30. 29 mai 2017 : « Mais où sont passés tous les insectes ? »
Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.
Je relate ici les propos du journaliste dans « Mais où sont passés tous les insectes ? » ».
Le déclin des insectes se manifesterait par le fait que les pare-brises des automobiles, même les moins aérodynamiques ne soient plus salis par les impacts des insectes au fil de la route.
La science a « toutes les peines du monde à quantifier cette discrète disparition », toutefois une étude publiée par Science a justement porté sur ce sujet.
En 1989, des entomologistes de la Krefeld Entomological Society (Hallman et coll. 2017) ont posé une série de pièges dans une zone humide, la réserve naturelle d’Orbroich Bruch (Allemagne) et quantifié la quantité d’insectes capturés. Le même dispositif en 2013 a capturé une masse d’insectes 80 % inférieure. L’itération de l’opération en 2014 a trouvé des résultats semblables. Les principaux suspects, selon cette étude, seraient les NNI. Leur utilisation serait défendue par les agrochimistes qui commercialisent ces produits au motif qu’ils seraient importants pour nourrir l’humanité.
Pourtant, la raréfaction de l’entomofaune serait aussi un problème pour les agriculteurs, comme l’a montré une étude publiée fin avril par la revue Arthropod-Plant Interactions. Trois chercheurs de l’université d’Helsinki ont observé que la navette, un oléagineux proche du colza, voyait ses rendements décroître depuis 1993. On en récoltait alors en Finlande 1,7 tonne par hectare contre 1,2 aujourd’hui. Ce serait dans les zones où l’usage de NNI aurait été le plus intense que la perte de rendements aurait été la plus forte. Au contraire, les cultures insensibles à la raréfaction des insectes, comme l’orge et le blé, ne souffriraient pas de ces chutes de productivité. (Hokkanen et coll. 2013)
Selon Vincent Bretagnolle et Bernard Vaissière, s’il ne s’agit que d’une corrélation. Toutefois, les auteurs finlandais écrivent « seule l’adoption des insecticides néonicotinoïdes en traitement de semences peut expliquer la baisse de rendements dans plusieurs provinces [finlandaises], et au niveau national pour la navette, par le biais d’une perturbation des services de pollinisation par les insectes sauvages ».
Foucart conclut :
« Malgré un dossier de plus en plus indéfendable, les fabricants de ces substances sont bien décidés à les défendre bec et ongles devant le régulateur européen, pour les maintenir à toute force sur le marché. Une intense campagne de lobbying est en cours à Bruxelles et au parlement de Strasbourg – son issue sera très intéressante. »