« De plus, le gaz naturel est le meilleur allié des énergies renouvelables dont il compense l’intermittence, lorsqu’il n’y a ni soleil, ni vent. Il peut également les compléter en cas de pic de consommation, tout en prolongeant leur ambition par ses avantages environnementaux. »

TotalEnergies, https://twitter.com/TotalEnergies/status/1509469521261780995

Les risques nucléaires > risque du réchauffement climatique

On voit émerger, à travers tous les argumentaires antinucléaires, un élément central: les risques posés par le nucléaire seraient plus grave que les risques posés par le réchauffement climatique. Cela a par exemple été explicité par Greenpeace Taiwan en octobre 2021.

« Celles et ceux qui rêvent au retour du nucléaire sont totalement irresponsables. C’est une folie ! Les déchets atomiques sont le pire héritage de l’histoire de l’humanité, que quelques générations laisseront aux suivantes. #Nucléaire #Energie #Ecologie » »

Christian Brunnier, ancien président du PS genévois, Christian Brunier

Cette équivalence est

Taxonomie européenne: la lutte contre le nucléaire

La taxonomie européenne, consistant à définir les énergies pouvant être encouragée par des fonds européens, a été l’objet d’une féroce bataille pour en exclure le nucléaire. Une

On voit aussi les différentes stratégies mises en oeuvre: le nucléaire a dû « subir » plusieurs rapports d’experts validant qu’il s’agit d’une énergie bas carbone et, malgré cela, la présidence allemande de l’UE a refusé d’inclure le nucléaire et laissé la décision au Parlement et au Conseil. (à confirmer)

Très explicitement, Johannes Hahn, commissaire européen au budget et à l’administration, a déclaré le 9 septembre 2021 (vidéo) qu’il ne serait pas possible d’utiliser les fonds dédiés à la transition énergétique pour financer des projets nucléaires, mais que ce sera possible pour certains projets gaziers pour fournir une énergie de transition.

Sur la taxonomie et ses enjeux:

  • https://www.contrepoints.org/2022/01/04/418322-lunion-europeenne-veut-saborder-le-nucleaire-en-europe
  • 2019 : https://www.sfen.org/rgn/taxonomie-europeenne-conseil-plaide-neutralite-technologique/
  • Dossier :https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/283166-neutralite-carbone-la-taxonomie-europeenne-en-six-questions
  • https://www.senat.fr/rap/r21-213/r21-2133.html
  • https://twitter.com/maxcordiez/status/1418275628449767425

Sur les oppositions de gouvernements antinucléaires:

  • Allemagne, 31/08/2021 : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/l-allemagne-recuse-la-decision-envisagee-par-bruxelles-d-inclure-le-nucleaire-dans-les-investissements-verts_157178
  • 11/11/2021 : https://twitter.com/yjadot/status/1458793728043274242
  • 16/12/2022 : exclusion de l’électricité nucléaire pour l’hydrogène vert, https://www.euractiv.fr/section/energie/opinion/quand-leurope-se-tire-une-balle-dans-le-pied-sur-lhydrogene-decarbone/

Les sorties du nucléaires: une parti-pris pro-fossile évident

Allemagne

La politique allemande est devenue carrément surréaliste lorsque, en pleine crise énergétique et guerre ukrainienne, le gouvernement allemand a fait le choix de fermer 3 de ses 6 dernières centrales nucléaires avant 2022, et les autres cette année-là. Ces réacteurs représentent, tous ensemble, la production électrique du Nigeria, Ghana, Kenya et de l’Éthiopie (~76TWh).

France

L’impact de la fermeture de Fessenheim a été immédiat, étant remplacé par du fioul le lendemain, le 1er juillet 2020.

