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Vandana Shiva à ChangeNow (26/03/2024)

ChangeNow, une sorte de conférence rassemblant des politiciens, des entrepreneurs (dont plusieurs très gros profils comme le PDG de Saint-Gobain) et des activistes, a mis à l’honneur Vandana Shiva le 26 mars 2024.

Comme vous le savez sans doute, cette personne a joué une part importante dans la désinformation sur l’agriculture depuis plusieurs dizaines d’années. Elle se caractériste par un discours d’une violence indéfendable et d’un complotisme évident. Elle s’est distinguée avec la crise du Covid comme fervente antivaxx. Le prix annoncé de ses interventions laisse penser qu’elle vit confortablement de ses mensonges.

La présentation

Pourtant, l’animatrice la présente comme une sainte: « La femme que nous allons accueillir est un exemple pur de désobéissance désintéressée pour la Terre, pour la justice, pour la liberté de tous les humains. Elle a dédié sa life depuis son jeune âge à la science, elle est un docteur en physique quantique, à la défense de la nature. Elle a combattu dur pour protéger les sols et pour protéger l’origine même de la nourriture naturelle (?): les semences. Et pour justice, femmes et paysans dans le monde entier regardent vers elle, parce qu’elle a donné des ailes à ceux dont les droits ont été ignorés et parce qu’elle est une pionnière de l’action pour la nature. […] S’il vous plait, faites un accueil chalereux au docteur Vandana Shiva. » (1’22-2’54)

Ce seul passage est honteux:

  • Il monte au pinacle une personne qui n’a jamais fait qu’exploiter sans vergogne l’écologie au détriment de l’environnement et des populations. Rappelons que son lobbying au Sri Lanka a été à l’origine d’une grave crise agricole dans ce pays.
  • Il la présente comme doctoresse en physique quantique, ce qui est absolument faux, elle est doctoresse de philosophie et lui donne du « docteur », comme si n’importe quel doctorat le justifiait.

Il s’inscrit en fait dans la mythologisation : il s’agit de créer l’apôtre des divinités pseudo-écologistes. Ici, on en distingue plusieurs: les sols, les « semences à l’origine de la nourriture naturelle » et la justice. On voit aussi les victimes autorisées : les femmes et les paysans.

Intermède de glorification délirante

L’animatrice continue de starifier l’imposteure : « Vous avez dédié votre vie à vous lever pour ce qui est juste en terme de sécurité alimentaire et de santé des sols entre autres sujets, même si cela signifiait résister à la loi. Une conviction vous a guidée tout du long et elle vous a été inspirée par le principe Gansan de la force de vérité, Satiagara, vous le prononcerez mieux que moi, s’il vous plait parlez nous en. »

Sa réponse est décousue et ne répond pas du tout à l’animatrice: « Bien sûr, en tant qu’enfant d’une Inde libre, nous sommes devenus libres par euh notre mouvement d’indépendance euh, nous étions une colonie Britannique euh, mais 80% du monde a été colonisé par les Britanniques et, euh, parmi les nombreux instruments que Gandhi a mobilisé contre, et l’a dit avec beaucoup d’honnêteté : « je n’ai pas inventé ces instruments, j’ai trouvé comment la société reste démocratique et libre » et pour lui l’un des principaux principes est qu’une loi injuste qui retire les libertés fondatrices d’être humain, d’être vivant sur cette belle généreuse planète, ces lois doivent être enfreintes. Il n’est pas possible de coopérer avec elles, parce qu’elles signifient la fin de la vie et la fin de la liberté. Il a mis en oeuvre pour la première fois quand, en Afrique du Sud, il créèrent un nouveau système de division des peuples par race. Le première tentative a été faite sur les Indiens et le mot créé plus tard pour la séparation des noirs fut apartheid – « separatedness ». Mais nous sommes une seule humanité « knitted in our earthiness and our humanness ». Et le Sa[??] qui dura de 1906 à 1911 en Afrique du Sud fut un appel qui disait « nous sommes tous des êtes humains, vous n’allez pas nous traiter comme moins, vous n’allez pas nous donner des licences à montrer n’importe quand, dès qu’un policier nous approche, nous ne sommes pas illégaux. Nous sommes des citoyens légaux de cette terre » et quand il revint en Inde en 1915, parmi la clé Satuagra, il y avait le sel, satyagra [??], où les Britanniques voulaient monopoliser le sel. Alors il [Gandhi ?] marcha sur la plage et attrapa du sel de la mer [?] et dit « la nature nous le donne gratuitement, nous en avons besoin pour notre survie. Nous continuerons à faire du sel et nous n’obéirons pas vos lois. »

