controverse scientifique et la polémique militante. Notez qu’il se limite à l’étude des Plantes Génétiquement Modifées (PGM).

L’auteur fait preuve de beaucoup de pédagogie et met en évidence les contradictions internes des anti-OGM. Par exemple, il souligne à plusieurs reprises la continuité entre la transgenèse avec les techniques de sélection antérieures.

Il fait aussi une rétrospective historique, remontant à la conférence d’Asilomar en 1975, qui marquerait le début de la controverse scientifique et à l’action de Greenpeace dans le port d’Anvers en 1996, avec Libération titrant sur le « soja fou », qui marquerait le début de la polémique [en France?]. (p.39-48) Il la compare avec l’histoire de la peur du nucléaire.

Il détaille les arguments scientifiques des anti-OGM :

  • Les critiques demandant un risque 0 :
    • Les risques d’allergie (p.68-78)
    • Les risques de transfert de gène de résistance aux antibiotiques (p.78-82) En effet, on utilisait une bactérie comme porteuse du gène transmis, avec un gène de résistance à un antibiotique et on sélectionnait avec un antibiotique. Cette technique est obsolète il me semble.
    • Avec les variétés BT, l’apparition de pyrales résistantes et les dégats aux papillons monarques. La résistance est un phénomène anticipé par les promoteurs et contre lequel ils luttent avec des précaunisations d’ « Insect Resistance Management ». (p.91-98) S’agissant des dégats aux monarques, après deux études alarmantes, l’EPA a approfondit et fixé des seuils sanitaires pour deux variétés qui sont en fait supérieurs à ce qui se faisait. L’un des arguments est notamment que le maïs Bt permet de diminuer l’usage de pesticides qui tueraient le monarque. (p.99-105)
  • Les critiques reprochant la balance cout avantage
    • La contestation de l’avantage agronomique des OGM, RR et Bt. (p.107-113)
    • La contestation de l’intérêt pour les pays en voie de développement (p.113-

On apprend aussi le « principe d’équivalence en substance » (p.64-65) et le principe de précaution est discuté (p.86-89 ;p.243-250)

Il précise aussi à chaque fois la séparation entre controverse et polémique.

Il décrit aussi plusieurs des campagnes de désinformation. Ainsi, il détaille les campagnes de communication de Greenpeace, ciblant notamment Auchan. (p.128-137) Il détaille l’exagération des risques dans l’affaire du papillon monarque (p.150-155) et celle du riz doré (p.155-160). Il constate « un traitement équilivré de l’information » [qui étonnerait aujourd’hui] dans le premier cas, même si « les journalistes n’ont donc pas hésité à généraliser le risque, alors qu’ils se sont fait beaucoup plus discrets sur l’absence de risques. » (p.155). Au contraire, pour le riz doré, les études quantitatives monteraient un « déséquilibre du traitement de l’information » : « les médias […] n’hésitent pas à déprécier la technologie au profit de la polémique. » Poussant « de nombreux scientifiques » à s’élever « pour affirmer qu eles médias étaient les instigateurs des craintes du public. » (p.161)

On retrouve cités de nombreuses figures de la pseudo-écologie. On retrouve d’abord Arnaud Apoteker, figure importante très peu connue aujourd’hui, mais aussi Gilles-Eric Séralini (p.193), Pierre-Henry Gouyon (p.193), Dominique Bourg (p.195, p.220, p.236), Dominique Voynet (p.151), José Bové, Hervé Kempf (qui semblait à l’époque très mesuré, p.151,152), Corinne Lepage, jeremy Rifkin (p.197), Marc Dufumier (p.207). Plus original, Hervé Morin apparait (p.151, 152).

J’en découvre quelques uns, comme Jacques Testart dans Libération (p.160) et Jean-Marie Pelt.

Du côté des personnes qui luttent contre leurs mensonges, on trouve feu Axel Kahn, Marcel Kuntz (p.192) et d’autres que je découvre, comme L-M Houdebine (p.192), Claude Debru (p.200) ou encore Pascal Nouvel (p.200).

Je n’ai pas repris tout le cheminement de l’auteur, mais synthétisé ce qu’il nous enseigne sur la pseudo-écologie.

