Mélenchon, nature « religieuse » de l’antisémitisme, Histoire [24/08/2024]

Jean-Luc Mélenchon a eu une intervention aux AMFIS, l’université d’été de La France Insoumise, extrêmement instructive, dont un élément a été relevé par Coharens : il aurait qualifié la Shoah de « massacre d’une population à cause de sa religion » et il l’aurait déjà fait dans le passé.

Nous allons montrer la place de ce propos dans le discours antisémite des pseudo-écologistes.

Relativisme de l’antisémitisme

La citation exacte est : « Et puis, il y a eu la Shoah dans la deuxième guerre mondiale. C’est-à-dire le massacre d’une population désignée à cause de sa religion.« 

Il y a plusieurs choses à commenter. D’abord, le plus évident : l’inversion victimaire.

« à cause », une inversion victimaire

C’est le plus qui saute au yeux, ces deux petits mots, glissés discrètement : ce serait à cause de sa religion que la population en question aurait été désignée.

Comme si sa religion était effectivement quelque chose de tellement honteux qu’elle aurait justifié la dite désignation.

Cela peut sembler surinterprété à ceux qui n’étudient pas le personnage et sa rhétorique, ou qui croient encore qu’il lui reste une once d’intégrité. C’est pourtant évident quand on les connaît.

La Shoah, un fait religieux

Le second aspect, relevé par plusieurs twittos, est la réduction de l’antisémitisme nazi à un phénomène religieux. Jean-Luc Mélenchon l’avait déjà fait en 2021.

  • https://x.com/treadstone78651/status/1827314814508556658
  • https://x.com/cohaerentiaT/status/1827108391489302616
  • https://x.com/LobmS_Y/status/1827433876014190761

Mais, pourquoi c’est grave ?

C’est que cela neutralise en fait l’antisémitisme, le réduisant à une simple haine religieuse.

Il s’agit :

  • d’une part de dissimuler la complexité de l’antisémitisme et, surtout, ce qui va ressortir de plus en plus, sa dimension entrepreneuriale ;
  • d’autre part mettre l’antisémitisme au même niveau que « l’islamophobie » et construire une sorte d’équivalent : « voilà il y a des torts des deux côtés, balle au centre ».

C’est la stratégie du relativisme et comme le souligne Cohaerens, du révisionnisme (la réappropriation trompeuse de l’histoire).

C’est déjà un point très intéressant, mais comme il le dit : « Tout le speech est délirant ». C’est un euphémisme …

Appropriation de l’Histoire et diabolisation de l’Occident

Reprenons donc son discours depuis le début :

« La question de Gaza, la question du génocide du peuple palestinien, prend une place qui n’est pas que Moyen-orientale, qui n’est pas que palestinienne, mais qui concerne l’humanité dans son entièreté. Pourquoi ? Parce que chaque guerre reprend le pire de la précédente. Nous avons vu que la Première Guerre Mondiale était une guerre industrielle.

La deuxième, parce qu’on a mis en mouvement tout ce qu’on possédait, la deuxième est devenue une guerre totale, parce qu’on avait déjà commencé dans la première. Guerre totale, ça veut dire que la guerre n’a plus lieu, comme c’était la tradition dans le passé entre militaires, mais c’est une guerre qui se mène contre les civils.

Et c’est pourquoi le tableau de Pablo Picasso est devenu en quelques sortes un symbole de la deuxième guerre mondiale, c’est-à-dire le massacre d’une population, qui ensuite est devenu une mode ordinaire. Y compris, quand il s’est agit d’abattre et de casser le système nazi, qui était certes à l’agonie, mais Dresdes et sa population ne méritaient pas 5 jours de bombardements. Mais Hiroshima ne méritait pas les 300 000 morts qu’on y a fait. Et Nagasaki non plus. Et ainsi de suite. Chacune reprend le pire.

Les génocides, les ethnicides ont commencé recemment ici, là, observés à tel ou tel endroit. Et puis, il y a eu la Shoah dans la deuxième guerre mondiale. C’est-à-dire le massacre d’une population désignée à cause de sa religion. « 

Ici, Jean-Luc Mélenchon adopte la « posture du sachant » : grand connoisseur de l’Histoire, il nous expliquerait un de ses grands axes du haut de sa connoissance.

Il se place dans une optique purement centrée sur l’Europe, un peu comme si les guerres et les génocides avaient été inventés à l’ère industrielle, plus ou moins directement (beaucoup imputent le génocide rwandais à la France) par les européens.

C’est le premier jalon d’un élément qui va beaucoup revenir : la diabolisation de l’Occident.

Enfin, il diabolise le bombardement d’Allemagne et l’emploi des bombes nucléaires.

