Christian Vélot chez France Soir: la révélation antivaxx

Christian Vélot est une des grandes figures du CRIIGEN et du mouvement anti-OGM. Si ce dernier est relativement proches des antivaxx, il a néanmoins évité de s’en rapprocher pendant le covid. Néanmoins, plusieurs membres du CRIIGEN vont adopter un discours public clairement antivaccin.

C’est notamment le cas de Christian Vélot lors de plusieurs entrevues qu’il a accordées à France Soir. Son impact et celui de ses collègues a été tel que TF1 a publié le 7 septembre 2021 un article questionnant: Que sait-on du Criigen, ce comité de recherche souvent cité en exemple dans la sphère anti-vaccins ?

29 juin 2021: le 1er interview France Soir

Le premier interview France Soir, donné par Christian Vélot au micro de Xavier Azalbert, a un titre éloquent: « Ne faisons pas un remède pire que le mal ».

  • Le virus serait « nouveau » et « inquiétant par certains aspects », un même foyer infectieux pouvant donner des symptômes très différents. Il aurait été interpelé par le fait que « pour lutter contre un virus qui nous réserve énormément d’incertitudes, on aie recours à des technologies pour lesquelles on a pas de recul. On ajoute à l’incertitude et à l’imprévisibilité d’un virus, l’incertitude et à l’imprévisibilité d’une technologie. »(8’06-9’20)
  • Il ne faudrait pas se « fermer les portes », ce qu’on aurait fait en écartant « d’un revers de la main » les remèdes du Professeur Raoult, qui serait « le plus grand » virologue de France et défend l’hydroxychloroquine, qui n’aurait « jamais tué personne« , mais condamne l’utilisation de Remdesevir. « Tout ça » ne serait pas rationnel mais s’expliquerait par du politique, de l’économique, du conflit d’intérêts. (10’20-12′) On est en pleine rhétorique complotiste.
  • Notez qu’on retrouve la rhétorique des pseudo-alternatives: « Moi je ne sais pas si l’hydrochloroquine couplée à l’azytromicine est vraiment une solution, je sais pas si l’ivermectine est vraiment une solution. En tous cas, je pense qu’on a écarté tout ça d’un revers de main un peu trop rapidement et que ça mériterait qu’on s’y intéresse de beaucoup plus près. Parce que mettre tous ses oeufs dans le même panier qu’est celui du vaccin, et bien, on va y revenir, j’ai peur qu’on aille dans le mur et j’ai peur qu’on ait pas de stratégie de rechange. » (12′-12’30’) Il va continuer à défendre l’hydroxychloroquine, affirmant qu’il aurait fallu des essais, monitorer les personnes qui étaient sous ce médicament, que ça aurait été « facile » …
  • Il n’y aurait pas assez de recul pour les vaccins à protéine recombinante (19’30 ») et encore moins pour les « vaccins génétiques » (21’30). Il y aurait notamment un risque qu’un morceau d’ADN vienne s’insérer dans un chromosome de la cellule réceptrice (28’50 ») Il prétend qu’il aurait fallu s’assoir avec lui autour d’une table pour discuter de ce risque (30’50 »)
  • « En science, c’est une stupidité de chercher le consensus, parce que l’histoire des sciences nous a montré que c’est parfois celui qui, tout seul, pensait d’une certaine manière qui pouvait avoir raison. […] En science, il faut le dissensus. » (31’30 »)
  • On est allé « trop vite » en abrégeant les essais cliniques sur les vaccins (34′-36’30). Il reprend ensuite son discours sur les variants, prétendant que le coronavirus mute essentiellement par recombinaison et que les vaccins peuvent favoriser cette dernière (44’30) et qu’il faut limiter le vaccin (44’30-48′) Il déploie globalement un bullshit pour insinuer une différence inique de traitement, une hypocrisie.(48’30)
  • à 53′ il y a le passage qui fera l’objet de la publication suivante.

Finissons avec un échange très intéressant :

  • Azalbert: « Quand on vous écoute, vous êtes légitime, vous êtes sachant, comment se fait-il que le gouvernement ne vous écoute pas ? Comment se fait-il qu’en France on ait des scientifiques comme vous de renom, qui donnent l’impression de connaître son sujet, de le maîtriser, d’avoir une approche de bon père de famille […] ça parait aberrant qu’on ait cette connaissance et qu’on ne l’utilise pas. »
  • Velot: « Oui c’est une question et je ne fais que le déplorer. Face à la crise qui est celle-ci […], on pourrait faire appel à toutes les compétences, se mettre autour de la table et discuter. A priori il faut surtout des compétences en épidémiologie, en virologie, que je n’ai pas d’ailleurs, mais que Raoult soit exclu est un non sens. On devrait pouvoir discuter tous ensemble et mettre des gens qui ont des avis contradictoire … justement, c’est ça qui est intéressant. Or, on se retrouve dans la même situation que celle que je connais bien par exemple, de [l’EFSA], ou les agences d’évaluation de manière générale, où cohabite des gens qui pensent tous de la même manière. Et quand vous avez par exemple quelqu’un à l’EFSA qui quitte l’agence de sécurité alimentaire c’est lui qui suggère son remplaçant et donc on a une consanguinité parfaite et on n’a pas du tout une représentation, je connais bien par rapport à la question des OGM, et bien le panel OGM de l’agence de sécurité alimentaire, ce sont tous des scientifiques qui pensent tous de la même manière. Ce n’est pas une représentation de la diversité de pensée qu’il y a dans le monde scientifique. […] Et là on ne l’a pas dans le conseil scientifique qui conseille le gouvernement, on n’a que des gens qui pensent de la même manière et qui balayent d’un revers de main tous ceux qui pourraient émettre la moindre critique, en disant « ce sont des antivaxx », bon ben voilà, « ce sont des antivaxx, ce sont des complotistes et voilà » je ne peux que le déplorer et le constater, et bien sur tout le monde marche dans le même sens. Dès lors que quelqu’un apporte une question critique, et bien on va nous dire « non non c’est absolument faux », mais sans argumenter.  » (1h -1h03’30)