Alors pourquoi glorification délirante ? Car cela n’a aucun sens, aucune logique, à part la génération d’éléments de langage qui vont générer une réaction émotionelle. Il s’agit, en fait, d’invoquer des associations d’idées par assimiler sa démarche à celle de Gandhi, présenté comme un saint homme.

On note sa dimension autoritariste, construisant le droit d’enfreindre la loi si elle « signifie la fin de la vie et la fin de la liberté », ce qui est un discours qui se raccroche à l’anticapitalisme, pour quoi le capitalisme signifie effectivement la fin de la vie et de la liberté.

Désinformation sur la génétique agricole

Elle enchaîne : « Quand dans les années 80 et 90 des entreprises ont pensé qu’elles pouvaient déclarer qu’elles étaient maintenant les créateurs de la vie. Ils dirent à un meeting, c’était en France en 1987, j’avais été invitée à un meeting sur les nouvelles technologies, et ils ont dit « à partir de maintenant, nous devons redéfinir la vie comme notre invention, de sorte à ce que nous puissions monopoliser les semences pour faire des lois pour empêcher des fermiers de garder des semences. Et j’ai dit « mais vous n’inventez pas la semence, vous pouvez mettre un gène à l’intérieur, mais mettre un meuble dans un bâtiment ne fait pas de vous l’architecte. Et les OGM ne peuvent pas être interprétées comme le déménagement de Dieu, « nous allons maintenant être interprétés comme créateurs et nous allons prélever une rente sur le paysans et nous allons les pousser dans la misère et créer un monopole sur les semences, la base de la vie, la source de la vie. Et c’est le jour où j’ai décidé que je travaillerai avec mon gouvernement et parlement pour m’assurer que nos lois reconnaissent que nous sommes les parties d’une famille de la Terre. Et nos lois sur les brevets prévoient, dans l’article 3J, « plantes, animaux et semences ne sont pas des inventions humaines et ne peuvent donc pas être brevetées. [applaudissements] Une autre loi reconnaissant que 99.9% des croisements ayant été faite par les fermiers, et après les entreprises ont les ont manipulé vers l’uniformité et on mis un gène toxique de résistance au Roundup, de toxine BT. Ce n’est pas créer la semence. Les droits des fermiers doivent être reconnus, donc nous avons écrit une loi sur les droits des fermiers. Mais, mais j’ai fait le voeu que, même si nous n’avions pas réussi, nous n’aurions pas obéi, parce que sauver les semences est notre devoir, partager les semences est notre devoir et le plus haut devoir écologique de continuer la vie sur Terre est un devoir plus important que d’obéir une loi grossière écrite par cinq entreprises pour faire de l’argent d’un monopole sur les semences. C’est pour quoi obéir la loi la plus élevée et désobéir à la loi de l’avarice, la loi de l’injustice, la loi de la violence est un devoir humain. » (6′-8’23 »)

Je pourrais séparer ce discours en paragraphes, mais ce format traduit mieux le côté fleuve improvisé, brinquebalant de ce discours, l’impression de désordre qui en émerge. Ici, elle allègue plusieurs éléments historiques dont il serait intéressant de vérifier la véracité:

  • Les entreprises auraient souhaité « redéfinir la vie comme notre invention » dans un meeting en 1987 auquel elle aurait participé.
  • Elle aurait participé à la rédaction (« nous avons écrit ») d’une loi prévoyant l’imbrevetabilité des animaux et des plantes.