En avril 2021, Barbara Pompili avait utilisé l’étude RTE pour alléguer qu’il était possible de se passer du nucléaire pour justifier la fermeture de Fessenheim, montrant bien sa logique purement antinucléaire. La ministre française s’est plus largement démarqué par une communication d’une malhonnêteté assez phénoménale. Elle a par exemple déclaré en juin 2020, à propos de la fermeture des centrales nucléaires : « il n’est aucunement question en France d’ouvrir des centrale au charbon (au contraire nous les fermons), mais bien de rééquilibrer un mix décarboné, afin de le rendre plus résilient ». Au final, ils ont effectivement « diversifié » le mix français avec du gaz et du charbon et favorisé une hausse phénoménale des prix en 2021. [extension de limite de fonctionnement des centrales à charbon en février 2022]

L’impact du lobbying antinucléaire doit aussi se voir à travers l’arrêt de construction de centrales nucléaires et l’abandon de nombreux projets : Penly 3., Penly 4, Le Carnet, Erdeven et Plogoff. Pire, ils a causé l’abandon de projets de recherche sur les réacteurs à neutrons rapides: Superphénix et Astrid. Le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, comme son prédécesseur en 2007 (trouver la réf), a alerté en 2022 sur la perte de marge de manoeuvre en raison de l’arrêt de construction des centrales.

Si nous avions eu une marge de manœuvre, la crise énergétique de 2022, liée notamment aux arrêts pour corrosion sous contrainte, aurait nécessité un moindre recours aux énergies fossiles. De plus, il faut garder à l’esprit que plus d’électricité est produite, plus la France est attractive pour l’industrie intensive en électricité, ce qui permet d’éviter que celle-ci aille s’implanter dans des pays où l’électricité est moins chère et plus carbonée.

Au-delà de ce bilan désastreux, il y a des politiciens qui veulent l’aggraver. Ainsi, JLM demandait en janvier 2022, et plus largement aux présidentielles, une sortie quasi-immédiate du nucléaire.

Belgique

La Belgique est sur ce point caricaturale, ayant instauré une aide pour la création de centrale au gaz, en pleine crise énergétique et conflit ukrainien, dans le cadre de la fermeture de ses centrales nucléaires. La Commission a pu juger en août 2021 que cela ne faussait pas indûment la concurrence européenne …

Jean-Marc Nollet, vice-président des écologistes belges « Ecolo », s’est démarqué par une désinformation décomplexée. Il a par exemple affirmé en septembre 2021 qu’ils ne replaçaient pas du nucléaire par du gaz. Or, en novembre 2021, la Belgique subventionnait plusieurs réacteurs d’appoint (au fioul ?) Electrabel.

Idem pour sa collègue, Tinne Van der Straeten, alors ministre de l’énergie, qui affirme en décembre 2021 que « les constructions de nouvelles centrales à gaz en Belgique ne vont pas augmenter les émissions de CO2 ».

Dans un documentaire, un écologiste admet que l’impact de la sortie du nucléaire n’avait pas été sérieusement étudiée.

Une revue des arguments (fallacieux) sur la sortie du nucléaire belge: https://twitter.com/LebergerCyril/status/1470714662626992133

États-Unis

Plusieurs États américains ont fermés des centrales nucléaires: Massachussets, New York et Pennsylvanie. Dans ces trois états, les émissions de GES ont augmentées.

La fermeture de la centrale nucléaire d’Indian Point dans le sud de l’État de New York, pendant l’été, peut se voir imputer une augmentation de l’usage du gaz dès l’hiver.

Prises de position explicites

Il y a eu une multitude de prises de position explicites.

Les institutions autrichiennes se sont illustrées par plusieurs remarques sans ambiguïtés. Ainsi, sa représentante à un conseil européen a demandé le 1er octobre 2021 que les pays européen opposés au nucléaires aient des normes moins sévères en termes d’émissions de CO2 que les pays ne l’étant pas. De même, en décembre 2020, la Chambre économique autrichienne a mis en garde contre des « objectifs climatiques trop ambitieux », car cela promouvrait … l’énergie nucléaire …

Greenpeace, Negawatt et Sortir du nucléaire (SdN) promouvaient le gaz comme « énergie de transition »:

  • https://twitter.com/Max__lib/status/1456206346550980615/photo/3

Le 7 novembre 2021, Marie-Monique Robin a vanté le modèle Danois qui reposerait à 75% sur les renouvelables, comme alternative au nucléaire, alors que son électricité est bien plus carbonée.