Ce passage est particulièrement intéressant pour comprendre l’importance du relativisme dans la pseudo-écologie: cela permet de rendre acceptables des propos qui ne le sont pas et d’élever une désinformation, comme celle des anti-OGM, au même niveau que le « vrai » discours scientifique, et de faire du « dialogue » quelque chose qui a une sorte de vertu intrinsèque. C’est un moteur pour justifier l’entrisme et qui a notamment merveilleusement fonctionné pour permettre aux organisations anti-nucléaires d’incruster des débats interminables et diffuser leur désinformation.

On a déjà une large part de l’argumentaire antivaxx.

16 juillet 2021: extrait

Le 16 juillet 2021 est publié un court extrait de l’interview précédent où Christian Vélot s’attaque plus spécifiquement à la vaccination des jeunes: « Vacciner les jeunes, pourquoi c’est une mauvaise idée, par Christian Vélot« .

Il affirme clairement « vacciner massivement en période de pandémie est une erreur » parce que les vaccins entraineraient une sélection en défaveur de la souche d’origine, ce qui favoriserait l’apparition des variants. (1’20-2’10) Il va jusqu’à comparer le vaccin aux antibiotiques, qui, supprimant les bactéries non pathogènes laisseraient le champ libre aux bactéries pathogènes.

Ces deux interviews permettent de mieux comprendre le communiqué de Jean-Paul Bourdineaud au nom du CRIIGEN le 29 juillet 2021. On voit clairement que sa prétention à « ne pas être antivaccins » est ridicule.

11 décembre 2021: 2e interview France Soir

Le second interview est publié le 11 décembre 2021. Il commence assez fort, Christian Vélot affirmant ne pas avoir la preuve que le vaccin diminue le nombre de morts (2′). Il affirme également que le vaccin ne protège ni de la contamination, ni de la contagion et reprend son argument précédent, à savoir que les vaccinations massives laisseraient la voie lire aux variants en se basant sur des études sur des élevages de poulets. Au passage il déclare que les élevages de poulets sont des « camps de concentration dans des élevages intensifs » (4′). (4′- 40) Il regrette qu’il n’y ait pas eu de débat avant la campagne de vaccination. On retrouve ainsi l’accusation de refuser le dialogue. (5’20)

Parmi les divers arguties:

  • il va prétendre qu’en science, un consensus n’est pas une bonne chose (8′);
  • va prétendre qu’une étude montrant qu’il n’y aurait pas de corrélation entre la vaccination et le profil d’évolution de l’épidémie serait la preuve que les vaccins ne seraient pas efficaces (8’25);
  • il va prétendre qu’il y a un deux poids deux mesures entre le traitement des vaccins à ARNm et les vaccins « classiques », comme le chinois et le russe ou encore dans l’arrêt du soutien à Valneva (14′-14’40).
  • il ne faudrait pas vacciner les personnes qui ne sont pas vulnérables vis-à-vis du virus, comme les jeunes (29’30)
  • la suspension des soignants non-vaccinés serait « une honte » (35′-37′)
  • Il va tisser un lien entre le covid et les perturbateurs endocriniens (40′-):
    • Il prétend que « la plupart des OGM agricoles sont fait pour absorber des pesticides », dont la plupart seraient des perturbateurs endocriniens (42′)
    • « La covid n’est pas un virus tueur, c’est un virus qui porte l’estocade finale pour des gens fragiles »et ces personnes seraient fragiles parce qu’elles seraient victimes de maladies environnementales (45′)
    • La covid toucherait plus les classes populaires, parce que c’est là qu’il y aurait des personnes fragiles, victimes de la malbouffe, de produits dégueulasses … (47′) […] « dans la malbouffe il y a des perturbateurs endocriniens, dont beaucoup sont obèsogènes » (48’10)
    • « La vraie question ce n’est pas la covid, la vraie question c’est la fragilité globale de la population provoquée par toutes ces maladies environnementales » (49′)
    • Divers délires complotistes (50′) puis une myriade de râleries disparates, stoppons ici.

Il donne énormément de discours pseudo-scientifiques. Globalement il se revendique de la science, prétend avoir la « vraie » démarche scientifique alors que le gouvernement suivrait une simple doxa (38′-40′). Il reconnait ne pas avoir le pass sanitaire (45’30).

Conclusion

Ainsi Christian Vélot a, ici, clairement embrassé le mouvement antivaxx, même s’il refuse de l’admettre explicitement.