Vandana Shiva : antivaxx, complotiste et diffamatrice décomplexée

Vandana Shiva est une des personnalités les plus consternantes de la pseudo-écologie : alors même qu’elle répète les insanités plus plus délirantes, elle reste invitée par des organisations « ordinaires » de la sphère pseudo-écologiste, comme ChangeNow. C’est une enigme pour moi : comme est-ce possible ? Pour mieux le comprendre, nous allons décrypter ici le système qu’elle a mis en place ces 40 dernières années.

Vandana Shiva : l’histoire

L’histoire même de Vandana Shiva est sujette à caution. Elle a dit et répété de nombreuses fois des mensonges évidents, dont deux sont particulièrement importants : sa formation et la réunion de 1987. D’autres points tendent à varier comme ses motivations.

Famille

Vandana Shiva, née le 5 novembre 1952 à Dehradun, au nord de l’Inde, au pied de l’Himalaya dans une famille Brahmane. Son père était un garde forestier du gouvernement et sa mère était inspectrice d’école à Lahore.

Une licence de physique et un doctorat de philosophie

Elle a obtenu une licence de « Bachelor of science » (= physique ?) en 1972 et aurait obtenu un master en 1974 (d’après la notice FR). Après un bref passage au Centre de recherche atomique de Bhabha, elle aurait déménagé au Canada pour poursuivre une maîtrise en philosophie des sciences à l’Université de Guelph. Elle obtient une thèse de philosophie en 1977.

Elle est souvent présentée comme ayant un doctorat en physique quantique, par exemple à ChangeNow, où l’animatrice va même jusqu’à lui donner du « Docteur », mimant les show américains les plus médiocres. Visiblement, certains seraient même allé jusqu’à la présenter comme « one of India’s leading physicists » (1).

Premiers engagement éco-activistes et nébuleux débuts

L’obscure réunion à la fin des années 80

Vandana Shiva fait souvent référence à une réunion ou une conférence en 1987 dans laquelle des industriels des biotechnologies auraient révélé leurs terribles plans pour l’agriculture. Dans un livre de 2014, cette « réunion » aurait eu lieu dans le village de Megève en Haute-Savoie regroupait « plus de 28 intervenants » et « avait pour but de discuter de l’impact des nouvelles biotechnologies et des brevets. » V. Shiva serait venue pour accompagner sa soeur médecin.

« Vandana Shiva découvrit le plan machiavélique mis en place par les organisations agroalimentaires : « prendre le contrôle des semences grâce au brevetage et aux OGM, vendre aux paysans du monde entier ce que la Terre leur offre gratuitement – les graines – et se rapprocher pour former un oligopole constitué de cinq grands groupes capables d’influencer largement, voire de déterminer les décisions des gouvernements et des institutions internationales » (Astuc, 2014) » (4)

Le narratif change selon l’occasion. Par exemple, au journaliste du New Yorker (1) :

“In the late eighties, I went to a conference on biotechnology, on the future of food,” she said. “There were no genetically modified organisms then. These people were talking about having to do genetic engineering in order to take patents.

“They said the most amazing things,” she went on. “They said Europe and the U.S. are too small a market. We have to have a global market, and that is why we need an intellectual-property-rights law.” That meeting set her on a new trajectory. “I realized they want to patent life, and life is not an invention,” she said. “They want to release G.M.O.s without testing, and they want to impose this order worldwide. I decided on the flight back I didn’t want that world.”

Dans le Telegraph (2) :

She had decided to campaign against the introduction of genetically-modified seeds into India in 1987 after she attended a conference at which agricultural chemicals industry representatives said they would « take patents on seeds so they could collect royalties from every farmer, in every season, in every country of the world », she said in the Asian Age newspaper.

Ses structures

Dès 1982, Vandana Shiva a eu la fibre entrepreneuriale, créant sa structure pour se donner de l’envergure et héberger ses activités: la Research Foundation for Science, Technology and Ecology. Plus tard, en 1991, elle crée son entreprise : Navdanya.

