Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Le gouvernement va réintroduire les insecticides « tueurs d’abeilles » ».


Suite à l’épidémie de jaunisse de la betterave transmise par une infestation de pucerons (Myzus persicae), le ministère de l’Agriculture a annoncé, le 6 août un plan d’aide à la filière prévoyant notamment des dérogations permettant l’usage de NNI. Ces derniers, aussi appelés « tueurs d’abeilles », avaient pourtant été interdits par la loi sur la biodiversité de 2016.

C’était « une des principales revendications des betteraviers, d’autant que d’autres pays européens dérogent eux aussi à l’interdiction. » Franck Sander, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) aurait estimé la perte pour les planteurs à 150 à 200 millions d’euros.

François Veillerette, directeur de Générations futures dénonce « un recul inacceptable qui montre que ce gouvernement plie aisément sous le poids des lobbys de l’agrochimie et de l’agriculture industrielle, et a renoncé à être le leader de la lutte contre les insecticides tueurs d’abeilles en Europe ».

Le ministère affirme qu’il n’y aurait pas d’alternative. Selon l’ITB, il y aurait des alternatives, mais elles seraient soit trop toxiques pour les auxiliaires, soit des substances ne persistant pas suffisamment et demandant donc des passages plus fréquents.

Le ministère justifie sa décision également au motif que les betteraves ne produiraient pas de fleurs avant récolte, limitant leur impact sur les pollinisateurs. Toutefois « un grand nombre de travaux conduits ces dernières années ont montré que l’impact des néonicotinoïdes utilisés en enrobage de semences pouvait être indirect », notamment par contamination durable des sols.

Fait surprenant, la betterave bio aurait été « peu ou pas touchée par la jaunisse » :

  • Loïc Tridon, chargé d’études au sein de l’organisation régionale de l’agriculture bio (Hauts de France) observe que les parcelles de betteraves bio de la région « ne sont presque pas concernées par ce problème ». « On ignore pourquoi, c’est peut-être lié à la taille des parcelles ».
  • Victor Charlot, conseiller technique au Groupement des agriculteurs bio d’Île-de-France, estime que les dommages liés à la jaunisse de la betterave sont, dans les exploitations bio, « très limités » dans sa région.