Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « En Europe, le déclin des abeilles frappe lourdement les pays du Nord ».


Les abeilles seraient des « insectes pollinisateurs indispensables à 84 % des végétaux cultivés en Europe ».

Le déclin des abeilles n’aurait pas été précisément étudié, ce qui a été fait avec l’étude « Epilobee ». Elle montre que les pays du nord de l’Europe ont les taux de mortalité les plus élevés : 42,5 % (Belgique), le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %), contre 9,1 % pour la Grèce, 7,6 % pour l’Italie et 16,3 % pour l’Espagne.

Lors de la saison apicole, c’est pour la France que la mortalité serait la plus élevée au cours de la saison apicole : 13,6 %, contre moins de 10 % dans tous les autres pays étudiés.

L’étude financée par l’UE et pilotée par l’ANSES a mobilisé >1300 inspecteurs ayant visité à 3 reprises entre 2012 et 2013 près de 3300 ruchers totalisant 32 000 colonies d’abeilles. Ils ont relevé les mortalités et la présence des principaux pathogènes de l’abeille comme les parasites varroa ou nosema. Néanmoins, ils n’ont pas mesuré la présence de pesticides. Le terme est absent du rapport de 30 pages rendu :

« Cette étude est un peu étrange, ironise l’apidologue David Goulson, professeur à l’université du Sussex (Royaume-Uni). Ils dépensent plus de 3 millions d’euros pour étudier la santé de l’abeille et ne mentionnent même pas le mot “pesticide” ! »

Selon l’apidologue Gérard Arnold, directeur de recherche au CNRS, le choix de ne pas relever de résidus de pesticide serait « politique, pas scientifique. » Gilles Salvat, directeur de la santé animale à l’ANSES répond que le coût de telles analyses aurait été prohibitif.

Les résultats excluraient la responsabilité des seuls pathogènes naturels dans les mortalités élevées, les maladies ne touchant qu’une faible proportion de ruches (en France, 1,5 % pour la loque américaine, 1,2 % pour le varroa et moins de % pour le nosema).

Il serait également dommage que l’environnement des ruches ne soit pas décrit, ce qui interdit « la recherche de liens éventuels entre les mortalités et les types d’agriculture pratiqués près des ruches. »

Enfin, le fait que seule la mortalité ait été retenue minimise la gravité de la population, ne prenant pas en compte l’affaiblissement des colonies.