Cette page fait partie du corpus d’articles (annexe 1) utilisés pour écrire le livre Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes.

Je relate ici les propos du journaliste dans « Les néonicotinoïdes sont des substances trop efficaces et trop persistantes pour que leur usage puisse être contrôlé ».


Barbara Pompili avait alerté en 2016 que « les études scientifiques s’empilent » pour montrer les dangers des NNI envers, non seulement les abeilles, mais aussi notre santé et l’environnement en général.

« Promu par les milieux de l’agro-industrie, repris par le ministre de l’Agriculture, répercuté par des journalistes et multiplié à l’infini sur les réseaux sociaux par des milliers de petites mains, un unique élément de langage est venu balayer tout cela. Nul ne l’ignore plus : « Une abeille, ça ne va pas butiner dans les champs de betteraves. » »

Néanmoins, les NNI seraient trop dangereux et trop persistants pour être contrôlés, notamment en raison de leur solubilité dans l’eau. C’est ce qu’auraient notamment montré des chercheurs japonais en 2019.

Foucart rappelle les résultats de l’étude de Yamamuro et coll. (2019), qu’il avait déjà présentée dans son article du 31 octobre 2019 (59). Il appuie beaucoup sur la faible quantité d’imidaclopride à laquelle ont été exposées les populations aquatiques étudiées et l’ampleur des effets. Cette étude aurait 3 enseignements :

  • « Le premier est qu’une quantité négligeable de néonics appliquée à l’échelle d’un grand territoire peut avoir un effet catastrophique […]. » ;
  • « Le second enseignement est un corollaire immédiat du premier : aucune confiance ne peut être accordée aux systèmes d’évaluation réglementaire des risques environnementaux. Une faillite de cette magnitude est simplement impardonnable. »
  • Enfin, « l’effondrement du lac Shinji montre que des innovations techniques – les néonics en l’occurrence – peuvent avoir des effets négatifs qui, bien qu’énormes, peuvent demeurer longtemps sous le radar sans être documentés. L’absence de preuve, la difficulté ou l’impossibilité d’administrer la preuve sont, en creux, interprétées comme autant de preuves de l’absence d’effets délétères. »

Le journaliste conclut :

« Ainsi, pendant tout ce temps, si les pêcheurs du Shinji s’étaient plaints à leur ministre de tutelle des pratiques de leurs voisins riziculteurs, on leur aurait sans doute répondu avec assurance que leurs inquiétudes étaient infondées. C’est bien connu : « Les poissons, ça ne va pas butiner dans les rizières. » »