Vous l’aurez reconnu : c’est le discours de la pseudo-alternative. « On aurait pu faire autrement ». Il n’en sait absolument rien, c’est probablement faux, mais il va l’affirmer de manière péremptoire pour produire un effet et, au passage, dénigrer l’Occident et potentiellement flatter les néo-nazis (rappelons que la position de la LFI sur Israël est extrêmement proche de celle d’Alain Soral et que David Guiraud a déjà admis que ce dernier avait été un exemple).

Ce propos répond à une critique, soulignant que le bombardement de Gaza était beaucoup moins sévère que le bombardement des alliés. Ici il rebondit en fait dessus, en répondant en substance que les Alliés avaient tort.

« Et maintenant voici que nous arrivons au génocide ethnicide : une population qui à un endroit doit être rayée de la carte. Et bien je dis que l’humanité toute entière est concernée par ce qui se passe là, parce que c’est elle toute entière qui est mise en danger, partout où il y a un conflit de frontière. Et il y a un conflit de frontière dans une majorité d’états du monde. Et ces conflits de frontière recoupent souvent des délimitations de [?], des délimitations religieuses entre les populations. »

On retrouve le fantasme du passé, un peu comme s’il n’y avait jamais eu de conflit ethnique avant.

Cette réappropriation de l’Histoire n’est pas simple, elle est particulièrement intense : il invente des conneries intersidérales (il n’y a pas d’autres mots) pour imputer les génocides aux Occidentaux et les conflits ethniques aux Israëliens. On devine à travers cette intensité une réalité profonde : le totalitarisme.

Toute l’Histoire doit être réappropriée par le narratif et le soutenir. Le passé n’existe pas, ce qui existe ce sont les discours sur le passé, qui peuvent et doivent être manipulés à volonté pour servir la conquête du pouvoir. Ce que construit Jean-Luc Mélenchon (et la sphère propalestinienne, qui inclut EELV), c’est un totalitarisme.

Et nous allons voir qu’il le comprend bien.

Un allié fervent du Hamas

« Voilà pourquoi, quand on nous dit le règne du double standard, parce que certains ne s’appliquent pas à eux-mêmes ou n’appliquent pas à leurs alliés ce qu’ils réclament aux autres, il faut dire les choses très clairement. Il n’y a pas de double standard. Là où il y a double standard, il y a pas de standard du tout. Ca veut dire que c’est le règne de la force sans limite. Et c’est bien ce qu’a compris Monsieur Netanyahu, car la politique de génocide qu’il mène, il a compris qu’il bénéficiait du silence et de la complicité des pays qui se disent occidentaux et qui sont capables de laisser faire un crime pareil sans rien faire et sans rien dire. Alors que nous pourrions l’arrêter immédiatement s’il y en avait la volonté politique.

Ici, Jean-Luc Mélenchon nous dit des choses très intéressantes sur le double standard, une mécanique récurrente observée chez les pseudo-écologistes : « Là où il y a double standard, il y a pas de standard du tout. Ca veut dire que c’est le règne de la force sans limite. »

C’est absolument ça.

Vous comprendrez la place centrale qu’a cette stratégie dans les discours pseudo-écologistes. D’ailleurs, il nous en fait une démonstration remarquable dès maintenant.

« Pourquoi ? Parce que les nations pourraient cesser d’exporter des armes. Et alors il n’y aurait plus rien pour tuer les gens. Deuxièmement, les nations pourraient interrompre les contrats de coopération qui permettent à monsieur Netanyahu de continuer à avoir une économie même si elle est en très mauvais état.

Oui nous pourrions le faire, oui nous pourrions tous reconnaître l’État de Palestine en exigeant le cessez-le-feu, parce qu’alors nous adresserions un message politique qui pèserait dans le rapport de force, qui serait de dire à Monsieur Netanyahu : la guerre que vous faites ne sert strictement à rien, vous avez plus isolé Israël qu’elle ne l’a jamais été de toute son histoire et vous avez plus fait contre vos propres idées qu’à n’importe quel autre moment. Oui nous reconnaissons l’État de Palestine et nous le faisons tout de suite pour montrer de quel côté nous voulons que l’Histoire avance. »

Ici on a un parfait double standard : en traitant différemment Israël et le Hamas. Mélenchon fait comme si la guerre n’était que de la responsabilité de Netanyahu et ne propose que de faire pression sur Israël. Se faisant, il s’intègre à la guerre aux côtés du Hamas comme force diminuant les capacités d’actions israéliennes.

Ainsi, si nous avions déjà deviné que LFI était un allié du Hamas (et pas juste un « idiot utile ») lorsque, au lendemain du 7 octobre, alors qu’Israël et le monde civilisé était dans un état de stupéfaction, ils appelaient à un cessez-le-feu, ici on en a la preuve.


  • L’intervention globale : https://www.youtube.com/live/JyzQwn2a7Eg