Il y a par ailleurs un double standard évident: si « sa » loi n’avait pas été retenue, la loi « aurait été écrite par 5 entreprises », mais le fait qu’elle aurait participé à écrire cette loi n’était pas problématique. En somme, si le Parlement n’avait pas pris sa loi, cela aurait signifié qu’il était la marionnette de ces entreprises.

Ce passage se caractérise par une extrême diabolisation des entreprises développant des OGM, qui voudraient appauvrir les paysans et les mettre sous leur coupe et enfreindraient une sorte de loi divine. On voit bien ici l’importance de la création d’une mythologie autour de la nature pour désinformer. Cette diabolisation permet, par rebond, de détruire le lien républicain, la soumission à la loi : on aurait le droit de « désobéir » à cette loi diabolique.

Ensuite, il y a une intense désinformation sur la génétique agricole :

  • La volonté de « breveter le vivant » est une désinformation récurrente. C’est parfaitement stupide, car ce qui existe déjà ne peut pas être inventé. Cette fable dure depuis plusieurs dizaines d’années, si elle avait la moindre véracité, cela se saurait.
  • Si les agriculteurs ne veulent pas utiliser une variété, ils ont toute liberté pour en utiliser une autre.
  • Il y a déjà une banque de semences qui existe pour préserver le plus de variété possible. Je ne crois pas que Vandana Shiva y participe d’une quelconque façon.

Surtout, et c’est ce qui est le plus évident : l’innovation génétique en agriculture ne se résume pas aux OGM.

L’agriculture elle-même se définit par l’innovation génétique: la sélection de variétés qui permet, en faisant perdre certains caractères aux plantes, comme la toxicité (ex: tomates), les piques et les poils à la surface des graines ou la maturation asyncrone, les rendent « domestiques ». (voir mon article ci-contre)

Les « bonnes lois »

L’animatrice lui a demandé ce qui ferait une bonne loi.

« Je pense que les trois critères basiques faisant qu’une loi est bonne, particulièrement une loi qui est supposée soigner la Terre et régénérer ses processus écologiques, le premier est qu’elle doit être une loi faite en conformité avec les loi de la Terre et ces lois sont connues : le cycle nutritionnel, le cycle hydrologique, le cycle du carbone, ce sont tous des signes établis. Nous avons juste à les suivre. »

De quelles « lois » parle-t-elle ? Comment pourrait-on faire une loi qui ne serait pas en « conformité » avec la biologie, la physique ? Ici on voit le risque autoritaire qu’il y a derrière ces discours : elle est totalement libre de définir ces choses comme elle l’entend, et donc de définir ce qu’on peut enfreindre ou non (cf le passage précédent).

La simplicité et l’évidence sont un autre des aspects central de la pseudo-écologie : on sait bien, on l’a d’ailleurs toujours su, on aurait déjà commencé à agir sans l’action malhonnête des entreprises, « il n’y a plus qu’à« . Tout doute est une trahison. C’est un point que j’avais relevé à propos de la désinformation de S. Foucart sur les néonicotinoïdes.

« Le second principe, bien sûr quand il s’agit de peuple, est que le peuple doit participer. Vous ne pouvez pas faire de loi sans la participation du peuple, parce même avec les meilleures intention, elles finissent par être dictatoriales et seront rejetées. »

Ici, on a l’idéalisation de la démocratie directe, qui fait partie de la mythologie pseudo-écologiste et la diabolisation de la démocratie représentative qui serait nécessairement dictatoriale.

Mais le troisième plus important est de regarder autour de soi et voir, je veux dire, vous êtes rassemblés à ChangeNow. Exemples venant de chaque coin du monde. J’ai pratique pendant 50 ans la soutenabilité écologique et pendant 40 ans une soutenable, juste, biodiverse agriculture qui produit plus de nourriture, régénère la Terre et récompense les fermiers. Ces exemples sont là. Regardez ces exemples, ne soyez pas aveugles à pratiquer des systèmes qui fonctionnent pour la terre, qui fonctionnent pour les fermiers, qui fonctionnent pour les consommateurs.