Outre le détail des débats et des désinformations, j’en tire plusieurs grands enseignements :

  • La place de la recherche dans la désinformation. Les scientifiques ont eu un rôle central pour construire les éléments de langage et la peur anti-OGM.
  • L’évolution de la place de la désinformation dans la presse. Ainsi Hervé Morin est revenu, dans l’affaire du monarque, sur ses allégations anti-OGM et Jean-Paul Oury a pu qualifier le traitement médiatique de globalement « équilibré » (p.154). Il est aujourd’hui difficilement concevable d’attendre le moindre mea culpa d’un pseudo-écologiste ou un quelconque équilibre dans le traitement des questions ciblées par l’écosystème. Néanmoins, il y avait déjà à l’époque un sérieux problème de désinformation par la presse.
  • La pérennité des mensonges développés par les anti-OGM illustre le fonctionnement de ce que j’appelle les méta-antéconcepts : de grands systèmes informationnels où les manipulateurs de tous horizons peuvent venir piocher.
  • Enfin, on retrouve déjà énoncées plusieurs vérités profondes qu’on aurait pu penser récentes, comme la dimension quasi-religieuse de la pseudo-écologie et le fait que Greenpeace pratique le chantage.

Je note aussi une certaine candeur, bien compréhensible, dans l’approche globale, qui est synthétisée par cette phrase : « Quand les scientifiques n’arrivent plus à dialoguer et que leur opposition prend une tournure idéologique, on bascule dans la polémique. » C’est en effet négliger la dimension entrepreneuriale de la démarche anti-OGM. Aujourd’hui, alors que l’économie derrière les manipulations anti-OGM est évidente, on comprend mieux : il n’y a jamais eu d’intention de dialoguer. Verser dans la polémique permet simplement de protéger son mensonge au regard du profane et permettre à la manipulation de continuer. Entre le discours scientifique et le discours polémique, il n’y a en réalité qu’une différence de forme, le fond, caché, est en fait constant.

Prise de note

«  »le principe de responsabilité » ou encore le « principe de précaution » qui, au lieu d’accompagner le développement de la technologie, ont été plus souvent utilisées pour empêcher celui-ci. » (p.10)

« Depuis la toute première controverse scientifique qui s’est déroulée à Asilomar en 1975 […] » p.29)

« Or, les nombreuses applications dont l’auteur fait ici état on vu le jour seulement après que l’on a mis au point certains outils dans les années 1970 : enzymes de restrictions, gènes de résistance aux antibiotiques, Southern Blot, séquençage … Ainsi, c’est en 1973 plus exactement que Berg et Cole d’une part, Chang, Helling et Boyer d’autre part, exposeront les grands principes de l’ingénierie génétique. »( p.31)

« C’est en 1917 que le mot ‘biotechnologie’ a été employé pour la première fois ; » Se régère à l’historien Robert Bud. (p.31)

« Le terme biotechnologie concerne toute les technologies qui appliquent le paradigme de l’industrie au vivant. » (p.32)

« En résumé la transgenèse gvégétale apporte un progrès quantitatif et qualitatif :

  • la capacité de transférer le matériel génétique entre n’importe quelles espèces ainsi que celle d’éteindre certaines fonctions augmente le nombre de possibilités ;
  • la précision de l’échange génétique (comparé à l’aspect aléatoire des croisements et rétrocroisements) augmente la qualité des réalisations. » (p.34)

« Ces expériences donneront donc lieu à une première méthode qui consiste à transférer le matériel génétique dans la plante cible par le viais de l’agrobactérie. On ajoute à la construction un marqueur de sélection (gène de résistance à un antibiotique ou à un herbicide) puis on cultive cette construction et sélectione les cellules transformées en plantes. » (p.35)

« Les principales plantes cultivées sont celles qui présentent un avantage agronomique: résistances aux ravageurs, aux maladies, aux champignons, aux insectes et aux acariens, aux nématodes ; la tolérance aux herbocodes; l’amélioration de l’usage des nitrates, la tolérance au stress, la régulation des hormones et l’augmentation du rendement sont des caractères qui font également l’objet de nombreuses études. » (p.36)

« On rappellera que ce problème fait l’objet d’un débat entre les institutions internationales (FAO/WHO) et les OGN (Greenpeace, Ecoropa…). En effet, ces dernières critiquent le fait que l’on admette la continuité […], tout en vantant le caractère innovant (brevet). » (p.36) => approfondir, c’est évidemment d’une mauvaise fois absolue

