Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Entre les abeilles et l’agrochimie, l’Europe tarde à choisir ».


C’est « à un comité technique inconnu du public », le SCOPAFF (Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed), « que revient le choix cornélien de choisir les nouvelles règles d’autorisation des pesticides. » Ce choix serait à faire entre « les abeilles et les insectes pollinisateurs d’une part, et l’industrie agrochimique de l’autre ».

Les discussions entre États membres et la Commission pour le changement de l’évaluation des risques des pesticides « piétinent derrière les portes closes du comité d’experts. »

L’association Pollinis conteste le refus de la Commission européenne de lui fournir « une série de documents détaillant les débats entre États membres autour de l’adoption de ces nouveaux tests réglementaires. » Selon le délégué général de l’association, « L’opacité d’un tel système est simplement antidémocratique. C’est un rêve de lobbyiste. »

Foucart rappelle ensuite les lacunes des procédures d’évaluation, qui avaient été relevées par l’EFSA en 2013. Les NNI auraient ainsi pu passer les tests d’homologation et seraient les principaux suspects dans l’érosion des pollinisateurs. Ce laxisme dans les tests réglementaires se mesurerait à la perte annuelle de 30 % des colonies d’abeilles et à l’effondrement rapide de l’entomofaune.

Une étude publiée en 2017 par Plos One montrerait en effet que « la quantité d’insectes volants a chuté de plus de 75 % entre 1989 et 2016, dans une soixantaine de zones rurales d’Allemagne, représentatives de la plupart des paysages d’Europe occidentale dominés par les activités humaines. » (Hallman et coll. 2017) Ces chiffres n’impressionneraient guère le SCOPAFF.

En effet (?), les réactions des États membres aux lignes directrices proposées par l’EFSA seraient disparates. La position de la France, si elle s’affirme comme étant favorable aux nouveaux tests, serait ambiguë, les pesticides à base de sulfoxaflor ayant été autorisés par l’ANSES « sur la foi de tests obsolètes ». Une « analyse d’impact menée par les industriels et publiée en juillet sur un échantillon de quelques dizaines de molécules, « 79 % des usages de tous les herbicides, 75 % des usages de fongicides et tous les usages de 92 % des insecticides » ne franchissent pas les tests de toxicité chronique prévus par les lignes directrices de l’EFSA. »