On retrouve le thème de la simplicité et de l’évidence: les solutions seraient déjà là, parmi eux (elle flatte son audience au passage). Implicitement, ce thème sert de levier à la diabolisation complotiste: c’est en raison d’une faute, d’une dissimulation des entreprises que ces solutions bénéfiques pour tous ne fonctionneraient pas.

D’ailleurs, j’ai juste fini un livre à propos du future à propos duquel vous me questionnez et vous l’aurez tous d’ici quelques mois, portant sur comment nous pouvons faire une transtion pour plus de justice sociale, parce que malheureusement l’age du pétrole a été l’âge de la grande inégalité, l’âge des Robber Barons, les années 1930, la grande dépression, le Dust bowl et tout cela ensemble. Et nous voyons une situation similaire maintenant, donc nous savons besoin de regarder à ce dont a besoin la Terre et ce que les êtres humains ont besoin, ce qui est la manière la moins dommageable de satisfaire les besoin humain. La science est là, les pratiques sont là, la loi doit suivre, la loi doit suivre cela.

L’animatrice conclut « That’s amazing thank you. »

Ici, on voit la la jonction entre la pseudo-écologie et l’anticapitalisme. On retrouve également ce thème des « solutions déjà là » qu’elle répète depuis le début. Toutefois, on a un élément en plus: le blocage, ce serait la loi …

Les forêts et l’écoféminisme

La partie suivante porte sur une histoire de forêt.

– Les forets ont été une des sources de votre activisme. Les femmes ont été un canal dont la force et la sagesse sont venus vous avez dit. j’aimerais vous entendre à propos du mouvement Chipco que vous avez tellement supporté. Parce que, même si cela fait plusieurs années depuis leurs principales victoires, j’ai l’impression que nous continuons d’avoir besoin de Chipco dans tous les coin forestiers du monde. Comment l’écoféminisme est la force motrice du changement ?

– Dans un sens, cette question est liée aux précédentes. Parce que Chipco, qui veut dire enlacer (hug), était une action qui était dans une certaine mesure une désobéissance civile contre une loi et une pratique forestière qui traitait la forêt comme des bûches pour le profit. Le bûcheronnage de ces forêts, de ces fragiles forêts, vous savez l’Himalaya est pentu, nous avons la mousson, la pleine poussée (thrust) de la mousson, quand la pluie est déposée et .. euh, sans la forêt, la seule protection, sans la forêt, cela amenait des glissements de terrain une saison, de sécheresses une autre saison. Et c’était les femmes qui ont compris ce qui était en train de se passer, parce que au début des années 70, il avait un terrible désastre, appelé le désastre d’Alaka, quand, après la coupe d’une forêt, une montagne entière s’effondra et des villages furent emportés, des pont furent emportés, donc lorsque des personnes revinrent couper la forêt de la montagne, les femmes les arrétèrent et elles dirent nous allons embrasser les arbres.

Elles n’ont jamais eu à effectivement embrasser les arbres, parce qu’elles ont déclaré et des centaines viendraient camper dans la forêt. Et elles dirent ces forêts sont nos mères, ces forêts nous donnent de l’eau, du sol et de l’air pur. Elles ont fait une belle action que je dois partager avec vous, parce que je trouve ça inspirant. Les femmes sortirent avec des lanternes pendant la journée dans la forêt dont la coupe était planifiée. Bien sûr, la police était là, l’administration était là, basiquement pour les arrester. Mais aussi pour leur dire « Pourquoi sortez vous des lanternes pendant la journée ? » et elles dirent « Les lanternes ne sont pas pour le soleil, les lanternes sont pour vous, par ce que vous êtes aveugles aux cadeaux de la forêt.