Asilomar 1975, récapitulatif : Des biologistes moléculaires menés par Paul Berg écrivent en 1974 une lettre à Science, publiée, pour demander « une pause » au développement du génie génétique au retard du « potentiel destructif » de ces travaux. « Cette suggestion a été analysée lors d’une réunion qui a eu lieu en février 1975 à Asilomar en Californie. » Selon Robert Bud, c’était un « appel sans précédent pour une pause dans le domaine de la recherche jusqu’à ce que celle-ci soit régulée de telle manière que le public n’ait pas besoin d’être anxieux, et cela a, en effet, conduit à un moratoire de seize mois jusqu’à ce que les directives du NIF soient valables au milieu de 1976. » (p.39-40)

« les organismes modifiés ne pouviaent pas être testés en dehors des laboratoires ou d’environnements autorisés. » (P.40)

« En effet, des étudiants ont chanté « nous ne voulons pas être clonés », et Jeremy Rifkin, le leader populiste de l’opposition, s’est élevé contre le génie génétique. » (p.41)

La polémique sur les PGM est beaucou plus récente. « En effet, en Europe, l’ensemble des spécialistes s’accordent pour dater l’irruption des PGM à la une des médias au mois de novembre 1996. » (p.42-43)

« Certes, quelques groupes activistes, dont Greenpeace, orientent leurs actions sur les OGM. Mais ils n’ont en ce domaine aucune crédibilité et ne bénéficient que d’un écho limité. Le dossier des OGM est technique et il est principalement traité parles journalistes scientifiques qui ont, par formation et par culture, une attitutde plutôt positive aux innovations technologiques. » (p.43)

« de 1996 à 1997 trois événements vont projeter le dossier sur la scène publique. »

  • Un « appel pour un contrôle des applications du génie génétique » d’un groupe de scientifiques et de professionnels de santé menés par le botaniste Jean-Marie Pelt.
  • « Mais l’événement le plus marquant est sans doute l’arrivée des premières cargaisons de soja modifié dans le port d’Anvers en octobre 1996 » => une du 1er novembre de Libération titrant « Alerte au soja fou » (p.43)
  • ?

« Grâce à Ecoropa et à Greenpeace, les PGM sont immédiatement présentées sous un aspect catastrophiste, grâce aux journalistes, elles sont tout de suite assimilées à ‘une crise alientaire’. » (p.44)

« une étude quantitative sur les occurences des termes les plus fréquemment associés au mot « OGM » dans la presse écrite a permis de montrer que l’association vache-folle-OGM revenait plus de 461 fois » (p.44)

« En effet, certains politiques n’hésitent pas également à propager l’amalgame, en parfaite connaissance de cause. » (p.45) => Prend l’exemple de Corinne Lepage : « L’absence de développement de filière de soja non OGM en France, en Europe ou même ailleurs, menace de nous faire tomber de Charybde en Scylla, du risque des farines à celui des OGM. Enfin, et surtout, l’omerta qui lie dans une forme de pacte implicite l’industrie agroalimentaire et les pouvoirs publics est à dénoncer… »

Décrit les différences entre OGM et vache folle :

  • La technologie
  • La nature du risque (avéré dans un cas, hypothétique dans l’oautre)
  • La vause du risque, la crise de la vache folle portant sur une malfaçon d’un industriel (p.45-46)

« Le nucléaire est perçu comme un agent subversif à l’origine d’une lente contamination de l’ensemble de la planète. » (p.50)

Tournant dans les années 50 de l’image du nucléaire. (p.49-50)

« la peur suscitée par le nucléaire et la montée en puissance des mouvements d’opposition a été postérieure à la mise en place de la technologique, alors que dans le cas des PGM, ces phénomènes ont été simultanés » (p.50)

« Derrière le rejet de cette technologie, c’est un rejet de la société et des valeurs qui se trouve à son origine. Mais cette comparaison entre la peu du nucléaire et la querelle des PGM reste purement formelle étant donné qu’il s’agit de deux technologies différentes et que les risques potentiels évoqués dans la transgenèse végétale n’ont rien à voir avec les dangers avérés du nucléaire. » (p.51)

Différence mais hybride/de pays p.52-53 : + d’engrais de semence et de profits sanitaires, se sème plus tot, génère moins de fourrage. Mais le surcout est « négligeables par rapport aux rendements ». malgré des réticences, concerne 80% des agriculteurs du Sud-Ouest en 1958 (p.54)

« Mendras explique le phénomène d’adoption par l’efficacité d’une campagne cohérente de vulgarisation entreprise vers 1950 par les services agricoles et les organisations professionnelles : ainsi, on a distribué des subventions, des crédits à l’innovation ; on a organisé un système de ramassage par le biais des coopératives ; enfin, on a fait la réclame de la technique dans la littérature spécialisée et organisé des réunions. En outre, de nombreux agriculteurs sont allés voir des champs voisins et ont pu effectuer des comparaisons, et ce, majoritairement après 1956. » (p.54)

« ne seront considérées comme controverses que les querelles qui portent sur ‘les faits et leur interprétation’ sans y inclure d’attaque ad hominem contre les scientifiques qui les ont émises […]. La polémique, elle, sera au contraire définie comme ‘une attaque personnelle contre quelqu’un et les valeurs qu’il représente’. » (p.59)

« Ces deux cultures dont parle Roy renvoient respectivement aux ‘disciplines de ‘ingénierie génétique et de la biologie moléculaire’ et aux ‘domaines de recherche centrés sur les sciences de l’environnement comme l’écologie ou la génétique des populations’. » (p.61)

Etude de M.J. Crawler et al.  » Ecology of transgenic oiseed rape in natural habitats », Nature, 363, 1993, p.620-623 => plantes OGM ne sont pas moins vigoureuses (= risque de contamination) (p.62) => Controverse Crawler-Miller

Publication dans Nature d’un article critiquant le Principe d’équivalence

« Les auteurs basculent alors dans la polémique en affirmant que les États […] ont préféré laisser plus de liberté aux firmes agro-alimentaires. En conclusion, les scientifiques en déduisent non seulement que le principe d’équivalence en substance est un ‘pseudo-concept scientifique’ mais qussi qu’il s’agit d’un concept ‘antiscientifique’ qui empêche la recherche. » (p.66)

« Nordlee et al. « Identification of a Brazil-Nut allergen in Transgenic Soybeans », The New England Journal of Medecine, vol. 334, 688-89, 14 mars 1996, n°11

Congrès organisé par la FAO entre le 22 et 25 juin 2001

Affaire Starlink : Du maïs Starlink s’est trouvé dans les Taco Bells et Kraft Food a du les rappeler en 2000 à la demande de l’EPA car il serait lié à des allergies, après un débat entre tous les acteurs (incluant Greenpeace et Friends of the Earth). (p.74)

« LAST year, with five million people in Kenya facing starvation because of a severe drought, opponents of agricultural biotechnology urged the Kenyan government to reject corn donated by the United States and Canada because some of it was genetically modified. And when the United States sent corn and soy meal to India after a 1999 cyclone that killed 10,000 people, a prominent biotech critic in that country accused Washington of using the cyclone victims as  »guinea pigs » for bio-engineered food. » (Andrew Pollack, https://www.nytimes.com/2001/02/04/weekinreview/ideas-trends-a-food-fight-for-high-stakes.html)

« le risque d’allergie a été particulièrement remarqué pour les OGM, alors qu’il n’a jamais attiré l’attention du piblic pour les aliments nouveaux. » (p.76) Lire « Risques et bénéfices de la transgenèse vis-à-vis de l’allergie » de D.A. Monneret-Vautrin => reconnait l’existence de ce risque mais qualifie l’affaire Starlink de « fantasme »

« Ces remarques ont confirmées par un avis de la société américaine de toxicologie datant de 2002 qui affirme que, malgré le manque de connaissances au sujet du devenir de l’ADN dans le système digestif des mammifères, on peut dire que les risques issus d’une quantité croissante de matériel transgénique dans l’alimentation ou d’une toxicité directe, restent relativement faibles. » Voir « Society of Technology, Position paper, 25 septembre 2002)

Sur la résistance antibiotique, « la controverse […] trouve son origine en France au travers d’un article de Patrice Courvalin qui a pru dans le magazine La Recherche en 1998. » « Plantes transgéniques et résistance aux antibiotiques », La Recherche n°309, 5/1998

« le risque de transfert des plantes vers l’organisme ou le sol est négligeable, étant donné la très faible probabilité de sa survenue » Berche, professeur à l’hopital Necker, p.81

« On estime l’excrétion quotidienne dans la nature par un individu sur deux, de 5 à 50 milliards de colibacilles porteurs de gène bla [= de résistance antibio]. Aucune étude n’aurait permis de détecter l’existence d’un transfert horizontal de gènes depuis les végétaux vers les bactéries du sol parmi les PGM. » (p.81-82)

Voir Francine Casse, Le maïs et la réisstance aux antibiotiques, La Recherche, n°327, 2000, p.35

Interdiction des marqueurs de résistance aux antibiotiques par la directive européenne 2001/18/CE à compter de 2004.

