33. 29 juin 2019 : Deux études à grande échelle confirment les dégâts des néonicotinoïdes sur les abeilles

Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Deux études à grande échelle confirment les dégâts des néonicotinoïdes sur les abeilles ».


Deux études publiées le 30 juin par Science « éteignent les derniers doutes qui pouvaient – éventuellement – subsister » sur les dégâts causés par les NNI.

La première a été conduite par Ben Woodcock sur 11 sites répartis sur l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Hongrie. (Woodstock et coll. 2017) Sur chaque site, 3 exploitations ont mis en culture du colza, dont deux étaient traitées avec un NNI. L’expérimentation s’étendait sur plusieurs dizaines d’hectares. Selon Dave Goulson, ce serait « la plus vaste expérience en plein champ menée sur l’impact des néonicotinoïdes sur les abeilles ». Notez que l’étude serait financée par Bayer et Syngenta. Dans chaque exploitation, la santé d’un type d’abeille domestique, de bourdon et d’abeille sauvage a été suivie pendant un à deux ans. L’impact des NNI observé pouvait varier selon le pays. Par exemple, la quantité d’abeilles exposées à la clothianidine survivant à l’hiver était plus basse en Hongrie qu’en Allemagne. Il était toutefois globalement négatif. C’est d’autant plus évident quand on considère la santé des ruches au lieu de la quantité d’abeilles (difficile à établir) : 100 % des colonies non exposées survivent, alors que ce n’est pas le cas pour celles qui sont exposées. S’agissant des espèces sauvages, « les bourdons produisent moins de reines, et les abeilles solitaires produisent moins de larves lorsque l’exposition aux néonicotinoïdes est élevée ». En outre, les auteurs retrouvent de « l’imidaclopride partout, même lorsque les cultures n’ont pas été traitées avec cette molécule, confirmant les travaux récents de l’équipe Ecobee, en France », ce que confirme Dave Goulson.

La seconde étude a été conduite au Canada par des chercheurs menés par Nadejda Tsvektov. (Tsvektov et coll. 2017) Elle portait sur 11 ruchers trains proches de champs de maïs traités à la clothianidine, d’autres éloignés de plusieurs kilomètres. Notez que le maïs est pollinisé par le vent et non par des insectes. Les auteurs auraient trouvé un cocktail de vingt-six pesticides, dont quatre néonicotinoïdes, dans les colonies proches ou éloignées des champs. Les plus proches étaient les plus affectées. Ils ont tenté d’isoler l’effet de la clothianidine en plaçant des abeilles exposées à du pollen contaminé dans une ruche expérimentale non traitée. Ils ont observé que leur espérance de vie était réduite de 25 % et que « leur comportement différait de celui des individus non exposés, au point de mettre en péril la pérennité de la colonie. » À la lumière de ces travaux, Dave Goulson conclut : « il est devenu intenable de continuer à affirmer que l’utilisation agricole des néonicotinoïdes n’endommage pas les abeilles sauvages et domestiques ».