C’est, avec le nucléaire, l’une des deux principales cibles de la désinformation pseudo-écologiste: l’agriculture. La désinformation va essentiellement cibler :

  • La vie et la santé des sols: l’accusation de « tuer les sols ». C’est le thème le plus ancien, remontant aux années 30, et qui a la particularité d’être lié à des discours, eux intéressants, raisonnables et populaires dans la sphère agricole, autour de la protection de la vie des sols en limitant le labours.
  • C’est le thème le plus important dans les médias: le « pesticides – bashing », consistant à exagérer autant que possible la dangerosité des pesticides de synthèse.
  • L’élevage est également une cible privilégiée, notamment sur l’utilisation d’antibiotiques et le bien-être animal.
  • Plus récemment, on voit émerger la gestion de l’eau comme cible importante de désinformation.
  • Enfin, le fonctionnement de l’agriculture, avec notamment le fonctionnement des coopératives agricoles et leur « pouvoir » sur leurs sociétaires ou encore le « pouvoir » de la FNSEA et de « l’agrobusiness ». Ce thème a la particularité de prospérer sur des débats internes et anciens au monde agricole.

Tous ces discours s’articulent beaucoup autour d’un narratif anticapitaliste: tout est constamment rattaché au « modèle agricole » « capitaliste » qui pousserait à l’augmentation des rendements de manière idéologique, sans se préoccuper des effets secondaires et même de la rentabilité, la démarche étant contre-productive.

En face, sont promues comme des alternatives plusieurs pratiques: l’agriculture biologique, la biodynamie et l’agroforesterie. L’agriculture de conservation des sols, pratique agricole qui peut avoir une vraie efficacité et qui est populaire dans le monde agricole, ainsi que le label « Haute Valeur Environnementale » sont des alternatives qui, ne pouvant pas s’insérer dans le narratif pseudo-écologiste, sont combattues.

Nous finirons en faisant un point sur l’écosystème et l’économie de cette désinformation.

Chapitre 1 : les cibles de désinformation

Désinformation sur la vie des sols et les engrais

« Les sols sont morts », « l’agriculture industrielle a tué les sols », etc. Ces discours, qu’on entend souvent dans la bouche des agribashistes, remontent aux début de l’agriculture de conservation des sols, qui a émergé après le Dust Bowl aux États-Unis, ce dernier ayant mis en lumière les risques du labours.

C’est un thème qui est traité très différemment en France et aux États-Unis, qui vont le lier à la colonisation du territoire et se focaliser sur le labours. En France, il se focalise sur l’utilisation d’engrais de synthèse.

Pesticide – bashing

C’est l’une des désinformations agricoles la plus présente dans l’espace médiatique français, notamment parce qu’il s’agit d’un point commun avec ce que j’appelle l’hygiénisme, extrêmement puissant en France et qui inclut la sphère antivaxx.

Il s’agit d’exagérer de manière systématique et potentiellement outrageante la dangerosité et l’usage des pesticides. Les agences chargées de réguler les pesticides seraient sous l’influence des industriels. On a pu voir ces désinformations à l’oeuvre dans l’affaire des Monsanto papers en 2017 par exemple.

Désinformation sur l’élevage

C’est l’autre désinformation agricole la plus présente dans l’espace médiatique français: l’élevage. Cette désinformation, qui s’est largement développée après l’affaire de la vache folle, porte surtout sur l’utilisation d’antibiotiques, le bien être animal, l’utilisation de vaccins,

Un point assez vicieux est l’attaque autour de la production de méthane de l’élevage. La lutte contre le dérèglement climatique va être utiliser pour lutter contre l’élevage (dans les zones d’action de chaque lobby pseudo-écologiste, l’Europe par exemple).

Désinformation sur la génétique agricole

Il y a deux grandes désinformations sur la génétique agricole: les OGM et le marché des semences.

Celle sur les OGM est très ancienne: c’est l’une des désinformations qui a fondé la pseudo-écologie. Si elle n’a plus beaucoup de portée dans la presse actuellement (forcément, ils ont pour l’instant « gagné »: les OGM sont interdits en Europe), il y a un regain d’activité pour contrer le développement de nouvelles techniques de manipulation génétique (CRISPR et les NBT en général), ainsi que le déploiement imminent du riz doré en Asie.

La désinformation sur les semences a beaucoup été portée par Kokopelli et tourne autour de l’idée que le vilain système capitaliste obligerait les agriculteurs à racheter chaque année leurs semences et que le lobby semencier interdirait les innovations venant des braves paysans. (je l’évoque ici)

Désinformation sur la gestion de l’eau

L’eau est récemment arrivé sur le devant de la scène de la désinformation agricole avec la lutte contre la bassine de Sainte-Soline. Auparavant relativement peu développé et sophistiqué, les discours se sont fortement sophistiqués à cette occasion.

Désinformation sur le fonctionnement du monde agricole

Enfin, il y a beaucoup de désinformation sur le fonctionnement du monde agricole : les fonctions de conseils pousseraient à la consommation de substances (antibiotiques/vaccins pour les vétérinaires, engrais/semences à haut rendement/phyto pour les conseillers de coopérative) ; la FNSEA contrôlerait les agriculteurs et serait en fait le relai de « l’agro-business » et non des agriculteurs, etc.

Chapitre 2 : Le narratif central: désinformation sur « le modèle agricole »

L’ensemble de cette désinformation sert un narratif central: les agriculteurs seraient coincés dans un modèle agricole qui aurait été conçu au bénéfice des industriels de la chimie et de la semence.

Chapitre 3 : Pseudo-alternatives et neutralisation des « menaces »

En face de cette « agriculture industrielle » sont présentées des alternatives: l’agriculture biologique principalement, mais aussi la biodynamie et l’agroforesterie.

Au contraire, sont présentées comme de « fausses alternatives » l’agriculture de conservation des sols (surtout en France, je ne suis pas sûr que cet argument prospère beaucoup aux États-Unis), notamment parce qu’elle requiert un peu de glyphosate, et le label « Haute Valeur Environnementale ».

Chapitre 4 : L’écosystème et ses pratiques

Économie et et écosystème autour de la désinformation agricole

Les principales stratégies