« Né dans les années 1970 en Allemagne, le principe de précaution a été consacré en 1992 à Rio. » (p.87)

Voir le Rapport de l’OPECST à la suite du débat sur les OGM et les essais au champ, de Christian Babusiaux, Jean-Yves Le Déaut, Didier Sicard et Jacques Testart, 2004

« L’inversion de la charge de la preuve dans l’interprétation que [Olivier] Godard impute à Greenpeace conduirait à une règle de l’abstension. » (Catherine Larrère et Raphaèle Larrère de LINRA, « Les OGM entre hostilité de principe et principe de précaution », Courrier de l’environnement, n°43, mai 2001 (p.88)

« Nous n’avons fait qu’appliquer le principe de précaution en arrachant les pieds de maïs qui menacent les cultures conventionnelles. » (José Bové, cité par Albertini et Barroux, « Les « faucheurs » d’OGM revendiquent leur « culpabilité citoyenne » », Le Monde 7 aout 2004) (p.89)

« La bactérie Bt […] a été utilisée depuis les anées 1970 dans le cadre de la lutte biologique contre les insectes. Le premier gène de d-endotoxine a été cloné en 1981. […] Avant sa mise sur le marché, le maïs Bt a subi plus de 1024 essais en champ, et ce dès 1986. » (p.90)

« Jusqu’à présent, les études faites en laboratoire n’ont pas démontré la possibilité de sélectionner de populations résistantes. pourtant, ce risque est pris très au sérieux, surtout par les promoteurs de la technologie. » (p.91) Décrit ensuite les stratégies précaunisées pour éviter les résistances. Promotion de l’ « Insect Resistance Management »

« D’après le CFS (Center for Food Study), une association de consommateurs, l’EPA n’aurait pas à sa disposition toutes les bonnes informations pour autoriser les semences Bt. » (p.96) »Environmental protection Agencc RE: Docket No. 00678B, 30 August 2001

« La controverse sur le risque d’apparition de la pyrale résistance à Bt vérifie donc parfaitement notre hypothèse de départ : la lecture du principe de précaution jour un rôle implicite dans la position adoptée par l’expert au sein de la controverse. […] Il existe clairement deux usages distincts du principe de précaution : un usage que l’on peut appeler « technique positif » et un autre usage que l’on appellera « critique négatif ». Alors que le premier accompagne la technologie dans ses différentes applications et établit des règles qui permettent d’institutionnaliser son développement, l’autre se fixe pour objectif de stopper définitivement la progression de celle-ci en exigeant le suivi de règles difficilement applicables telles que la possibilité de prouver le risque « 0 », par exemple. » (p.97-98)

Rapport BRAD : « Bt Plant-Incorporated Protectants, 29 september 2001, Biopesticides Registration action »

Voir Jane Rissler et Margaret Mellon, Union of Concerned Scientists, Comments to the Environmental Protection Ageny on the Renewal of Bt-Crop Registrations, docket OPP-00678B, september 10, 2001

« Tout a commencé lorsque John Losey a publié une lettre pour résumer les résultats de ses expériences sur les effets non intentionnels du maïs Bt dans la rubrique news du gjournal Nature du 20 mai 1999. J.E. Losey et al. nature, 399, 1999, 214

Pew initiative on food and biotechnologie, « Three Years Later : Genetically Engineered Corn and the Monarch Butterfly Controversy » => Premiere étude très incomplete, trouvant une surmortalité (44%) des larves exposées aux pollens de maïs Bt. Dans le même temps, expérience de Jesse et Obrycki qui observent la même chose (19%).