1999 : parfaite inhumanité

« In 1999, ten thousand people were killed and millions were left homeless when a cyclone hit India’s eastern coastal state of Orissa. When the U.S. government dispatched grain and soy to help feed the desperate victims, Shiva held a news conference in New Delhi and said that the donation was proof that “the United States has been using the Orissa victims as guinea pigs” for genetically engineered products. She also wrote to the international relief agency Oxfam to say that she hoped it wasn’t planning to send genetically modified foods to feed the starving survivors. When neither the U.S. nor Oxfam altered its plans, she condemned the Indian government for accepting the provisions. » (1)

Au fil de sa carrière, elle a obtenu plusieurs récompenses de l’écosystème altermondialiste :

• 1993, Right Livelihood ou Prix Nobel Alternatif
• 2010, Sydney Peace Prize
• 2012, Fukoa Asian Culture Prize

Revers en Inde

Les services secrets Indiens ont diffusé en 2014 un document révélant que plusieurs ONG financées par l’étranger impactaient négativement le développement économique, évaluant l’impact négatif sur le PIB à 2 à 3 % par an. Outre les ONG, dont Greepeace, ils ciblaient spécifiquement Vandana Shiva, présentée par le Telegraph comme une conseillère du prince Charles, avec lequel elle collaborerait depuis leur participation aux Reith Lectures en 2000. Le rapport soulignait le financement de son entreprise, Navdanya, comme cible des donations étrangères et son rôle comme consultante pour Greenpeace Australia. Le gouvernement indien avait banni le financement international de ces organisations. Évidemment, elle s’est défendue en se victimisant, accusant le rapport d’être « biaisée » en faveur des compagnies étrangères. (2)

Une activité lucrative

Outre ce rapport, il a été prouvé, encore en 2014, qu’elle est extrêmement bien payée pour ses conférences. En 2014, une entreprise commercialisant ses prestations annonçait un prix de 40 000$ plus le trajet en avion en classe affaire. (2)

Selon la Students for Sustainable Stanford, qui l’avait invitée en 2020, ses frais s’élevant à 8500$ se limitaient au voyage, au logement et à un plus pour son « organisation de charité ».

Sri Lanka : un désastre attendu

Influencé notamment par Vandana Shiva, le président du Sri Lanka, gotaya Rajapaksa a annoncé sa volonté de rendre « bio » l’agriculture de son pays sur dix ans, mais a brutalement interdit les fertilisants de synthèse en 2021.

Cela aboutit immédiatement à un désastre : l’industrie du thé, une des principales productions du pays, expérimentant une perte de 425M$ et la nourriture se fit rare. Une révolte éclate en mars 2022, moins d’un an après l’interdiction et force le Président à fuir le pays. L’interdiction des engrais de synthèse a été levée. (5)

Sa désinformation pseudo-écologiste

L’activiste génère une désinformation évidente, frontale, dont le « debunk » est tellement facile qu’on se demande pourquoi il est nécessaire en premier lieu. Ses discours sont un gloubi boulga de propos inspirationnels, d’exagérations délirantes. Ici nous ne commenterons que les principaux éléments informationnels qui s’inscrivent dans le cadre « normal » de la pseudo-écologie. Cette désinformation porte sur plusieurs choses : les semences en général, les OGM et les engrais.

Sur les semences en général

Ce discours est d’ailleurs faux en Inde, le « Farmers Rights Act » de 2001 guarantissant le droit de « sauvegarder, utiliser, replanter, échanger, partager ou vendre » ses semences. Cela n’empêche que « les agriculteurs, même de petits champs, choisissent des semences neuves chaque année, qu’elles soient génétiquement modifiées ou non, parce qu’elles assurent de meilleurs rendements et de meilleurs profits. » (1)

Sur les OGM

Dans un meeting à winnipeg, le 29 mars 2014, elle a accusé le glyphosate et les OGM de causer l’autisme, les problèmes rénaux, le diabète et Alzheimer, présentent ces liens comme un fait établi. (1)

Elle accuse aussi les OGM d’avoir poussé de nombreux fermiers indiens au suicide. Elle va jusqu’à parler d’une « suicide belt » pour la région concernée et d’un « génocide ». Elle aurait déclaré que 284 000 fermiers se seraient suicidés parce qu’ils ne pouvaient pas payer la semance OGM de coton BT. L’accusation concerne surtout Monsanto et a été largement reprise. Ainsi, un documentaire entier, « Bitter seeds » accuse Monsanto d’être responsable du suicide de nombreux agriculteurs. Idem de Paul Ehrlich. (1)

Elle accuse le prix des semences de coton BT d’avoir été multiplié par 8000% entre 2002 et 2014. « En réalité, le prix des semences modifiées, qui sont régulés par le gouvernement, ont chuté de manière constante. […] D’après l’International Food Policy Research Institute, les cultivateurs de coton BT dépensent au moins 15% de plus en semences, mais leurs dépenses de pesticides sont 50% moins élevés. Depuis que cette semence a été introduite, les rendements ont augmenté de plus de 150%. » (1)

Pourtant, l’OMS n’aurait pas observé d’augmentation de taux de suicide chez les agriculteurs indiens, qui serait du reste moindre que chez le reste de la population. En fait les données indiqueraient le contraire: « L’évolution des taux de suicide au cours des quinze dernières années est cohérente avec l’effet bénéfique du coton Bt pour l’Inde dans son ensemble, mais peut-être pas dans tous les États producteurs de coton. » (1)

Sur les engrais

Elle est évidemment contre les engrais. Elle déclare en 2011 que ce sont des « armes de destruction massive » et que « leur usage est comme la guerre, car ils viennent de la guerre ». (1) Outre l’exagération délirante, c’est faux. Ainsi, le processus Haber Bosch permettant les engrais azotés a été inventé avant les Grandes Guerre et, s’il a effectivement aussi été utilisé pour faire des explosifs, il ne venait pas « de la guerre ».