Vous pensez que ce sont juste les esprits des prophètes bûche et revenus (??), mais de ces forêts nous obtenons notre eau, des racines de ces chênes nous abreuvons notre soif (??), de ses forêts et de leurs racines, le sol est tenu ensemble, prévenant les glissements de terrain et plus important, elle dirent, ils nous donnent notre air pur, notre respiration vient des arbres, de la forêt. Vous voulez les détruire ? Nous ne vous laisserons pas les détruire. Nous aimons ces forêts, elles sont notre foyer, nous allons les embrasser. » Et pour moi, la combinaison de résistance et de désobéissance civile contre une économie de l’avarice et extraction avec le plus grand act d’amour et d’embrassade (?). Ca devint mon inspiration pour la vie, donc j’ai embrassé les semences, j’ai embrassé les rivières, j’ai embrassé des gens quand ils étaient écrasés et marginalisés et aujourd’hui j’aimerais donner un appel à vous tous: nous avons besoin de gardiens partout.

Cette histoire s’inscrit dans la mythologie pseudo-écologiste, avec la forêt, comme l’eau, comme avatar de la « Nature ». Elle raconte une histoire, ajoutant divers détails dont on peut douter de la véracité, qui a vocation de servir d’exemple, de mythe. On voit les gentils, femmes pauvres agricultures, et les méchantes forces capitalistes. Elle va prendre appui sur ce mythe pour, comme le font toutes les religions, promouvoir une morale générale. La dimension mythologie et son intérêt apparaît clairement dans le passage suivant.

Les gardiens : appel à l’action

Les gardiens dans les montagnes où les femmes dont la ferme était liée à la forêt. Les gardiens de la terre, agriculture signifie la culture de la terre, le soin de la terre. Nous avons besoin de gardiens pour la terre. Et mes recherches et mon travail ces 40 dernières années a montré que les petites fermes produisent plus, que les fermes biodiverses produisent plus, les femmes agricultrices, parce qu’elles doivent produire plus avec moins, produisent plus, produisent plus avec plus de biodiversité, mais sur moins de terre. Et l’esprit de travailler avec la Terre, de soigner la Terre, de nourrir la Terre, ce qui est la vraie agriculture, ce qui est le vrai « earthkeeping ». Et à ce point, nous sommes à un bassin versant (??), nous ne pouvons même pas définir pour nous mêmes ce que nous sommes. Nous avons oublié que nous faisons partie de la Terre (rit). Nous nous sommes mis à penser que la Terre devait être subjuguée, que la Nature devait être subjuguée, que nous sommes supérieurs par une arrogance anthropocentrique. Et l’écoféminisme est vraiment une énorme et profonde correction. Il se débarasse de l’anthropocentrisme. Nous faisons partie de la Terre, nous faisons partie de la famille de la Terre et les femmes et les hommes ne sont pas inégaux et la terre n’est pas un objet à être exploité. Plus important, à travers ces mouvements, nous réalisons que notre vocation la plus élevée maintenant, le plus haut changement doit être un changement de la domination, de l’extraction, du monopole, de la possession vers l’amour, le soin, le partage des cadeaux de la Terre. Et mon expérience, mes recherches et ma pratique m’ont montré au fil des année que le plus nous soignons (care), et le plus nous partageons, le plus nous avons. Le plus nous prenons, le moins il y a pour la plupart. Quelques personnes obtiennent beaucoup, mais qu’est-ce que les milliardaires vont faire avec tous ces trillions de dollars ? Et s’accaparer la nourriture et les semences et la terre et l’eau ?

Le discours, déjà pas super articulé, devient erratique. On note plusieurs choses, dans l’ordre :