« Charles Benbrook ayant fait de la contestation des avantages agronomiques de la transgenèse végétale sa spécialité » (p.110) => écrit un rapport fallacieux rédigé « à la demande de l’UCS« (Union of Concerned Scientists) concluant que les traitements de la pyrale ont augmenté avec le mais Bt. (p.111)

« Les critiques, eux, n’ont pas pris la peine de vérifier si la promesse pouvait être suivie d’effet, allant jusqu’à faire pression sur les gouvernants de certains pays pour qu’ils refusent l’aide qu’on leur proposait. » Ref à https://www.nytimes.com/2001/02/04/weekinreview/ideas-trends-a-food-fight-for-high-stakes.html (p.115)

Idée que les OGM peuvent aider les pays en voie de dévleoppement

  • Conférence organisée en 1999 par le NAS et le CGIAR (Persley et Lantin, « Agricultural Biotechnology and the poor »
  • Rapport commissionné par l’UNDP « The Human Development Report 2001 », Oxford University Press 2001

« Dans un exposé réalisé lors d’une conférence internationale par l’association écologiste Frends of the Earth, Peter Rosset, PhD et codirecteur de l’institut Food First, affirme que la transgenèse végétale n’a aucun rôle à jouer dans la résolution des problèmes des PVD. » (p.118) Ref à « Genetic Engineering of Food Crops for the Third World : An appropriate Response to Poverty, Hunger and Lagging Productivity ? » dans « Proceedings of the international conference on sustainable agriculture in the new millenium »

« Ce texte de Peter Rosset résume parfaitement la critique des opposants à la technologie. […] En fait, on comprendra que la controverse sur la transgenèse végétale est, une fois de plus, un prétexte pour faire la promotion d’un modèle économique et social basé sur les concepts de la philosophie environnementaliste et cirtiquer le modèle proposé par la « civilisation des biotechnologies ». » (p.119)

Affaire Arpad Pusztaï en 1995 (p.124), développée plus loin

« Avant même qu’il ne se soit plié à la tradition de la revue des résultats de ses expériences par les pairs, Puszaï en a dévoilé une partie lors d’un plateau TV en aout 1998 et provoqué un scandale en déclarant « Nous sommes tous des cobayes. »

Description des critiques faites à l’étude (p.125-126)

« Alors que les « controverses » sont constituées par l’ensemble des discours contradictoires qui portent sur l’évaluation des risques et des avantages, que ceux-ci soient sanitaires, environnementaux ou socio-économiques, la polémique, elle, peut être définie comme l’ensemble des discours contradictoires qui opposent les acteurs et leurs valeurs. » (p.127)

« Greenpeace n’est pas opposé a priori à ces applications du génie génétique, à condition évidemment qu’il n’y ait pas diffusion de ces organismes génétiquement modifiés dans l’environnement. Nous sommes résolument opposés à la dissémination des OGM dans la nature, à cause des dangers que cela représente. » (p.131)

« Jusqu’à l’avènement du génie génétique, l’améliroation des plantes, qui est en soi quelque chose de tout à fait légitime, respectait ce que nous appelons l’ « ordre de la nature », puisqu’elle était contrainte par la reproduction sexuée des plantes et par la notion d’espèce. » (p.131)

« La stratégie de Greenpeace consiste donc à stimuler le doute et la peur. Il s’agit non pas de discuter les éléments qui sont discutables, mais de les extrapoler en les interprétant au travers d’une idéologie aux accents technophobes qui reposent sur des principees environnementalistes. L’objectif est d’enflammer le débat. » (p.132)

Exemple d’une publicité d’avril 2003 où un parachutiste s’empale sur un épi de maïs « Mais jusqu’où iront-ils pour rendre le maïs plus résistant ? » (p.133)

« Elle juge les instances politiques (« Le Conseil d’État autorise le maïs transgénique. Après la démission du politique, la démission du juridique ! » 21 novembre 2000) et attribue des récompenses (« Maïs transgénique : Greenpeace slaue la décision du Conseil d’État et appelle une solution politique », 11 décembre 1998). » (p.133)

« On pourrait caractériser cete activité de lobbying, sauf qu’il ne s’agit pas ici de négociation mais de chantage : « terrorisme » serait donc une qualification beaucoup plus juste. » (p.134)

« En fait, après avoir pris position au dessu des autorités politiques, il s’agit de s’installer au-dessus des compétences scientifiques en place. » (p.134) ; Recours à un cabinet de consultants pour dissuader les gens d’investir dans Monsanto.

