Pesticides: la désinformation contre les agences sanitaires
Les agences sanitaires très souvent attaquées par la désinformation pseudo-écologiste sur les pesticides. Elles sont, en fait, la cible principale: la diabolisation des industriels sert à cibler, ensuite, les agences qui les laisseraient faire.
Le cœur de la désinformation va concerner l’utilisation des études industrielles, présentées comme étant à la discrétion des industriels. Voici un excellent résumé, écrit par plusieurs associations environnementalistes:
La plupart des gens croient que le système réglementaire les protège contre l’exposition à des produits dangereux. Plus précisément, de nombreuses personnes supposent que les régulateurs effectuent ou commandent des tests indépendants sur les pesticides pour vérifier qu’ils sont sûrs. Ces personnes sont choquées d’apprendre qu’afin de réaliser leur évaluation, les régulateurs et agences à travers le monde lisent des études de toxicologie commandée par l’industrie – études classées comme secrets commerciaux et qui ne sont généralement pas publiés, ce qui signifie que les scientifiques indépendant ne peuvent pas évaluer leurs données, leur interprétation, et les conclusions tirées d’elles.
Un autre point serait que les agences donneraient, en soi, moins d’importance aux études académiques.
Les études industrielles pas indépendantes
Les études industrielles sont présentées, étant commandées ou réalisées par l’industrie, comme n’étant pas fiables, comme si l’industrie pouvait déterminer leur issue.
L’intégrité des laboratoires
Tout d’abord, il faut noter que les laboratoires indépendants sont, comme leur nom peut le laisser suspecter, indépendants. Lorsque vous allez chez MacDonald, vous ne gagnez pas un pouvoir sur eux parce que vous leur achetez des burgers. On pourrait imaginer que les industriels seraient plus enclins à aller vers des laboratoires donnant des résultats favorables, mais il faudrait faire une vraie étude pour l’affirmer. C’est d’ailleurs ce qu’on peut suspecter dans le cas du laboratoire Biocheck, ayant réalisé les glyphotests et étant dirigé par une militante anti-glyphosate, Monika Krüger, présentée par ses alliés comme ayant créé son laboratoire POUR détecter le glyphosate dans les urines. (article en cours de rédaction) Néanmoins, c’est possible en raison du caractère très spécifique de son positionnement (utiliser des tests ELISA pour tester du glyphosate), il n’est pas acquis que ce soit possible partout. Cela supposerait aussi qu’aucun de vos employés ne vous dénonce et vous fasse perdre votre agrément.
. J’avais d’ailleurs posé la question à Eugenia Pommaret, alors directrice de l’UIPP (maintenant Phyteis), qui m’avait répondu du tac au tac:
« – Du coup, si un laboratoire essayait de faire plaisir aux industriels pour ramener plus de contrats, il serait sanctionné ?
– Je pense que ce sont des risques qu’aucun laboratoire ne prendrait. Parce que c’est son accréditation qui est en jeu. »
Il y a la même logique pour les laboratoires internes: il suffirait qu’un employé parle pour ruiner la dissimulation.
Les Bonnes Pratiques de Laboratoires
Néanmoins, le vrai garant, c’est le respect des Bonnes Pratiques de Laboratoires (« BPL », Good Laboratory Practice, « GLP » en anglais).
Les études BPL suivent un protocole extrêmement lourd et ne peuvent pas être stoppées. Le fait de les respecter ou non est défini au début et ne peut être changé] Tout est enregistré automatiquement et en aveugle : lorsqu’un opérateur enregistre une prise de sang, par exemple, il ne sait pas si c’est le groupe contrôle ou non. En outre, chez les industriels, il y a plusieurs services impliqués : le laboratoire, qui conduit l’étude ; le « sponsor », qui demande l’étude ; et le « service assurance qualité », indépendant du sponsor et du laboratoire. Bref, c’est verrouillé de plusieurs façons.
Les industriels peuvent aussi faire des études « normales », qui n’ont pas vocation à être présentées aux agences. Elles sont utilisées savoir quels protocoles choisir pour les études BPL. En effet, si vous testez une dose trop petite ou trop grande, l’opération n’a pas vraiment d’intérêt. Par exemple, une étude « est-ce que se baigner dans le glyphosate est dangereux ? » aurait un intérêt relatif, vu que personne n’est censé faire ça. Celles-ci peuvent être librement arrêtées, notamment parce que leur valeur probante est limitée.
La présentation trompeuse de ces études est donc, en fait, du complotisme, insinuant que tous les nombreux acteurs de la conception de ces études pourraient être achetés par l’industrie et se taire. Surtout, elle repose sur le fait que le grand public n’a pas la moindre idée de ce que je viens de vous présenter.
Différence de résultats avec les études académiques
Pour faire passer cette désinformation, les pseudo-écologistes vont utiliser un argument de bon sens: « regardez, les études industrielles donnes des résultats favorables à l’industrie alors que les études académiques non ! » Cela a été largement utilisé dans le cas du glyphosate.
Cela peut s’expliquer très simplement: les études académiques n’ont aucun contrôle et peuvent suivre les protocoles qu’elles souhaitent. On a pu l’observer à travers les publications de Gilles-Eric Séralini ou encore avec des études comme celle de Hallman et al. (2017). Or, il est plus facile d’être publié si on a une révélation choquante. Beaucoup d’études vont donc surdoser l’exposition pour montrer un effet toxique.
En outre, de nombreux chercheurs sont des militants actifs et l’Université est globalement très perméable au militantisme pseudo-écologiste. S’il y a un problème d’indépendance, il est là.