9. 3 mai 2013 : Les insecticides Gaucho, Cruiser et Poncho enfument la ruche

Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Les insecticides Gaucho, Cruiser et Poncho enfument la ruche ».


Toujours à propos de la même annonce de la Commission européenne (probable suspension au 1er décembre des 3 NNI), S. Foucart relativise :

« saluée, le lundi 29 avril, comme une victoire par le monde apicole et les organisations de défense de l’environnement », « elle peut aussi, au contraire, être interprétée comme une cuisante défaite. »

En effet, la décision de la commission serait tardive, ce qui serait le « symptôme d’une formidable faillite des systèmes d’évaluation des risques ». Les firmes agrochimiques ne sortiraient, ainsi, « nullement perdantes de leur affrontement avec les apiculteurs et les défenseurs de l’environnement. » (sous-entendu elles auraient eu le temps de rentabiliser ?)

Les NNI auraient dû être interdits il y a de nombreuses années. En effet, ils sont « les insecticides les plus efficaces jamais synthétisés » et, utilisés en enrobage de semence, la plante les sécrète tout au long de sa vie. « Il transforme, par défaut, des millions d’hectares de grandes cultures en champs insecticides. »

Leur déploiement, au milieu des années 90 en France, aurait correspondu à une forte accélération du déclin des insectes pollinisateurs. En 2003, un groupe d’expert mis en place par le gouvernement français aurait déjà conclu que « l’imidaclopride (commercialisé sous le nom Gaucho) présentait un risque inacceptable pour les abeilles ». Pourtant, ce n’est qu’en 2013 que l’EFSA a rendu un avis condamnant les 3 NNI, sur la base duquel a été proposée l’interdiction des NNI. Ce moratoire aurait donc « une décennie de retard ». Il serait en outre limité, ne concernant que certains NNI et certains usages (ex : l’utilisation pour les blés d’hiver resterait autorisée).

Cette inertie serait notamment liée à certaines « expertises », comme celle de l’AFSSA de 2008, « reprenant à leur compte, parfois dans des conditions d’intégrité discutables, la vulgate des agrochimistes : les troubles des abeilles étant « multifactoriels », les nouveaux produits phytosanitaires n’y joueraient aucun rôle déterminant. »