Militant anti-bassine Julien Le Guet, exemple du consumérisme idéologique

Le Média, chaine d’extrême gauche, a récemment publié une émission dédiée à un militant anti-bassine: Julien Le Guet. Cette vidéo nous donne une vision approfondie des incitations qui peuvent pousser ces individus à commettre des délits violents et à s’exposer à des sanctions graves. En d’autres termes, c’est un intéressant exemple de l’économie du militantisme du côté des « croyants », c’est-à-dire des consommateurs de la désinformation pseudo-écologiste, qui participent peu ou pas à son élaboration.

Voici le lien : https://www.lemediatv.fr/emissions/2023/mega-bassines-julien-le-guet-leco-terroriste-qui-defie-darmanin-et-sa-police-32YiBSPzSN6aumBHJVt8sg

L’introduction: mise en place de la mythologie

Complotisme et inversion victimaire

Tout d’abord, commentons le texte. La première phrase est importante:

Entre violences policières, répression administrative, gardes à vue, interdictions de territoire, surveillance, la vie de militants anti-bassines peut totalement basculer face au mur du pouvoir et des lobbies agro-industrielles.

Il y a en effet ici une assimilation implicite entre les « lobbies agro-industriels » (quoiqu’il s’agisse) et le pouvoir exécutif. C’est un des ressorts du complotisme pseudo-écologiste, qui sera du reste largement développé dans la vidéo.

Deuxième point important, il est immédiatement présenté comme une victime. C’est le thème de la déresponsabilisation: il s’agit de favoriser les violences en les présentant comme légitimes ou en utilisant l’inversion victimaire (l’agresseur devient l’agressé).

Révisionnisme

La vidéo commence ici. Le texte reprend en fait la première minute. C’est un autre ressort important de la désinformation: la révision de l’histoire.

L’histoire commence il y a 15 ans. Nous sommes dans le marais poitevin, près de Niort. La sécheresse est déjà bien connue des écologistes et des agriculteurs. Depuis les années 1980, le secteur du maïs et autres céréales se développe considérablement. Les paysages changent. L’eau vient à manquer. L’eau, ressource essentielle pour ces grandes cultures. A quelques mètres, le marais poitevin et ses bassins versants, deuxième zone humide de France.

Notez l’effet d’apposition: un lien est présenté de manière évidente, sans être explicité. Le message est « le développement des grandes cultures devient responsable de la sécheresse et du besoin en eau ». Pourtant chaque énoncé est sans doute défendable individuellement :

  • La sécheresse aurait été « bien connue des écologistes et des agriculteurs » il y a 15 ans (dans les années 2000 donc ?). C’est sans doute vrai, le fait que les sécheresses puissent poser problème n’est pas quelque chose de récent. C’était sans doute aussi vrai il y a 50 ans …
  • « Depuis les années 1980, le secteur du maïs et autres céréales se développe considérablement. » Les céréales représentent et ont toujours représenté l’essentiel de l’apport calorifique des européens. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, seuls les tubercules (pommes de terre, patates douce, manioc)
  • « L’eau vient à manquer. L’eau, ressource essentielle pour ces grandes cultures. » Pour ceux qui n’avaient pas fait le lien implicite, il est répété ici. Et oui l’eau est « essentielle pour ces grandes cultures », de même qu’elle est essentielle pour les autres grandes cultures et pour les cultures en général en fait …
  • « A quelques mètres, le marais poitevin et ses bassins versants, deuxième zone humide de France. » Oui, et ?

Chaque phrase va construire subrepticement l’assentiment du lecteur, qui se dire « oui, pourquoi pas », « oui c’est pas faux », pour construire son assentiment à un énoncé beaucoup plus audacieux (« les grandes cultures sont responsables de l’assèchement du marais poitevin »).

Un bel exemple de manipulation de l’information.

Diabolisation et héroisation

Ceci a néanmoins pour ambition de construire un narratif mythologique et introduire « le mal » et « le héros »:

L’État et les irrigants mettent un projet sur la table : construire des réserves de substitution, dites méga bassines. Des cratères de plusieurs hectares, bâchés et plastifiés, pour pomper dans les nappes phréatiques en hiver et utiliser cet eau en été pour les exploitants irrigants. Démarre alors le collectif bassines non merci. Collectif qui lutte contre ces projets agro-industriels et tentent de défendre le marais poitevin, qui s’assèche. Un des visages de cette lutte : Julien Le Guet. Co-porte-parole du collectif, sa vie est dédiée à la lutte.

