Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Les insecticides Gaucho, Cruiser et Poncho enfument la ruche ».


Toujours à propos de la même annonce de la Commission européenne (probable suspension au 1er décembre des 3 NNI), S. Foucart relativise :

« saluée, le lundi 29 avril, comme une victoire par le monde apicole et les organisations de défense de l’environnement », « elle peut aussi, au contraire, être interprétée comme une cuisante défaite. »

En effet, la décision de la commission serait tardive, ce qui serait le « symptôme d’une formidable faillite des systèmes d’évaluation des risques ». Les firmes agrochimiques ne sortiraient, ainsi, « nullement perdantes de leur affrontement avec les apiculteurs et les défenseurs de l’environnement. » (sous-entendu elles auraient eu le temps de rentabiliser ?)

Les NNI auraient dû être interdits il y a de nombreuses années. En effet, ils sont « les insecticides les plus efficaces jamais synthétisés » et, utilisés en enrobage de semence, la plante les sécrète tout au long de sa vie. « Il transforme, par défaut, des millions d’hectares de grandes cultures en champs insecticides. »

Leur déploiement, au milieu des années 90 en France, aurait correspondu à une forte accélération du déclin des insectes pollinisateurs. En 2003, un groupe d’expert mis en place par le gouvernement français aurait déjà conclu que « l’imidaclopride (commercialisé sous le nom Gaucho) présentait un risque inacceptable pour les abeilles ». Pourtant, ce n’est qu’en 2013 que l’EFSA a rendu un avis condamnant les 3 NNI, sur la base duquel a été proposée l’interdiction des NNI. Ce moratoire aurait donc « une décennie de retard ». Il serait en outre limité, ne concernant que certains NNI et certains usages (ex : l’utilisation pour les blés d’hiver resterait autorisée).

Cette inertie serait notamment liée à certaines « expertises », comme celle de l’AFSSA de 2008, « reprenant à leur compte, parfois dans des conditions d’intégrité discutables, la vulgate des agrochimistes : les troubles des abeilles étant « multifactoriels », les nouveaux produits phytosanitaires n’y joueraient aucun rôle déterminant. »