Description des attaques contre Auchan, allant jusqu’à faire l’éloge d’un concurrent. (p.135-137)

Discussion de la communication de Monsanto (p.137-146) Met en évidence leur naiveté (il suffirait d’informer)

Analyse sémantique du traitement médiatique des OGM

« Deux fois plus d’articles sur les PGM, emploient le mot « risque(s) » (soit 697) plutôt que le mot « progrès » (soit 300) et presque huit fois plus que le mot « bénéfices » (soit 91). » (p.148)

« Un nombre excessivement grand (461) d’articles associent les PGM à la vache folle, ainsi qu’à d’autres crises alimentaires et technologiques (nucléaire, sang contaminé …) […] L’omniprésence des principaux activistes anti-PGM, « José bové » et « Greenpeace » est flagrante : ils sont cités dans 27% des occurences. Il s’agit d’une sorte de feuilleton médiatique. Les journalistes peuvent ainsi alimenter un lectorat demandeur : on est dans le domaine de l’information spectacle. [Ainsi lors de la Conférence de presse donnée par le député Jean-Yves Le Déaut à l’Assemblée nationale en avril 2005, on a été surpris d’observer que les trois quarts des journalistes nt quitté la salle en même temps que José Bové qui est parti une heure avant la fin, après avoir proféré des menaces devant toute l’Assembleé.] » (p.149)

« Un article catastrophiste d’Hervé Morin dans Le monde regroupe toutes les problématiques attenantes au sujet (résistance à la pyrale, Losey, perception par l’opinion britannique…); le traitement de l’article de Losey proprement dit, représente 21 lignes. » (p.151)

« Un autre article sur « Les miracles des sorciers de la transgenèse végétale » signé de Vincent Tardieu, tente de démontrer que les chercheurs étaient « naïfs mais de bonne foi » et « les entreprises de biotechs, comme des « philantropes d’opérettes » dont la stratégie se réduit à une vaste opération publicitaire ; le journaliste s’acharne sur le fait que si Monsanto et zeneca ont cédé leurs brevets, c’est uniquement pour redorer l’image des PGM. L’apport en vitamine A serait également insuffisant (0,033mg/0,35mg), et le fait qu’il existe d’autres plantes riches en vitamine A (coriandre, curry, épinards ou mangues) devrait pouvoir servir à faire l’affaire. En conclusion, l’auteur traite vaguement du problème de la biodiversité. L’article en apparence détaillé énumère non pas les inconvénients mais les reproches que les associations écologistes portent à l’égard du riz doré. » (p.157)

Jacques Testart « Les OGM, un vandalisme libéral »

« Il est vraiment frappant de constater que les journalistes préfèrent affirmer qu’il faut manger une quantité incroyable de riz pour que celui-ci soit efficace, plutôt que de dire que celuici n’et pas encore commercialisé, parce que les recherches se poursuivent pour augmenter la production en B-carotène. » (p.160)

« Le média est source d’information pour son public propre, mais aussi lieu de réaffirmation des valeurs de ce même public ; il est porteur de nouvelles interrogations mais aussi dépositaire d’éléments constitutifs du lien social de son lectorat. » (p.164) Citation de Cheveigné, Boy et Galloux « Les biotechnologies en débat, pour une démocratie scientifique »

« Ainsi, comme on a pu le voir, Greenpeace remet systématiquement en cause l’ensemble de la technique de la transgenèse avec pour seul argument qu’il s’agit de « quelque chose que la nature ne fait pas ». […] À aucun moment on ne constate la volonté de proposer une critique constructive fondée sur une comparaison des risques et des avantages. La critique de la transgénèse sert de prétexte pour réfuter l’ensemble du système des biotechnologies, définies ici comme un mode d’industrialisation du vivant, et imposer en échange un mode d’agriculture dit « biologique ». Ce discours idéologique s’exprime, dans sa forme la « moins agressive », par une stratégie de déstabilisation de l’image des chercheurs, des industriels et de certains politiques au regard de l’opinion publique (campagnes de communication de Greenpeace, contre-expertise du Crii-gen ou d’Ecoropa). Dans sa forme la plus violence, elle est une action « terroriste » qui se manifeste par la destruction des expérience, aussi bien en laboratoire que dans les champs : c’est la stratégie desm ilitants de la Confédération paysanne, le syndicat de José Bové qui a fait sien l’acte « barbare » des fauchages. » (p.173-174)