Notez l’utilisation du terme « cratère », qui évoque la dévastation: c’est ce qui résulte d’une explosion, d’un cataclysme. Le rôle des bassines est présenté comme un moyen de pure extraction, comme si on « vidait les nappes », qui seraient un stock fixe, alors qu’il s’agit de stocker de l’eau qui, autrement, partirait à la mer. Notez que l’expression n’est pas fausse, mais induit l’auditeur en erreur.

Cela permet de diaboliser le procédé, présenté ici comme « le mal », auquel vient s’opposer le collectif bassine non merci, dont l’un des « héros » serait Julien Le Guet.

Par la suite, la journaliste introduit les autres « héros »

Julien et le collectif ne s’arrêtent pas et collectif ne s’arrêtent pas et ne sont pas seuls. Citoyens collectifs paysans ONG association syndicats parti politique, ils deviennent des milliers à dire non à ces projets ingro-industriels.

Victimisation

Ensuite on a l’étape de la victimisation:

Une lutte qui coûte : on fait depuis 4 ans l’objet de menaces de mort au-delà de menaces, d’agressions. D’avoir peur pour moi, non. D’avoir peur pour mes proches oui.

Quel brave homme … Le tout sur font de musique héroïque.

C’était l’introduction, le reste de la vidéo développe ces éléments plus en profondeur.

On distingue globalement deux phases :

  • Une partie sur les actions violentes, délits, commises par l’interviewé, destinée à le présenter comme une victime d’un Etat complice d’un lobby mafieux (oui il y a énormément de complotisme dans ce passage).
  • Une partie désinformant sur l’impact environnemental des bassines.

Première partie : Manifestation, violences et victimisations

A partir de là, je vais relever les citations intéressantes et les commenter très rapidement. Nous ferons les commentaires globaux à la fin.

L’interviewé affirme plusieurs éléments intéressants.

« il y a 6 ans il y a marqué une nouvelle étape dans cette lutte contre les bassines puisque en Deux-Sèvres il y avait déjà un projet qui était sur la table depuis plusieurs années et qui était bloqué politiquement à l’époque par le Conseil Régional tenu ici par Ségolène Royal et avec surtout dans la commission agriculture des camarades qui sont encore aujourd’hui dans la lutte tel que Benoît Biteau ou Serge Morin et qui avait tout de suite réussi à imposer que s’il y avait financement régional c’était forcément pour aller vers une réelle sobriété, pas la sobriété à la Macron. Et donc comme tous les projets allaient dans le sens d’une augmentation, la région a réussi à ne jamais financer ces projets-là. »

Il s’agirait d’un exemple de la capacité d’entrisme de la pseudo-écologie et de parasitage des institutions. Le redécoupage territorial aurait redistribué les cartes et « fait sauter » ce verrou (3’19) et amené 19 projets de bassines.

« Et depuis on est rentrés en résistance. Le simple fait d’aller une manif contre les bassines c’est dans les désobéissance civiles et une montée en puissance avec des actes forts, avec des manifestations ou par exemple au mois d’octobre 2021 on pénètre sur une bassine illégale […] et à 3000 ont débâche, à visage découvert pour la plupart d’entre nous, un ouvrage illégal.

Ensuite les manifestations sont allées crescendo en fréquentation. […] Jusqu’à arriver à ce paroxysme de Sainte-Soline où on se retrouve à 25 000 – 30 000 […] à tenter d’encercler une bassine et de se retrouver dans cette situation, face à 3000 hommes, en armes, une armée, qui envoie en deux heures de temps 5000 explosifs sur une foule bigarrée composée à la fois de famille d’enfants de papis, de mamies, de tout un tas de gens plus ou moins enfin tous très engagés pour le coup avec également des camarades plus déterminées et prête à faire face à la barbarie militaire et avec ce bilan catastrophique de 100 blessés avec des blessés graves avec trois camarades qui sont passés à côté de la mort et on a subi plein fouet toute la violence d’État dont Macron et Darmanin sont capables. »

3’40 – 5’15

Ce passage est crucial pour comprendre la perversité du système pseudo-écologiste.