  • L’appel à l’action général, qui va être utile pour l’écosystème. L’audience réceptive va vouloir être « gardien » de la montagne, de la terre, etc. avec les associations de son choix. Elle rend, ainsi, service à son écosystème.
  • La référence à son travail. Même si elle n’a rien produit (ce qui est logique, ce n’est pas une chercheuse), elle prétend tout de même s’appuyer sur la science, avec ses « recherches » qui démontreraient quelque chose. C’est un élément important de l’imposture pseudo-écologiste: prétendre faire partie des « sachant » et s’appuyer sur « la science ».
  • Son idéalisation des « petites fermes », a fortiori tenues par des femmes, est délirante et participe au discours sur les pseudo-alternatives agricoles. Les pseudo-écologistes ont besoin de « petits » agriculteurs, qui sont dépendants d’eux et n’ont pas les connaissances et/ou le temps pour être une force d’opposition. Surtout, ils ont besoin d’agriculteurs qui soient des victimes.
  • On retrouve le point commun que j’avais observé entre Alice Coffin (pseudo-féministe) et Eric Zemmour (politicien mysogine) : l’attribution de caractéristiques innées aux femmes. Ici, elles seraient meilleures agricultrices.
  • Son discours sur le fait qu’on fasse tous « partie de la terre » sert à produire du consentement, même si c’est une idée parfaitement vide et creuse.
  • On retrouve l’accusation d’anthropocentrisme, très chrétienne au fond (« notre vie devrait être centrée sur Dieu, par sur nous »), qui fait un pont avec les antispécistes.
  • Sont ensuite énoncés les « vices » (avarice, etc.) et les « vertues » (soin, amour, etc.) de cette religion. Cette dernière est présentée comme le but le plus élevé. On voit bien avec ce langage de propagande la logique totalitaire sous-jacente : ils veulent définir des valeurs plus importantes que tout pour couper l’audience de son système classique d’incitation, puis qu’elles soient suffisamment floues pour pouvoir les modeler selon leurs souhait et, ainsi, manipuler cette audience déracinée.

Enfin, on retrouve le thème purement anticapitaliste, avec des milliardaires qui auraient des trillions de dollars et souhaiteraient « s’accaparer la nourriture et les semences et la terre et l’eau ».

Agriculture et maladie

La suite va relier agriculture et la maladie, ce qui est en fait un pont entre la pseudo-écologie et l’écosystème fakemeds – antivaxx.

Donc nous avons besoin de régénérer la campagne avec plus et plus de petits fermiers. Et je sais tellement de jeunes personnes qui veulent cultiver. Ils veulent être capable de prendre soin de la terre, ils veulent être les médecins du terrain (the land) et des personnes, parce que nous savons maintenant que les racines de la maladie viennent d’un mauvais système alimentaire. Le même système qui nous donne 50% des gaz à effets de serre nous donne 75% des maladies chroniques. Et un soin fermier attentif (careful farming care) pour le sol, soin pour la biodiversité, c’est là que nos obtenons l’alimentation nourrissante, riche en nutrition, pas des produits nutritionnellement vide et toxiques, qui vont nourrir notre corps. Et notre microbiome intestinal est en miroir du microbiome du sol. Nous ne pouvons pas enfreindre cette loi. Le plus nous le faisons, plus la Terre devient malade, plus nous devenons malades. Et le vrai changement doit être cette aliénation de la Terre et les lois de la Terre euh … le changement doit être de l’avarice infinie et la croissance infinie à une croissance dans la limite des lois et les limites de ce que la Terre a fait pour nous.

On note plusieurs choses:

  • On retrouve le thème de la régénération, cette fois des campagnes (ce qui est plus large que « les sols »).
  • On continue avec l’embrigadement, elle vend avec zèle son modèle, où ces jeunes seraient « médecins » en faisant ce qu’elle dit.
  • La diabolisation de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaires par l’exagération de leur bilan carbone: les estimations les plus larges comptent environ 30% avec le transport et l’aspect industriel, pas 50%.
  • Seconde diabolisation : l’imputation des maladies chroniques à ce système, et pas aux habitudes alimentaires, à la sédentarité, etc. C’est évidemment absurde et on voit mal comment elle pourrait sortir ce chiffre, notamment en raison du nombre de maladies chroniques, comme l’asthme, qui n’ont simplement rien à voir avec l’alimentation.
  • On continue l’approche mythologique avec une « Terre » qui serait « malade », la santé des sols qui est présentée comme un autre de ses avatars, un autre de ses organes.

Les questions et réponses

Pour la prochaine fois ^^