« le 14 avril 1992, à la fin de la Coférence de Rio, l’Appel de Heidelberg a été signé par 425 membres de la communauté intellectuelle. […] « Nous exprimons la volonté de contribuer pleinement à la préservation de notre héritage commun, la Terre. Toutefois, nous nous inquiétons d’assister, à l’aube du XXIe siècle, à l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social. » Après avoir critiqué l’ « État de nature » tel qu’il est idéalisé par certains mouvement set rappelé qu’ils adhéraient aux grands principes de l’écologie scientifique et soutenaient « le contrôle et la préservation des ressources naturelles », les chercheurs insistent sur le fait que le respect de ces principes ne peut être fondé que « sur des critères scientifiques t non sur des préjugés irrationnels ». […] et l’écologie scientifique est le prolongement d’un progrès constant « vers des conditions de vie meilleures pour les générations futures ». » (p.180)

« Cette réflexion sur la notion d’idéologie nous démontre clairement que l’on doit dépasser les catégories d’irrationnel et de rationnel pour penser la querelle des PGM. On n’a pas d’un côté des partisans qui argumenteraient avec une pensée logique, et de l’autre des opposants qui se contenteraient de croyances et de superstitions. » (p.183)

« Dominique Lecourt […] distingue « biocatastrophistes » et « technoprophètes ». » => relativisme (ref à « Comment faire la part entre les bienfaits et les méfaits del a science », dossier « Ceux qui pensent autrement » Les Echos décembre 2003

« Il existe dans la nature de nombreux transferts de gènes par l’intermédiaire de virus. » (p.185)

« La barrière naturelle des espèces et l’ordre naturel du vivant, sont deux garde-fous à l’encontre desquels le biotechnicien ne peut pas aller. on observe au travers de ces deux concepts une véritable sacralisation du vivant. Et la pensée naturaliste a tendance à faire de la nature un absolu. Cet argument peut avoir une portée quasi religieuse. C’est en tout cas en ce sens que le botaniste Jean-Marie Pelt l’emploie. » (p.187)

« Selon lui, la transgenèse est définie comme une « transgression » qui va à l’encontre de principes éternels établis par les mythologies les plus anciennes : « L’idéologie du mélange sans limite prend à revers toute la tradition occidentale. Qu’il s’agisse des audaces de Prométhée dans la mythologie grecque ou de l’exclusion du jardin d’Éden, relatée dans le livre de la Genèse, on assiste toujours à la même mise en garde : Ne franchissez pas la ligne, sinon, il risque de vous en cuire ! » (ref à la p.42 du livre du biologiste) (p.187)

« Que l’on fasse « passer 100 000 gènes inconnus d’un âne à un cheval et 20 000gènes tout aussi inconnus d’une céréale dans une autre » ne choque personne ; alors que « transférer un seul gène connu, dont les effets sont en grande partie définis serait dangereux. Cette attitude se révèle pour le moins paradoxale. » (p.192), citant Houdebine « OGM, le vrai et le faux »

« A la suite de l’analyse des présupposés idéologiques, on pourrait conclure que le refus de la stransgénèse est fondé sur la critique et le rejet d’une vision mécaniste du monde. » (p.205)

« Marc Dufumier […] distingue ainsi deux modes d’agricultures : « L’une qui s’adapte aux écosystèmes, l’autes avec un nombre très limité de variétés standard, tente d’adapter les écosystèmes et consomme beaucoup d’intrants. La première est celle des paysans, la seconde est celle de l’industrie agroalimentaire. » (p.207), référence à « Quelle recherche agronomique pour nourrir le Sud ? » 2003

Exemples d’échanges de gènes entre espèces : 217-218

Il prone l’utilisation d’un « principe de cas par cas » (p.250-282)

« Au nom d’un principe de précaution érigé en dogme quasi-religieux, les anti-OGM voudraient sanctuariser l’Europe. Ils rappellent ces scientifiques de l’Académie de médecine, au début du XIXe siècle, qui voulaient arrêter l’essor du chemin de fer sous prétexte que le défilement accéléré du paysage risquait de provoquer des décollements de la rétine. » (p.283-284)