L’Allemagne a expressément expliqué qu’elle préférait le charbon au nucléaire: https://twitter.com/buchebuche561/status/1545444578735562759. Elle s’est également opposée au développement du nucléaire en Pologne en décembre 2022. (2)

Reporterre a célébré en mars 2016 la sortie du nucléaire de l’Allemagne : « Cinq ans après Fukushima, l’Allemagne sort sans trop de mal du nucléaire ».

Jean-Marc Nollet, vice-président du parti écologiste belge, « Ecolo », a expliqué en décembre 2021 (2), sur la chaine LN24, que la construction de centrales à gaz n’était « pas grave », car ils pourraient échanger des quotas de production de carbone avec d’autres pays.

Enfin, dans un contexte plus festif, mais qui dit beaucoup de choses sur ce mouvement: un festival du 26 aout 2021 se vantait de ne pas utiliser d’énergie nucléaire, mais de l’électricité venant d’un panneau solaire … et d’un groupe électrogène au diesel.

Le cas Greenpeace

L’exemple allemand

Le parti pris profossile se traduit clairement à travers le fait de prendre pour exemple la « transition » allemande.

Aymeric Caron a clairement dit, en mars 2023, en réagissant à l’abrogation de l’objectif de 50% de renouvelables, que c’était un scandale et « qu’on devrait au contraire suivre l’exemple de l’Allemagne. »

Benoït Praderie avait également prix l’Allemagne pour exemple en mai 2021: « Pas de quoi être fier. L’Allemagne installé en 2 mois ce que installons en 1 ans. Toujours aussi loin des objectifs. »

Il y a évidemment eu Paul Neau le 1er juillet 2021 (entre autres): « En juin 2021, le premier moyen de production d’électricité en Allemagne (pays de 83 millions d’habitants) a été  …le solaire avec 20,6% (et ~8 TWh) ! (les énergies renouvelables sont à 48,3%) ». Notez au passage une habile désinformation: en distinguant houille et lignite, deux types de charbon, il cache le fait que c’est bien ce dernier la principale source d’énergie, avec 27,5% de la production …

L’objectif: les EnR, pas le bas carbone

Le parti pris profossile ressort également de la focalisation sur un moyen (les EnR) et non la fin (la décarbonation). On l’a surtout vu à travers la « stratégie » mise en place par Macron de diversification du mix énergétique français, visant 50% d’énergie nucléaire, et ses engagements excessifs en termes d’énergie renouvelable, qui ont conduit la France à récolter une amende européenne …

Cela ressort également d’une lettre de plusieurs ONG antinucléaires faisant pression le 14 décembre 2022 pour obliger un objectif en pourcentage d’énergie renouvelable.

Cela a par exemple été exprimé par Yannick Jadot lors de la présidentielle 2022: « ForumDesPossibles | “Notre détermination est claire. Nous développerons les #ENR, nous sortirons du #nucléaire en garantissant que chaque famille et que chaque entreprise ne manquent pas d’#électricité.” #Energie💡 ».

On l’a vu également à travers les réactions des écologistes à l’annonce du rapport RTE présentant comme possible l’hypothèse d’un mix 100% renouvelable, avec des présupposés techniques importants et 10Md€ de surcout par année par rapport à l’hypothèse utilisant du nucléaire. Alors que dans une logique de stratégie bas carbone, la réponse logique serait d’écarter cette option, les écologistes ont au contraire sauté sur l’occasion pour dire qu’on pouvait ainsi « sortir du nucléaire ». (Ex: Mathieu Orphelin et Lucie Etonno ;

Enfin, une rétrospective historique est intéressante: Mitterrand aussi parlait, dans son débat avec Valéry Giscard d’Estaing en 1981, de diversifier le mix énergétique de la France, notamment … avec du charbon … Il parlait également d’économies d’énergie (ce qui est logique: c’est une belle idée et elle n’engage à rien).

Jean-Marc Jancovici l’a mis en évidence sur la communication française autour de l’éolien marin, en 2021.


Pour aller plus loin: