Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Les poissons sont aussi victimes des insecticides « tueurs d’abeilles » ».


Une étude de chercheurs japonais menés par Masumi Yamamuro publiée le 31 octobre par Science étudie l’effet des NNI sur la pêche. (Yamamuro et coll. 2019) L’introduction de l’imidaclopride dans les rizières de Shimane en 1993 aurait effondré la capture de deux espèces commerciales importantes : l’anguille japonaise et le wakasagi.

Les captures de wakasagi sont passées de 240 tonnes avant 1993 à 22 tonnes les années suivantes. Celles d’anguilles sont passées de 42 tonnes à moins de 11. Les chercheurs auraient suivi les concentrations en imidaclopride sur 20 ans et suivi l’évolution d’abondance des petits organismes aquatiques. Ils ont observé que les populations d’arthropodes aquatiques se sont effondrées la même année que l’introduction en 1993 de l’imidaclopride.

Cette chute aurait causé celle des populations d’anguilles et de wakasabi, qui se nourrissent de ces organismes. Ce lien serait validé par le fait qu’une autre espèce se nourrissant non d’invertébrés, mais de microalgues, n’aurait pas été affectée au cours de la période étudiée.

Foucart rappelle deux études conduites par Caspar Hallman (et coll. 2014), qui auraient montré en 2014 une association « entre les concentrations en imidaclopride dans les eaux de surface de l’ensemble du territoire néerlandais avec, d’une part, l’abondance d’invertébrés aquatiques (larves d’insectes, etc.) et d’autre part la vitesse du déclin de passereaux exclusivement ou partiellement insectivores. » Des concentrations de plus 20 µg/l seraient corrélées avec un déclin moyen des populations de ces oiseaux de 3,5 % par an, soit une réduction de moitié en deux décennies.