Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « L’UICN, Syngenta et le déclin des bourdons ».


L’UICN a publié le 2 avril un communiqué annonçant qu’en Europe, « 30 des 68 espèces du genre Bombus présentes sur le continent y sont en déclin et 12 menacées d’extinction. » L’organisme précise :

« Le changement climatique, l’intensification de l’agriculture et les changements dans l’utilisation des terres agricoles sont les menaces principales auxquelles ces espèces sont confrontées »

L’absence du terme pesticide ferait « grincer » un apidologue et Dave Goulson n’aurait « jamais vu jusqu’à présent d’éléments clairs liant les déclins de bourdons et d’abeilles au changement climatique ».

« À mots à peine couverts, certains y voient l’influence de pourparlers en cours entre l’organisation de protection de la biodiversité et Syngenta, un des principaux producteurs d’insecticides agricoles. »

Les solutions proposées dans le communiqué seraient d’ailleurs les mêmes que celles préconisées par les industriels : « mise en place de bordures et de bandes-tampons autour des terres agricoles riches en fleurs » et « préservation des prairies ». À aucun moment, l’UICN n’évoque la restriction d’usage de certains produits phytosanitaires ».

Pour Jean-Christophe Vié, cadre UICN, ces soupçons relèvent de la « calomnie ». L’organisation ne recevrait pas de fonds de Syngenta et, si des discussions sont en cours depuis 2012, il n’y aurait pas d’accord conclu. Reste que M.Vié « lui-même admet avoir été « surpris » que les cinq experts commis par l’UICN n’aient pas coché la “case pesticides” ».

Sur 30 espèces en déclin, le changement climatique est mentionné comme cause pour 23 d’entre elles. Or, et ce serait là que « le bât blesse » selon plusieurs chercheurs, ce lien ne serait fondé que sur une seule étude expérimentale, conduite par l’un des chercheurs du panel, observant une corrélation entre l’abondance des populations de bourdons et le réchauffement dans une région des Pyrénées. Elle « ne semble pas avoir convaincu outre mesure la communauté scientifique », n’ayant jamais été citée.

Au contraire, de nombreux travaux montreraient l’effet négatif des insecticides sur les bourdons, comme l’étude de Penelope Whitehorn publiée dans Science. (Whitehorn et colll.2012)