On voit tout d’abord une négation absolue de leurs violences: leurs actes de délinquance sont présentés comme étant légitimes (ils sont simplement « débâché une bassine [soit-disant] illégale ») ou inexistants (ils ont simplement subi la « violence d’État »). C’est aussi une négation de l’État de droit: l’illégalité de leur action ne leur est pas opposable. Cela va jusqu’à se déclarer « être entrés en résistance ». Si cette expression peut être ambiguë, le reste du texte permet d’écarter tout doute: il assume ne pas se soumettre au droit. Il s’agit explicitement d’un mouvement séditieux.

Plus loin, il se plaint de ne pas avoir pu se rendre à Sainte-Soline en raison de son contrôle judiciaire et de ne pas avoir pu, ainsi, « franchir le Rubicon », puis [passons la référence à César …], il se plaint :

Ce qui évidemment à titre personnel fait faire des nœuds dans la tête quoi quand on voit 25000 camarades et puis que qui partent comme ça. Mes enfants, ma famille, les copains, les copines et puis que quand on voit qu’avant que le dernier cortège arrive le premier cortège était à la bassine et qu’il y a ce feu nourri de bombes létales. Faiblement létales, mais létales. L’après-midi ça a été brancardé voir les copains arriver les copines, une à une, les copains des jeunes de 20 ans défigurés, une boucherie quoi.

La victimisation va encore plus loin ensuite:

Quand il y a un Darmanin qui annonce « il faut s’attendre à des images dures ce week-end », quand il y a un Macron qui doit témoigner devant l’Europe par rapport aux doctrine d’ordre public des violences des blessures etc. et qui est sur le même registre … ben on aurait dû lire très clairement entre les lignes qui avaient prévu de nous massacrer. Sauf que j’y croyais pas. Et si on déroule la bobine ça veut dire que l’éventualité d’un mort de plusieurs faisait partie des scénarios que le gouvernement portait.

Inversion victimaire pour se déresponsabiliser :

Se faire traiter de terroristes par quelqu’un qui donne l’ordre d’utiliser 5000 bombes sur le peuple en deux heures de temps, sur un cortège il y a des enfants, il y a beaucoup de jeunes etc qui est le terroriste qui est le violent qui est qui mérite d’aller devant un tribunal. Finalement ce que ça génère comme sentiment profond. C’est l’envie de résister, et de résister jusqu’au bout, ça donne de la force en fait, d’être face à un adversaire aussi abject. »

7’05 »

Ensuite il parle d’une caméra qu’ils auraient trouvée (on ne sait pas où) et qui appartiendrait à la police nationale [à la campagne …?] pour espionner les militants.

S’ils mettent autant d’énergie pour nous surveiller c’est qu’on atteint bien les objectifs de dénonciation de ce système agro-industriel parce qu’en fait c’est ça qui est derrière les bassines […] c’est ce système, cette mafia même agro-industriel françaises au cœur duquel il y a la FNSEA mais avec une complicité répétée de tous les gouvernements successifs depuis quasiment une trentaine d’années.

Là on entre dans la logique complotiste la plus complète. D’ailleurs, on retrouve le fameux « ILS » sans précision, qui a dans les milieux antisémites antivaxx avec la crise du covid. Pourquoi ne pas dire « l’État » ? Ou la police ?

Juste après, il présente les différentes inculpations qu’il aurait reçues en évoquant très légèrement ses activités délictueuses:

Ces docus [montrant un large dossier] c’est une compilation des différentes convocations et décisions de justice ou de plaintes que j’ai déposées ou alors que j’ai reçues avec la dernière en date qui est la dernière garde que j’ai que j’ai eu le le 15 [..] mars 2023 et qui faisait suite à la manif de Sainte-Soline du mois d’octobre où là clairement .. puis je vais être jugé notamment sur ce cette manif là, participation à un groupement formé en vue de la préparation de violence contre les personnes ou de destruction ou dégradation de bien et puis également dégradation ou détérioration du bien d’autrui commises en réunion et donc le jugement il porte sur cette manif là et sur notre manif qu’on avait fait début octobre qu’on avait appelé la « grillage partie »: on avait démonté des grilles, s’était introduit avant le démarrage des travaux et où là j’avais eu une belle palanquée de chef d’incubation à nos trois quatre, cinq, six, dont quatre ont été conservés pour le jugement où il y a à nouveau la participation à un groupement et puis le vol d’une pelle à grain de chez Océalia.

