Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les sols et les vers de terre ».


Le Sénat aurait adopté, le 27 octobre, les NNI pour les betteraves sucrières. En même temps, publiée en ligne fin septembre dans Agriculture, Ecosystems & Environment, une étude réalisée sur la zone atelier Plaine et Val de Sèvre montrerait l’impact des pesticides sur les sols et les vers de terre. (Pelosi et coll. 2020) Les chercheurs, parmi lesquels Vincent Bretagnolle, ont fait des prélèvements dans des zones diverses (parcelles agricoles, conventionnelles ou biologiques, prairies et haies n’ayant jamais été traitées, etc.) pour étudier la présence de 31 pesticides.

Ils auraient trouvé

  • au moins un pesticide dans la totalité des prélèvements analysés ;
  • un mélange d’au moins un insecticide, un fongicide et un herbicide dans 90 % des échantillons ;
  • plus de dix pesticides différents dans 40 % des cas.

Cette étude serait très originale, de telles données sur les contaminations étant « étonnamment rares ».

« Les quatre substances les plus fréquemment retrouvées sont le diflufenican (un herbicide), l’imidaclopride (un insecticide néonicotinoïde) et deux fongicides, le boscalide et l’époxiconazole. Au moins une de ces quatre substances est détectée dans plus de 80 % des sols analysés. »

Les chercheurs auraient également étudié les vers de terre présents dans les sols. Ils en auraient trouvé dans 155 échantillons sur 180. Ils auraient trouvé de l’imidaclopride dans 80 % des vers de terre, parfois à des concentrations d’imidaclopride faramineuses :

« « Les concentrations retrouvées sont spectaculaires : 43 % des vers de terre présentent un taux d’imidaclopride de plus de 100 ppb [parties par milliard] et 8 % en ont plus de 500 ppb », précise M. Bretagnolle. Le maximum enregistré pointe à près de 780 ppb. Soit, par exemple, une concentration presque 400 fois supérieure à ce qui est mesuré dans le nectar du colza, lorsque celui-ci est traité à l’imidaclopride. »

Cela serait le signe d’une bioaccumulation, qui pourrait avoir été ignorée par l’EFSA, qui a considéré l’imidaclopride comme « à faible risque de bio-accumulation ». Les chercheurs auraient aussi trouvé d’autres pesticides dans les lombrics, l’ensemble présentant pour eux « un risque de toxicité chronique élevé ». Ce serait également inquiétant à une échelle plus large, notamment, par exemple, pour les oiseaux se nourrissant desdits lombrics.