L’inversion victimaire est une arme de manipulation puissante consistant à tenter de faire passer l’agresseur pour la victime :
Selon ce scénario, les victimes imaginaires se substituent aux victimes réelles pour transformer ces dernières en responsables des malheurs réels ou potentiels du genre humain, en leur attribuant des intentions criminelles. Une fois la figure du bourreau imaginaire créée et incrustée dans les représentations collectives, il devient légitime de se venger de lui en l’éliminant.
Pierre-André Taguieff
Qu’est-ce que l’inversion victimaire ?
Le cas historique d’inversion victimaire: les meurtres rituels
L’inversion victimaire a joué un rôle important dans l’Histoire d’Europe, à travers l’antisémitisme chrétien. Elle a en effet été au cœur de cette construction dramatique, notamment à travers l’accusation de meurtre rituel: les Juifs tueraient des chrétiens de manière rituelle. Ces accusations ont commencé à la fin du XIIe siècle en Angleterre et se sont petit à petit répandues en Europe. Ultimement, cette inversion victimaire a débouché sur le mythe du complot juif. C’était le début d’une accélération de l’antisémitisme, qui explosa au XIVe siècle avec l’accusation d’empoisonnement des puits et la diabolisation, littérale (attribution de traits animaux et « diaboliques »), des Juifs.
Sur le sujet, je vous encourage à lire l’excellent article de Pierre-André Taguieff.
Cas actuels d’inversion victimaire
L’inversion victimaire a été au centre de l’actualité avec la guerre en Ukraine. La Russie, en effet, a tenté à de multiples façons de se faire passer pour la victime en accusant notamment:
- les ukrainiens d’avoir massacré leur population russophone;
- l’expansion de l’OTAN d’être « menaçante »;
- l’existence de laboratoires secrets;
- les ukrainiens d’être nazis.
On l’a également vu avec les émeutes de juillet 2023 :
Notez que ce point est très proche de notre sujet, beaucoup de pseudo-écologistes notables ayant participé à cette stratégie.
L’inversion victimaire pseudo-écologiste
Variantes proches
Certains discours ne sont pas de l’inversion victimaire, mais s’en rapprochent. On pourrait parler de détournement de responsabilité: ils vont faire semblant d’être « du côté » de leurs victimes. C’est particulièrement sensible en agriculture: il arrive souvent aux leaders pseudo-écologistes, de déplorer les suicides d’agriculteurs, alors même qu’ils promeuvent activement un agribashing qui leur rend la vie plus difficile.