Le grand classique c’est qu’après les manifs je crois convoqués ça c’est ou qu’un verre se ment deux semaines avant ou la semaine avant une nouvelle manif je crois convoqué pour des faits antérieurs quoi histoire de faire un peu monter la pression. D’avoir peur pour moi, non, d’avoir peur pour mes proches oui.

9’30

Un peu comme si ces inculpations étaient absurdes et révélaient la complicité qu’il allègue entre l’État et le « système agro-industriel ». La dernière phrase est importante et révélatrice. D’abord, cela insinue que l’État, qu’il présente comme complice d’un lobby agro-industriel mafieux, allait prendre des mesures contre ses proches … C’est extrêmement complotiste. Ensuite on voit ce mantra, qu’il répète et, quand on prend du recul, on comprend: il doit absolument passer pour quelqu’un d’altruiste. Si ses proches, ses amis, sa famille réalisaient qu’il les envoie commettre des délits et affronter les forces de l’ordre pour son propre intérêts personnels, ils le prendraient mal. Lui-même: en est-il conscient ? Ce n’est pas certain. Bref, vendre cette fable de l’altruisme est impératif pour faire fonctionner son petit système.

Néanmoins, il enchaine en alléguant faire l’objet « depuis 4 ans » de menaces de mort et d’agression, que son neveu et un de ses « camarades » (notez le terme, évoquant les communistes) auraient été agressé à leur domicile. Et systématiquement toutes ces choses là seraient « classées sans suite ».

Une vraie tendance aujourd’hui à la menace des militants écolos au sens plus large et ça s’accélère. Ces derniers mois, entre le déboulonnage de la voiture de Morgan Large ou la tentative de d’empoisonnement de Paul François, une personne qui avait porté plainte contre Monsanto et qui a été agressé à son domicile trois gars qui n’ont obligé aller absorber un liquide indéterminé enfin là ça va loin. Et j’insiste c’est vraiment le fait que la gendarmerie ne fasse pas son boulot et c’est assez insupportable et ça dénonce un petit peu quel état dans cette histoire là il y a vraiment un truc qui est qui fait que le terrain il est hyper glissant. C’est ce deux poids de mesure. Ça fait le terrain d’agissement encore plus grave parce qu’en face il y a un sentiment d’impunité.

11’30

S’il fallait encore ajouter un élément pour étayer la dimension complotiste de son discours … La suite est encore plus ahurissante.

Quand je dis en face faut être très clair c’est la FNSEA, la Coordination Rurale. Donc à minima ce risque de générer ça c’est qu’on soit obligé de gérer nous-mêmes notre propre défense physique c’est fou.

Il accuse donc directement ces deux syndicats agricoles d’être à l’origine des violences qu’il a subies. Je reviendrai sur ces passages dans le commentaire.

Deuxième partie: la désinformation sur l’impact environnemental

Dans une deuxième partie, il va se tisser une image d’amoureux de la nature, parler de son parcours d’écologiste (12’30-15′) et, surtout, diaboliser l’impact des bassines.

Il emmènerait les gens en bateau dans le marais poitevin et cherchait à ce qu’ils « repartent avec un bagage suffisant pour avoir compris l’aménagement de ce territoire ».

C’est un des point importants du discours pseudo-écologiste: sa propension à se présenter comme « sachant », comme dépositaire d’un savoir approfondi.

Le lien se fait rapidement et explicitement avec les bassines :

Évidemment qu’on parle des bassines, évidemment qu’on parle des dysfonctionnements, évidemment qu’on parle de la dégradation de de la qualité de ce milieu et à côté de ça de quand même trouver matière assez merveilleux trouver matière à s’attacher à ce territoire.

Ensuite, un autre grand thème de la pseudo-écologie, il va dresser le portrait d’une déliquescence:

Les premiers tours de bateau que je fais tout seul pour aller voir l’état du Marais etc. En fait c’est le printemps le plus triste que j’ai jamais vu des choses qui ont mis des milliers, des millions d’années à se construire on peut comme ça en quelques dizaines d’années les réduire à néant c’est assez fou