Bien sûr, elle ne dit pas pourquoi les engrais chimiques seraient différents des engrais organiques.

Son obsession contre Bill Gates

Il y a dans ses discours une réelle obsession, d’abord contre Monsanto, puis depuis quelques années maintenant, contre Bill Gates.

Un engagement pro palestinien ?

Elle est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009. Je ne sais pas quelle portée donner à cette information. Je pense que c’est une illustration de la dimension écosystémique de la pseudo-écologie et de ses liens avec l’islamisme.

Aspects importants

Au fil de son étude, on note plusieurs éléments récurrents : un complotisme décomplexé, elle diffame vraiment sans limite et présente comme des certitudes ses inventions.

Le complotisme décomplexé

Vandana Shiva aurait déclaré que « Nature, Science, et Scientific American , trois publications largement admirées, ‘viennent de devenir des extensions de leur propagande. Il n’existe plus de science indépendante dans le monde.' » (1)

Aspect religieux

Les références à Dieu ou la Nature son récurrentes.

Ainsi, elle a dit « “G.M.O. stands for ‘God, Move Over,’ we are the creators now » (1).

Comme le souligne le Stanford Daily, sa tendance à la métaphore est à la rhétorique spirituelle approche parfois le théatral. Elle a par exemple proclamé : « Dans cette poignée de sol est votre futur – prenez en soin et elle prendra soin de vois, détruisez la et elle vous détruira. » (6)

Une renommée mondiale

Une reconnaissance de la sphère pseudo-écologiste

Elle est présentée comme une amie de José Bové depuis 1998. (4)

C’est aussi une reconnaissance journalistique. Ainsi, Usbek et Rica a repris extensivement son narratif, qu’il porte sur elle ou sur ses allégations, sans la moindre réserve.

La coqueluche du Prince Charles

Le Prince Charles a un buste de Shiva dans le jardin de sa maison de famille à Highgrove.

Il a notamment rendu visite à l’activiste en Inde en 2014.

Une « rock star »

Le terme de « rock star » est répété de nombreuses fois. Ainsi dans l’article du New Yorker, mais aussi sur le site de son film :

« We were first introduced to Vandana Shiva at a series of environmental conferences almost twenty years ago. And, like most people on their first meeting with her, we realised immediately that we were in the presence of an eco-activist rock star. »

https://vandanashivamovie.com/the-filmmakers/directors-statement/

Car c’est parfairement vrai : il s’agit d’une « rock star de l’éco-activisme ». Et le terme est bien trouvé : c’est effecitvement une industrie du divertissement.

Ses moyens sont considérables, puisqu’il semble qu’elle ait commandé un film, distribué par l’entreprise intelligemment appelée « vandanashivamovie », réalisé par Camilla et James Becket : « The Seeds of Vandana Shiva : when you control seeds you control life on earth »

Références

• (1) Michael Specter, Seeds of Doubt, The New Yorker, 18 aout 2014, https://www.newyorker.com/magazine/2014/08/25/seeds-of-doubt
• (2) Dean Nelson, India targets Prince Charles’ aide in war on Greenpeace, 22 juin 2014, The Telegraph
• (3) Keith Kloor, The Rich Allure of a Peasant Champion, 23 octobre 2014, Discover, https://web.archive.org/web/20141201225025/http://blogs.discovermagazine.com/collideascape/2014/10/23/rich-allure-vandana-shiva/#.VHzwx1p_r2d
• (4) Florence Piron et collectif, « Citoyennes de la Terre, Portraits de femmes engagées dans la préservation de l’environnement », chap. 20, Vandana Shiva (1952–), Inde, édition science et bien commun, 2015
• (5) Fox Green, Maintaining Empire via Food and Energy: Cuba & Sri Lanka, Space Commune, 21 aout 2023, https://spacecommune.com/maintaining-empire-via-food-and-energy-cuba-amp-sri-lanka/
• (6) https://stanforddaily.com/2020/01/23/controversial-environmental-activist-vandana-shiva-denounces-industrial-farming/
• https://www.anandranganathan.com/2015/06/26/exploring-gm-foods-part-iii-the-third-eye-of-shiva/