Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Pourquoi les pesticides sont bien l’une des causes du déclin des oiseaux ».


Dans cet article, il défend la responsabilité des pesticides, et surtout des NNI, dans le déclin des oiseaux annoncé par les études du CNRS et du MNHN de l’article précédent (43). Cette thèse aurait en effet été critiquée, notamment dans une chronique Europe 1 du 28 mars. Il reprend et conteste plusieurs allégations.« Les chercheurs n’ont pas démontré le lien de causalité avec les pesticides. »

Les études en question n’étaient pas destinées « à chercher des liens de causalité ». Affirmer que les pesticides ne seraient pas responsables du déclin des oiseaux serait donc une « erreur logique ».

En revanche, d’autres études établiraient un lien fort entre pesticide, comme

  • l’étude publiée en 2014 dans Nature montrant que la « chute des populations d’oiseaux insectivores était bien liée à la concentration d’insecticides néonicotinoïdes dans l’environnement (aux Pays-Bas en l’occurrence) », même à des concentrations très faibles (20 ng/l d’eau de surface).
  • Des chercheurs de l’ONCFS auraient documenté des intoxications d’oiseaux granivores par des semences enrobées de NNI.

« De faibles doses de pesticides ont peu d’impact et ces intrants pèsent trois à quatre fois moins dans le déclin des oiseaux que la modification de leur habitat. »

L’étude sur laquelle s’appuie cette affirmation n’aurait fait un suivi de parcelles qu’entre 2009 et 2011 et la proportion évoquée serait calculée en comparant des exploitations entre elles, ce qui serait « une donnée relative qui ne permet pas de mesurer les responsabilités partagées du déclin des oiseaux constaté depuis plusieurs décennies. »

Au contraire, plusieurs centaines d’études montreraient les effets délétères sur les invertébrés non ciblés. L’auteur prend l’exemple de deux méta-études, dont l’une conclut que les NNI « sont donc susceptibles d’avoir des impacts biologiques et écologiques négatifs à grande échelle et ce sur une vaste gamme d’invertébrés non ciblés, dans les habitats terrestres, aquatiques, marins et benthiques. »

« Il faut noter qu’en ville, les populations d’oiseaux ont aussi baissé d’un tiers. »

Si cela sous-entend que le rôle des pesticides ne serait pas déterminant, des baisses similaires ayant été enregistrées en ville, cela ne prouverait rien : cette baisse pourrait être liée à d’autres facteurs.

« La cause de la disparition des insectes reste mystérieuse, les auteurs de ce constat n’ont pas intégré ni étudié l’effet des pesticides, des changements climatiques ou d’autres facteurs. »

L’étude publiée en octobre 2017 par PloS One, observant un déclin des insectes volants en Allemagne de 76 %, permettrait justement « d’écarter les principales causes possibles sans lien avec l’agriculture. » (Hallman et coll. 2017)