On apprend donc que le marais poitevin aurait des millions d’années …

On a un lien à l’eau énorme. Les zones humides sont au monde les zones de plus fortes production de biomasse et derrière ça donc la biomasse c’est la capacité à fixer du carbone et derrière ça c’est ce qui va générer toute la problématique dans laquelle on se retrouve aujourd’hui c’est que c’est à la fois les zones ou en termes de biodiversité ça va être le plus incroyable et c’est aussi les zones où potentiellement on peut obtenir les meilleurs rendements en terme agricoles et d’où ce constat que les zones depuis une centaine d’années mais en particulier ça s’est accéléré avec la Seconde Guerre mondiale sont asséchés systématiquement, très souvent en Europe pour faire du maïs il y a plus qu’une seule fonction c’est le rendement agricole aujourd’hui

La première phrase, même si elle ne veut rien dire, est importante: elle pose « l’eau » comme un item, auquel il faut attacher quelque chose de positif (on aurait un « lien » avec). Cela évoque un autre de ces éléments presque divinisé: « le vivant ». Ça ne veut rien dire, mais c’est mystique, ça fait bien.

La dernière est importante: il allègue des choses étranges. Qui demanderaient d’être vérifiées sur les zones humides en Europe. Le fait qu’elles auraient été asséchées « très souvent pour faire du maïs« , fait implicitement du maïs le coupable (ce qui s’inscrit dans un narratif fréquent de diabolisation du maïs). De manière amusante, ce n’est pas forcément faux: les termes employés sont suffisamment vagues. Néanmoins cela désinforme.

Il continue à alléguer un lien, sans jamais préciser clairement:

Dans cette mise au régime sec du Marais Poitevin, il y a vraiment toute cette irrigation qui s’est développée depuis les années 70 tout autour du Marais et qui fait que les nappes phréatiques, qui normalement a cette saison devraient être plein à bord et devrait être le moyen de relarguer de l’eau durant toute la saison sèche à ce marais. Bah ces nappes phréatiques sont captées dès l’hiver pour remplir ces bassines et continuent d’être captées au printemps pour commencer l’irrigation. »

Ensuite, il évoque comme une caution scientifique, ayant joué un rôle certain dans la désinformation sur les bassines:

il y a de plus en plus de scientifiques notamment qui sont impliqués au niveau du GIEC comme l’éminente hydroclimatologue […] qui s’appelle souffle Florence Habets, qui aujourd’hui désigne les bassines sous le terme de mal adaptation.

Ensuite on a la fallacie de l’effet rebond et l’attaque contre l’épouvantail « technosolutionniste« :

Quand on met de l’eau en réserve ça va plutôt favoriser non pas la frugalité, mais la surconsommation ça va laisser entretenir le fait que l’idée que ce serait une ressource quasi limitée qui aura toujours une solution technique pour venir pallier à ça

Il donne ensuite un diagnostic catastrophiste, vague, sans la moindre référence:

Ce qu’on sent bien depuis quelques mois quelques années, c’est qu’on arrive en point de rupture à la fois on gère très mal l’eau en quantité et à la fois en termes de qualité mais c’est une catastrophe, une catastrophe ça devient presque un propre à la vie en fait.

Pour étayer cette idée de saleté de l’eau (???) il affirme qu’il n’y aurait plus de lentilles d’eau, qui auparavant étaient extrêmement nombreuses sur l’eau des canaux du marais poitevin. L’eau serait « d’une qualité proche d’une eau d’égout ». (18’50 ») Il n’y aurait même plus de grenouilles. (19’20). [Ce foutage de gueule … ]

On retourne sur le tissage du portrait d’un amoureux de la nature, etc. (20′ – 22′) et va encore plus loin dans le délire catastrophiste et la victimisation:

Jusqu’à maintenant c’était évident je finirai ma vie dans le Marais Poitevin et là je suis en train de me demander si je veux pas aller vivre un endroit où il y a encore une rivière à sauver pour de vrai en fait je sais pas le jeu et ça, je m’étais jamais posé ce genre de question jusqu’à il y a deux trois mois quoi.

Ensuite on retrouve un discours agribashiste commun particulièrement cynique, consistant à affirmer que les agriculteurs sont asservis par le modèle industriel/le lobby agrichimique, etc. et qu’ils agissent pour leur bien:

La lutte contre les bassines c’est pas une lutte contre les contre les gens contre les travailleurs de la terre au contraire c’est c’est une lutte pour les aider à s’affranchir de leur bourreaux.

22’10 »

Il prétend ensuite une scène originale:

Jusqu’à encore un mois avant sainte Soline on organisait des conférences notamment pour présenter le travail qui a été fait par la camarade hydrogéologue Anne morrown pastier mais où à chaque fois ils sont venus en délégation massive ils arrivaient en mode gros bras à 40 etc et puis en fait ben non nous on disait on est discutons quoi et qu’est-ce qui ressort à la fin de ces réunions là c’est qu’en fait il commence à mettre des mots comment dire mais en fait on n’a pas eu le choix on a on est pieds et mains liés par leur crédit par leur sur investissement etc.

On retrouve la logique consistant à tenter de légitimer leur action en racontant ce qu’ils peuvent, écrire l’histoire à leur sauce pour se déresponsabiliser et prétendre avoir une posture de dialogue, alors que c’est un faux semblant: il n’y a pas de dialogue, il n’y a que de la désinformation et de la manipulation. Et s’ils n’acceptent pas le narratif pseudo-écologiste, alors ils sont manipulés, etc. On retrouve la démarche religieuse: soit vous croyez le dogme, soit vous êtes ignorant, soit vous êtes pécheur.

C’est pas moi à ma petite place même si je parle dans les médias qui en fait leur nuit au quotidien c’est pas mal qui leur impose des prix qui fait qu’ils ne vivent plus de leur métier et qui fait que pour le coup pour pouvoir essayer de survivre il faut qu’ils augmentent la quantité pour augmenter la quantité qui sont obligés d’acheter des produits et pour c’est pas moi qui leur impose ça moi au contraire.

23′

La vidéo finit sur une note positive: « lutter ça s’apprend ça prend ça donne c’est des expériences pleines » en montrant des militant à Sainte-Soline (je suppose) en train de danser.

Commentaire

L’essentiel du discours est construit autour de la victimisation d’un délinquant et de la négation totale de ses délits. Il s’agit d’une œuvre de propagande promouvant un discours extrêmement complotiste.

Cette vidéo est relativement peu dense, mais il y a énormément de choses à commenter.

Violence et victimisation

C’est le point central de la première partie: construire un narratif autour des activités violentes des pseudo-écologistes. Il s’agit de légitimer ces dernières et de faire passer les manifestants pour des victimes et de monter en épingle les violences que ces derniers ont subi en réponse à leurs actions. C’est utilisé comme levier pour alléguer un lien entre l’État et le « lobby agro-industriel ».

On voit se dessiner clairement le rôle des manifestants: ils sont la chair à canon des généraux pseudo-écologistes. Plus cette piétaille se fera écraser et malmener, plus ce qu’elle subira sera horrible, plus les leaders pseudo-écologistes pourront l’utiliser dans leur marketing.

Un appel à la radicalisation

Le passage où il condamne la prétendue impunité des violences est assez extraordinaire. Classiquement, les très nombreuses violences pseudo-écologistes depuis des dizaines d’années sont relativement peu punies au regard de la gravité des faits. Le fait que l’interviewé n’ait jamais été emprisonné en est une bonne illustration. Il va retourner cela en prenant quelques exemples (vrais ?) de violences subies récemment par des pseudo-écologistes en insinuant (très clairement), sans sourcer, qu’elles n’auraient pas été punies en raison d’une connivence de la gendarmerie. Il va

On voit qu’il prépare un sinistre terrain: les pseudo-écologistes pourront ainsi attaquer ce qu’ils souhaitent, utiliser l’inversion victimaire pour stigmatiser toute résistance qu’ils auraient rencontrée, puis de se parer de cette soit-disant impunité de leurs agresseurs pour commettre de plus amples méfaits, et ainsi de suite.

L’incarnation

A plusieurs reprises, on sent qu’il tente de faire passer un message en disant son propre ressenti. Par exemple, 7’30 :

« Finalement ce que ça génère comme sentiment profond. C’est l’envie de résister, et de résister jusqu’au bout, ça donne de la force en fait, d’être face à un adversaire aussi abject. »

Cela insinue « ce que je décris devrait vous donner l’envie de résister », etc. C’est une stratégie rhétorique que je n’avais pas identifiée jusqu’ici.

Financer Le Média

Enfin, la dimension financière de la vidéo est évidente dans le petit message en description :

Si nous voulons survivre à l’été, et nous tenir prêts pour la rentrée, il nous faut mobiliser au moins 100 000 euros. Les dons sont défiscalisables à hauteur de 66%. https://www.lemediatv.fr/soutien

https://www.lemediatv.fr/soutien, au 27/07/2023

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